Home Editorial Yuki, la tourmente?

Yuki, la tourmente?

0

De quelque manière qu’on les prenne, les tiraillements au sein du Parti des humanistes et démocrates Yuki n’annonce rien de bon pour personne. Le parti fondé par Guy-Brice Parfait Kolélas n’arrive pas à retrouver sa cohérence et son allant deux années après la disparition du chef. Entre les légitimistes, les réformateurs et les fidèles de la tradition, les inspirés et les calculateurs, cette formation traverse la bourrasque promise à toute formation politique congolaise bâtie sur la figure tutélaire d’un charismatique.
Yuki apportait un vent de renouveau, n’étant pas le prolongement du MCDDI, le parti de feu Bernard Kolélas. A sa mort, son parti vivote comme vivotent les partis politiques orphelins des pères. Mais il n’est pas une extension d’un MCDDI qui y aurait pourtant trouvé un second souffle inespéré. Sans renier l’inspiration messianique chrétienne du Père, le Yuki de Paco a voulu se tracer un chemin à lui dans le paysage congolais. Il s’est lié à l’opposition, mais toujours en revendiquant plus ou moins ouvertement la primauté de rôle, vu que Kolélas le père avait été parmi les pionniers de la lutte pour le pluralisme au Congo.
Rien ne va plus, donc, au sein de Yuki. On ne voit pas bien comment cette formation va retrouver sa santé politique et sous le leadership de qui, tant la légitimité de tout successeur potentiel semble handicapé par le poids du passé. Réputés farouches et jaloux de leur histoire, les militants de Yuki semblent aussi une montagne à grimper pour qui veut prétendre agir en leur nom. Les textes, dans ce sens, ne règlent pas les questions d’égos ni les susceptibilités nombreuses qui encombrent les allées de pouvoir.
L’intervalle jusqu’à la prochaine assemblée élective extraordinaire sera sans doute mis à profit pour ramener les passions en mode pause. Tout en scrutant les visages pour déceler celui qui est né avec l’onction de l’étoile du roi mage pour montrer le chemin, se jouer des traquenards des adversaires, des faiblesses des ambitieux, des appétits voraces. C’est à ces conditions que le paysage politique congolais se reconstituera et fera face à la bataille que mène presqu’en solidaire le Parti congolais du travail qui, aujourd’hui, doit du petit lait.
L’avenir de Yuki sera intéressant à suivre. Sa trajectoire démontrera la sagesse de ses cadres à surmonter les atavismes. Mais elle pourra servir de jurisprudence à tous les partis qui aujourd’hui ne tiennent que par l’image caressée de ce que furent les heures de gloire du passé. A plusieurs reprises, l’opposition congolaise a démontré son peu de résistance aux tentations à la lézarde et au zapping pour peu que le volume des billets de banque soit en proportion.

Albert S. MIANZOUKOUTA

Quitter la version mobile