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MEMOIRE : Il y a cinquante ans, Mgr Emile Biayenda était élevé à la dignité cardinalice

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Le ministre Sianard lui décerna la médaille de commandeur dans l’ordre du mérite congolais

Dans ce numéro, nous replongeons nos lecteurs sur le sens à donner à cet événement important de l’histoire de l’Eglise catholique au Congo. S’il était encore vivant, le cardinal Emile Biayenda aurait célébré le 2 février dernier, le 50è anniversaire de son élévation à la dignité cardinalice. Cinquante ans déjà! C’est le vendredi 2 février 1973 que le Pape Paul VI le créait cardinal à 46 ans, le plus jeune d’Afrique noire francophone et le tout premier dans l’histoire de la jeune Eglise catholique du Congo avec seulement trois évêques pour trois diocèses: NN.SS Georges Firmin Singha (Owando), Jean-Baptiste Fauret, spiritain (Pointe-Noire) et Emile Biayenda (Brazzaville).

A son arrivee a laeroport Maya Maya il est accueilli par le maire de Brazzaville et le ministre des affaires etrangeres
A son arrivée à l’aéroport Maya Maya, il est accueilli par le maire de Brazzaville et le ministre des affaires étrangères

Pour un pays avoisinant un million d’habitants pour 400 mille chrétiens catholiques. Le décret papal signé le 18 janvier 1973 a été rendu public depuis Bangui par Mgr Tagliaferri, délégué apostolique du Pape. C’était une nouvelle inattendue pour la chrétienté congolaise en général, et Brazzavilloise en particulier, pour l’élévation d’un fils du Congo, originaire des pays de Mpangala. Surprise également pour l’intéressé, car il a appris la nouvelle au téléphone ce vendredi 2 février au matin depuis Bangui, en République Centrafricaine, de retour de Vinza où il s’était rendu pour les obsèques de son père biologique Albert Semo dia Mboma. Puis le nouveau cardinal reçut du Pape la lettre officielle qui lui adressait les félicitations et lui annonçait son admission au Sacré collège des cardinaux. «Cher fils, salut et bénédiction apostolique. Par ces lettres nous portons à votre connaissance que dans notre prochain consistoire vous serez agrégé au Sacré collège des Eminentissimes cardinaux; ceci afin de témoigner à votre personne de notre spéciale bienveillance et de marquer par le don de cette insigne dignité vos mérites au service de l’Eglise. Nous vous accordons de tout cœur notre bénédiction apostolique dans le Seigneur. Du Vatican le 18 janvier 1973, la dixième année de notre Pontificat. Paul XI, Pape».
Aussitôt la bulle de création publiée, le nouveau cardinal s’est empressé d’en faire part au président de la République Marien Ngouabi. Un dîner fut offert en son honneur le même jour, en présence de quelques membres du Bureau politique du Parti congolais du travail, parti Etat, pendant que le marxisme-léninisme battait son plein.
Le Pape lui imposa la barrette cardinalice le 5 mai de la même année, à Rome. De retour à Brazzaville le 9 mai, la chrétienté lui réserva un accueil chaleureux. A son arrivée à l’aéroport international Maya Maya, il était accueilli par le ministre des Affaires étrangères, Charles David Ganao qui avait à ses côtés le Maire de Brazzaville, Lambert Ngalibaly. Dimanche 20 mai 1973, avec la pluie qui s’était abattue dans la ville, le stade Félix Eboué fut transformé en marécage. Le cardinal recevait les hommages de la chrétienté et du peuple congolais au cours d’une messe solennelle à laquelle avaient pris part le cardinal Joseph Malula, archevêque de Kinshasa, en République du Zaïre; NN.SS Georges Firmin Singha, évêque d’Owando; Jean-Baptiste Fauret, évêque de Pointe-Noire; Moke, évêque auxiliaire de Kinshasa; Tagliaferri, délégué apostolique; Benoît Gassongo, évêque émérite d’Owando; Auguste Roch Nkounkou, prélat de Sa Sainteté. Le gouvernement était représenté par le ministre de l’intérieur, Charles Maurice Sianard, qui lui décerna, au nom du président de la République, la médaille de commandeur dans l’ordre du mérite congolais.
Quatre ans seulement de cardinalat, il a ordonné sept prêtres, dont le père Ernest Kombo de la Congrégation des jésuites le 8 juillet 1973 en la Basilique Sainte-Anne et l’abbé Anatole Milandou le 23 juin 1974 en l’église Sainte Monique de Kinkala. Le cardinal Emile Biayenda est assassiné le mardi 22 mars 1977 sur la colline de Djiri qui porte aujourd’hui son nom, après son enlèvement par trois personnes venues le chercher à l’archevêché à bord d’une jeep militaire. 46 ans après sa disparition tragique, l’Eglise du Congo prie pour sa béatification et sa canonisation. Aujourd’hui, il aurait atteint 96 ans d’âge.
Né le 17 mai 1927 à Malela-Bombé, petit village de Mpangala, district de Kindamba, région du Pool, Emile Biayenda avait pour catéchiste Théophile Mbemba qui deviendra plus tard le premier archevêque congolais de Brazzaville. Il sera baptisé le 7 mai 1938 à la paroisse Saint Théophile de Kindamba. Le jeune Emile Biayenda fit ses études primaires à la mission catholique de Kindamba, de 1937 à 1942, et à Boundji dans la région de la Cuvette, de 1942 à 1944. Ses études secondaires au petit séminaire Saint-Paul de Mbamou, de 1944 à 1950. En octobre 1950, il entre au grand séminaire Libermann de Brazzaville pour les études de philosophie et de théologie, jusqu’en 1959. Après son ordination sacerdotale le 26 octobre 1958, il occupe successivement les fonctions de vicaire de la paroisse Sainte-Marie de Ouenzé, de 1958 à 1962 et de curé de la paroisse Jean-Marie Vianney de Mouleké, de 1962 à 1965. De 1960 à 1965, il a été responsable diocésain de la Légion de Marie.
En octobre 1965, il part en France pour les études supérieures à la Faculté catholique de Lyon jusqu’en 1969, sanctionnées par une Licence en théologie et un Doctorat en sciences sociales. Rentré au pays en mai 1969, il est nommé vicaire de la paroisse Saint Esprit de Moungali. Le 18 février 1970, il est nommé vicaire épiscopal, chargé des œuvres d’apostolat et commissions diocésaines. Le 7 mars 1970, il est nommé par le Pape Paul VI, archevêque titulaire de Garba et coadjuteur de Brazzaville avec droit de succession de Mgr Théophile Mbemba. Il est Sacré à Rome le 17 mai de la même année par Mgr Sergio Pignedoli, secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. C’était en présence de Mgr Tagliaferri, délégué apostolique à Bangui (RCA).
Qu’est-ce qu’un cardinal?
Le vocable cardinal vient du latin cardo. Le cardinalat est une institution millénaire de l’Eglise catholique depuis le moyen âge occidental qui désignait les cardinaux comme les principaux conseillers du Pape. Depuis l’an 1179, le 3è Concile du Latran a fait d’eux des électeurs du Pape. Les cardinaux ont la responsabilité suprême de l’Eglise. Ils sont choisis par le Souverain Pontife en raison de leur générosité au service de l’Eglise, du peuple de Dieu et de leurs mérites exceptionnels. Les cardinaux forment autour du Pape un collège de consulteurs pour l’assister dans sa tâche de pasteur. Certains d’entre eux résident à Rome où ils sont responsables des différents ministères ou gouvernement de l’Eglise que l’on appelle les dicastères de la curie romaine. Les autres cardinaux résident dans leurs diocèses respectifs en communion avec l’évêque de Rome (Pape) en leur confiant la direction de certaines affaires importantes. A sa création, chaque cardinal reçoit une église dans la ville de Rome. Dans cette église, est disposé un portrait du cardinal et lors de son passage à Rome, il peut y célébrer les offices comme dans sa cathédrale. Les cardinaux sont les potentiels candidats à la responsabilité suprême de l’Eglise. A la mort du Pape, tous les cardinaux âgés d’au moins 80 ans se réunissent en conclave à Rome pour élire le nouveau Pape. Le Pape est le successeur de Pierre.

Pascal BIOZI KIMINOU

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