Il en a fallu des tâtonnements et des tiraillements pour faire aboutir la tenue de ce dialogue à Madingou ! La capitale de la Bouenza est au centre de l’actualité nationale ; ce qu’on veut y faire au centre des débats. Comme à notre manière, ceux qui sont pour cette concertation-dialogue, ceux qui y sont invités, ceux qui en sont exclus, tous y vont chacun de leur point de vue avisé. Les tiraillements commencent dès l’énoncé même, de la nature de cette rencontre: un dialogue ou une concertation? Et qui devrait en être l’organisateur; le ministère de l’Intérieur ou le Conseil national du Dialogue, le bien nommé? Toutes ces questions sont désormais dépassées, assure-t-on. Femmes et hommes politiques de la majorité et de l’opposition reconnue, membres de la société civile, presse de son camp convergent vers Madingou.
Mais une fois éteintes les interrogations de rigueur (par exemple, pourquoi Madingou et pas Brazzaville alors que le pays ne donne plus l’impression de rouler sur l’or? Combien ça va coûter?…), la dure réalité demeure. Nous avons devant nous les exigences impérieuses qui vont demander de l’argent: par exemple ce vaccin contre la COVID-19 qui va forcément s’imposer à tous. L’élection présidentielle de mars prochain donnera lieu à des joutes qui diviseront de nouveau; mais elle sera aussi une véritable saignée financière.
Sa tenue et son résultat feront également l’objet de la contestation rituelle et d’arrangements convenus, pour la répartition des postes au sein de l’appareil. Au final, donc, on ira à Madingou comme on est allé à Ewo, Dolisie, Sibiti ou Ouesso: le cœur allègre et la poche assurée en perdiem, mais sans illusions sur la portée réelle de l’événement. Conscients quand-même qu’une parlotte de plus vaut mieux que des canonnades sur les opposants ou les frêles sièges de leurs partis. Que le début réel de la plus grande compétition politique dans le pays doit, au moins décrisper l’atmosphère.
Cela n’est pas rien dans un pays où on ne compte plus les agrandissements de cimetières à l’issue d’une élection. Que cela se passe dans la paix, implore l’homme de la rue. Car, pas plus que les précédentes élections, celles à venir ne déboucheront sur l’émergence d’une classe politique venue au pouvoir par d’autres voies que le clientélisme, le clanisme, le favoritisme et la cooptation tribale.
Avant comme après, nous aurons à faire à la même classe politique. Celle qui vient habituellement au-devant des micros s’étonner, carnet de chèque vide à la main, que les budgets soient siphonnés. Et que le Congo se range, d’année en année, dans la liste des pauvres à sébile. Qu’attend donc le FMI !

Albert S. MIANZOUKOUTA