Home National ECONOMIE : Mettre fin aux subventions des carburants

ECONOMIE : Mettre fin aux subventions des carburants

0
Mme Korotoumou Ouattara (au milieu) entourée des économistes
Mme Korotoumou Ouattara (au milieu) entourée des économistes

La Banque mondiale a présenté, vendredi 30 juin 2023 à Brazzaville, la 10e édition du rapport de suivi économique et financier du Congo intitulé «Réformer les subventions aux carburants». Ce document préconise, entre autres mesures, la suppression des subventions aux carburants pour libérer des ressources et investir davantage dans les infrastructures.

Il propose également des mesures à mettre en œuvre à court terme pour sortir le Congo du surendettement, ainsi que des mesures pour accélérer le développement du capital humain et renforcer la gouvernance et les institutions pour diversifier l’économie et soutenir la croissance économique.
Ce rapport a été présenté auprès des partenaires économiques et financiers du Congo, à travers un atelier de dissémination ouvert et clôturé par Mme Korotoumou Ouattara, représentante de la Banque mondiale au Congo en fin de mandat.
L’exposé de la présentation a été fait, successivement, par Mme Mervy-Ever V. Vilpoux, économiste statisticienne, et Mme Marilyne Mafoboué Youbi, économiste, sous la supervision de Vincent de Paul Tsoungui Belinga, économiste principal de la Banque mondiale. Le rapport de 45 pages couvre dans sa première partie les développements macroéconomiques de l’année 2022 ainsi que les perspectives pour la période 2023-2025. La deuxième partie du rapport analyse le thème principal, proposant des options de réformes basées sur l’expérience internationale dont les autorités peuvent s’inspirer.
Pour les conférenciers, les subventions aux carburants fossiles représentent une charge budgétaire importante pour le pays et détournent les ressources d’autres utilisations tel que l’investissement dans les infrastructures ou le développement humain. Si, les subventions aux carburants visent à soutenir le pouvoir d’achat des consommateurs, et plus particulièrement celui des plus vulnérables, malheureusement, ces subventions profitent, dans les faits, aux couches les plus riches de la population. Par exemple, les 10 % les plus riches consomment respectivement 77 et 73 % du diésel et de l’essence dans le pays, tandis que les 10 % les plus pauvres en consomment moins de 1%. Le rapport souligne que l’inflation a été continue et la hausse des prix des denrées alimentaires exacerbe les difficultés socioéconomiques. Il estime que 56 % de la population souffre déjà d’une insécurité sévère et la pauvreté demeure élevée avec plus d’un Congolais.
Cette édition a donné quelques principes généraux tirés de l’expérience des pays qui ont procédé à des ajustements des prix des carburants. Parmi les mesures, il faut calibrer les ajustements de prix par produits pétroliers; adopter un mécanisme de lissage des prix qui permette de s’ajuster face à la volatilité excessive des prix internationaux; échelonner la réforme; et engager des consultations avec les parties prenantes et mener des campagnes de communication. Le rapport a illustré sur la base de l’expérience des autres pays que la diversité des mesures d’accompagnement possibles fait en sorte que les ajustements des prix des carburants soient socialement acceptables et avec un impact limité sur les couches les plus vulnérables. Il s’agit, notamment de: renforcer les filets de protection sociale; améliorer la transparence de la gestion des finances publiques; augmenter les dépenses sociales publiques; et accroître les investissements publics structurels productifs.
Mme Korotoumou Ouattara a rassuré que «l’économie congolaise devrait continuer à se remettre progressivement de la longue période de la récession récente avec le PIB qui devrait croître en 2023-2025. Cependant, les risques pesant sur les perspectives sont orientés à la hausse et comprennent, entre autres, l’incertitude sur la production pétrolière, la volatilité des prix du pétrole, et une escalade de la guerre en Ukraine et ses répercussions».

Philippe BANZ

Quitter la version mobile