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Sénégal : de justesse !

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Ouf ! L’avènement de M. Bassirou Djomaye Faye vient clore un feuilleton qui, par moments, avait des accents de cauchemar. Le Sénégal, phare de la démocratie en Afrique, vient de se rétablir de justesse et de reprendre son rang. En organisant in extremis des élections impeccables qui ont ouvert une porte propre de sortie au président Macky Sall. En reconnaissant sa défaite et en félicitant son successeur en toute sportivité, ce pays d’Afrique de l’Ouest remonte en estime dans l’esprit de tous.
Phare de la démocratie africaine depuis 1963, il a stoppé tout net la désespérance de ceux qui le voyaient glisser vers la dérive habituelle des régimes africains qui ne se reconnaissent aucun frein. Le Président Macky Sall a tergiversé pour confirmer qu’il obéirait à la Constitution et ne briguerait pas le troisième mandat que lui interdisait le texte fondamental. Il a tergiversé pour annoncer la date de la campagne électorale. En toute chose, il a donné l’impression de traîner les pieds et de se faire prier.
L’opinion africaine était inquiète: Macky Sall courait le risque de sortir de l’Histoire par la petite porte. Mais l’élection de dimanche dernier est venue rendre toutes ces appréhensions vaines. Mais il s’en est fallu de peu! Dans une région ouest-africaine qui compte quatre régimes putschistes, la résistance du Sénégal aux coups d’Etat devenait une nécessité pour le symbole. Notre Continent ruse très souvent avec la démocratie. Il met en place des coquilles vides, quitte à les présenter pour des chaînons marquant des séquences nécessaires.
Une page est tournée, une autre va s’ouvrir. Le nouveau président du Sénégal est jeune. Il a été porté au pouvoir par un réel enthousiasme de la jeunesse. La crainte est que le régime ne continue de tenir cette vague porteuse pour le soubassement solide sur lequel s’appuiera sa politique pour les 5 prochaines années. L’enthousiasme se dissipe bien vite devant une jeunesse en quête de perspective. L’appel de la rue se fait malheureusement plus pressant et nous avons vu bien des héros recevoir des œufs pourris lorsque cessait la force d’attraction de la nouveauté.
Des défis attendent le Sénégal, dont le premier sera de voir quel espace se concéderont M. Bassirou Faye et M. Ousmane Sonko, le mentor. Frappé d’inéligibilité, celui-ci a dû se mettre de côté pour laisser la place au numéro 3 de leur parti. Cinq ans à donner du «Mr le Président» à celui que l’on traitait il y a de cela une semaine seulement en subalterne, ce sera une épreuve à franchir. Reste à voir si ce sera avec élégance.

Albert S. MIANZOUKOUTA

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