Les réseaux sociaux ne disent que des mensonges; les réseaux disent ce que l’on nous cache. Deux versions d’une réalité incontournable. Deux versions qui peuvent être dans le faux ou dans l’erreur, avec des exemples pour ou contre à profusion. Brandir le seul contenu d’un réseau social pour défendre ou attaquer une cause est vain. Car, à l’image du monde mouvant où nous sommes, ce qui est véhiculé par le net au matin devient obsolète au soir.
C’est pourquoi il est inutile pour un Gouvernement de venir avec baguettes et power-points au tableau de la vérité, démentir ce qu’un réseau social aura dit. C’est donner de la consistance à ce que l’on s’évertuerait à minimiser; c’est dire à ceux qui ne savaient pas qu’un événement a eu lieu qui aurait mérité d’être porté à leur attention. Contre-productif !
D’autant que dans nos sociétés où la dissimulation de l’information, l’escamotage de la vérité et la distorsion de la réalité ne sont pas inconnues, l’opinion préfère avoir à faire à un réseau social déformateur qu’à un gouvernement proclamant qu’il dit la vérité. «Vous dites la vérité: vraiment? Maintenant ou toujours? Toujours ou de temps en temps? Un tout petit peu ou toujours en totalité?
Même dans les pays de grandes traditions démocratiques, aucun Gouvernement ne recevrait le 10/10 pointé si on devait regarder de plus près à ses annonces tonitruantes. Nous avons connu des Colin Powell nous indiquant à la baguette l’emplacement des armes irakiennes de destruction de masse. Nous avons connu des Gouvernements jurant leurs grands dieux qu’un nuage nucléaire soulevé à Tchernobyl, en Ukraine, n’avait aucune chance de franchir les Alpes.
Plus près de nous, dans l’espace et dans le temps, nous avons applaudi à une armée de RDC proclamant urbi et orbi que la rébellion ougando-musulmane était désormais «décapitée» dans l’est du pays. Mais seulement 48 heures après, les têtes qu’on dénombrait sur la paille de la brousse étaient celles des paisibles paysans à qui on avait assuré la protection définitive.
Notre propre pays se pose un peu là aussi lorsqu’il s’agit d’énoncer des vérités arrangées; de proclamer des engagements fermes de lutte contre la corruption, la gabegie ou les antivaleurs. La force de le dire est là, celle de le faire chancelante. Toujours. Les réseaux sociaux ont donc au moins le mérite de ne pas se laisser appâter au miel des promesses, même s’ils se croient obligés d’en rajouter.

Albert S. MIANZOUKOUTA