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Gabon, les choix du futur

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Au moment où nous mettons ces lignes sous presse, tout le Gabon est dans l’attente. Les uns espérant la confirmation des événements déclenchés mardi dans la nuit. Les autres redoutant un renversement définitif du Président Ali Bongo Ondimba. Durant la campagne électorale de fin août dernier, des pancartes avaient été brandies, proclamant : «60 ans ça suffit !». 60, comme le nombre d’années de pouvoir cumulées par les Bongo Ondimba, père et fils. Des militaires ont décidé qu’il fallait tourner la page.
Il restera à voir l’évolution d’une situation à plusieurs inconnues. Il restera à voir le degré d’adhésion des Gabonais à cette audacieuse initiative qui semble s’inspirer de scénarios mis en acte en Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, en Guinée, au Niger et au Mali, des juntes militaires sont en place après avoir renversé des régimes souvent démocratiquement élus. Le Burkina Faso a même enregistré deux coups d’Etat en une année !
Nous, en Afrique Centrale, semblons nous insinuer dans une vague résolument affirmée en Afrique de l’Ouest : iconoclaste, parfois populiste, prônant un renversement des tendances et notamment des liens anciens et solides avec la France, ancienne puissance coloniale. Samedi 26 août dernier, près de 900.000 électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir leurs élus locaux, leurs députés et élire leur Président de la République. Les résultats ont été balayés du plat de la main par la junte militaire en installation.
Internet coupé, couvre-feu instauré, accusations de tricheries de part et d’autre : rien de spécial, parce que rien de nouveau sous le soleil d’Afrique ! Tout comme n’est pas nouveau le fait que du côté de l’opposition, surtout, on a clamé la victoire avant l’heure. Sous les slogans de «60 ans, ça suffit», Albert Ondo-Ossa, le candidat de l’opposition, a réfuté balaye du revers de la main les accusations de complot qui pèsent sur lui.
Car, dans les scénarios habituellement présentés dans nos Etats, l’opposition gabonaise a tranché cette fois en se mettant d’accord sur un candidat unique. Albert Ondo-Ossa joue de sa superbe, en face d’un Président Ali Bongo diminué par 14 années de pouvoir et par la maladie mais toujours combattif. Des pratiques habituelles auxquelles s’ajoute ce coup d’Etat au cœur de l’Afrique.
Un enregistrement audio des deux principales figures de l’opposition a fuité. Ondo-Ossa et Barro Chambrier y parlent de recourir à des forces extérieures si le camp des Fangs n’était pas déclaré vainqueur cette fois. Le Gabonais soupire : «Pourvu qu’il n’y ait pas de violences comme en 2016 !». On verra si cette prière sera exaucée. Car c’est aussi la prière de toute notre région : que tout se passe dans le calme. Que le Gabon fasse les choix de son futur et ne se laisse pas entraîner dans la surenchère facile. Que le Gabon redevienne le pôle de stabilité au cœur d’une Afrique qui en a tant besoin. Nous y gagnerions tous.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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