Les révolutions espérées ou redoutées ne passeront résolument pas par l’Afrique centrale. Un bien ou un mal : nos processus politiques sont d’une glaciale prévisibilité. Sans aspérité. Sans surprises. Nos processus démocratiques suivent la ligne des héritages tracés par des devanciers qui ont fait semblant d’abord, pour finir par accepter d’être candidats à une élection présidentielle à laquelle on avait auparavant promis de ne pas prendre part. Puis ils se sont installés.
Cette fois, nous sommes au Tchad. Avant le Gabon, sans doute. Le Général Mahamat Idriss Déby, président de la transition tchadienne, a fini par accepter d’être candidat de son parti et de la coalition qui le soutient à l’élection présidentielle du 06 mai prochain. Jusqu’ici, il avait assuré vouloir se tenir hors course ainsi que la majorité des acteurs qui ont animé la transition. A la mort de son père, le Maréchal Idriss Déby Itno le 20 avril 2021, Mahamat avait affirmé qu’il ne succomberait pas à l’attrait du pouvoir, il a changé d’avis.
Il sera bel et bien candidat. Et telles que les choses ont toujours fonctionné, il sera le prochain président de la République tchadienne en mai. Pas un grand bouleversement au Tchad, tout comme la déclaration de sa candidature n’a pas surpris grand monde. C’est devenu une routine en Afrique et particulièrement en Afrique centrale : les promesses les plus assurées de ne pas toucher au 3è mandat d’une Constitution, finissent par s’envoler devant la prétendue démocratique «insistance» des peuples.
Le Général Mahamat Déby dit avoir pris sa décision «après une profonde et sereine réflexion». Il dit avoir répondu à la sollicitation des Tchadiens, et rien de plus. Reste à espérer que le Gabon, où un régime de transition est installé aussi depuis août dernier, fasse différemment. On peut pourtant gagner du temps en se proclamant directement candidat. Ou même en se déclarant vainqueur de l’élection, ça ne changerait pas grand-chose.

Albert S. MIANZOUKOUTA