Mgr l’Archevêque a pris le temps pour bien peser la gravité de la situation. Il a pris du temps pour rédiger sa réflexion et la donner à lire aux fidèles. Dans toutes les paroisses de la circonscription, les fidèles ont pu entendre sa voix résonner dans son message de Noël, véritable cri de douleur vers son clergé et son peuple de fidèles: «La paix pour mon peuple et ses fidèles», tiré du Psaume 84. «Oui, paix à toi Peuple de Dieu de l’archidiocèse de Brazzaville dont le quotidien est marqué par des difficultés de toutes sortes… auxquelles se sont ajoutées des déceptions et des souffrances morales provoquées par le contre-témoignage de certains de tes pasteurs.»
Son message, Mgr Anatole Milandou l’a voulu un cri de douleur du Pasteur qu’il est ; l’expression d’une invite à incruster dans l’agir des prêtres et des laïcs une cohérence tirée de la foi à l’image de Marie. On ne peut à la fois détruire et construire. On ne peut prétendre assainir et mener, par réseaux sociaux interposés, une campagne de calomnies et de discrédit. On ne peut surtout, déplore-t-il fermement, inventer de toutes pièces des mensonges qu’on s’impose comme des vérités.
Ce journal, catholique, s’était dit surpris et indigné par une opération apparemment surgie des flancs mêmes de l’Eglise locale et menée au nom d’une hypothétique dénonciation des déviances.
Il y a deux mois, nous écrivions qu’on ne peut bâtir en fragilisant les fondements. Avec ses mots dans la lettre pastorale de Noël et dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée, Mgr Milandou redit que jeter de l’opprobre sur quelques-uns, sur la place publique, peut aboutir à discréditer l’ensemble de la communauté des croyants. Il reconnaît volontiers que l’Archidiocèse de Brazzaville souffre de l’indélicatesse de certains de ses clercs. Il invite instamment au retour «à une vie sacerdotale plus ancrée dans la célébration de l’Eucharistie, de la Liturgie des Heures, de la méditation quotidienne de la Parole de Dieu, de la récitation du chapelet».
Et comme son message veut toucher tous les aspects de la vie sacerdotale, Mgr Milandou fait des recommandations aussi sur l’un des aspects les plus souvent décriés dans l’opinion des fidèles: le laisser-aller comptable des ressources. «Que la gestion des biens mobiliers et immobiliers des finances de nos paroisses et de notre diocèse se fasse en toute transparence… Ce sont vos exemples de bons gestionnaires dans vos paroisses et de vos charges diocésaines qui seront déterminants pour la réforme que vous appelez de vos vœux», souligne-t-il. En d’autres termes: le constat fait, même dans la maladresse du recours aux réseaux sociaux, peut être recevable. Les réformes à mener engagent tout le monde. Est-on prêt à entreprendre ensemble ce chemin?

Albert S. MIANZOUKOUTA