Le Parti congolais du travail (PCT), principale formation politique de la majorité présidentielle, a tenu du 27 au 30 décembre 2019, les assises de son 5e congrès ordinaire, au centre international de conférences de Kintelé, à Brazzaville. Pierre Moussa a été désigné secrétaire général. Il succède à Pierre Ngolo qui assumait ces fonctions depuis 2011.

Congrès du cinquantenaire, il a été précédé par une vague d’adhésions qui s’est accélérée la veille de ce grand rendez-vous, faisant croître ce parti qui est passé de 346.127 à 539.173 membres.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Pierre Ngolo, président du comité préparatoire du congrès, en présence des délégations des partis de la majorité présidentielle, des alliés et des partis-frères étrangers, notamment: l’African national congrès (ANC) d’Afrique du Sud, le Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA), le Rassemblement pour le Mali, le Parti démocratique de Guinée Equatoriale, la South West African people organisation (SWAPO) de Namibie, le Parti démocratique du Gabon, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le Front patriotique rwandais, le Parti communiste de Cuba, le Parti communiste chinois, Russie Unie de la Fédération de Russie, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tchissekedi (RDC).
Dans son allocution, Pierre Ngolo est revenu sur les raisons qui avaient conduit au 6e congrès extraordinaire du PCT, en juillet 2011 et les missions assignées à la direction politique nationale issue de ces assises.
Il a fait une évaluation sommaire des actions engagées ces huit dernières années par le comité central. «Si hier on pouvait justifier certaines réserves sur le poids véritable du PCT à l’échelle nationale, aujourd’hui les faits et les résultats électoraux sont là. Notre parti demeure la plus grande formation politique nationale. Il est un patrimoine national voire africain qu’il nous convient d’entretenir et de consolider. Aujourd’hui, son étendard flotte partout au Congo et l’effervescence constatée ces derniers temps traduit bien l’intérêt grandissant que les Congolais portent sur notre parti», a-t-il déclaré.
Pour lui, le PCT aurait pu faire mieux et se porter encore mieux si des «facteurs limitants n’avaient pas obstrué l’exécution de certains chantiers et si, tous, nous avions bien intériorisé la discipline du parti et l’esprit de camaraderie», a regretté Pierre Ngolo. «Sachons tous que la discipline et l’esprit de camaraderie demeurent le ferment sur lequel se bâtit un parti fort et performant. Ne les sacrifions pas au profit de la complaisance et du copinage», a-t-il recommandé.
Justifiant le thème du congrès, il a indiqué que celui-ci astreignait le parti à de nouveaux engagements vis-à-vis du peuple congolais. «Il nous faut aujourd’hui donner plus de résonnance aux valeurs qui ont fondé l’intimité entre les citoyens du Congo et le PCT. Le serment prêté, à sa naissance par le PCT, était de servir, servir toujours et mieux servir le peuple afin de le conduire à la liberté, à l’épanouissement, au bonheur et à la prospérité dans la justice et la paix. Voilà tout le sens à donner à sa devise: Tout pour le peuple, rien que pour le peuple».
Après l’ouverture des travaux, Firmin Ayessa, premier vice-président du comité préparatoire, a donné lecture du message du président du comité central du PCT, Denis Sassou-Nguesso, qui a rappelé certaines épreuves endurées par son parti en 50 ans d’existence: «Des épreuves qui n’ont jamais réussi à rayer le parti du paysage politique national. Bien au contraire, le PCT est demeuré ce roseau qui plie mais qui ne rompt pas».
«Au regard des épreuves endurées, des sacrifices consentis dont celui de nombreux camarades qui se sont donnés en holocauste, on ne peut tolérer qu’il en ait parmi nous qui arborent ostensiblement et impunément des comportements nocifs au parti, jouant parfois à le fragiliser ou à le déstabiliser, oubliant que notre parti n’est pas un jouet entre des mains irresponsables, mais un instrument politique de conquête et de conservation du pouvoir. Celui qui ne l’a pas compris, n’a pas sa place au sein de notre respectable famille», a-t-il ajouté.
Réunissant 2587 congressistes venus de tous les départements du pays et de l’étranger, ce congrès a connu un ralentissement le quatrième jour des travaux, consacré à la mise en place des nouvelles instances dirigeantes. Prévus pour 12 heures, les travaux ont démarré à 22 heures 30 minutes. Dans la salle archicomble, les gens, fatigués, attendaient l’issue des tractations de coulisse.
Les assises du cinquième congrès ordinaire du PCT ont pris fin, lundi 30 décembre à 3 heures 54 minutes. Elles ont abouti à la réélection Denis Sassou-Nguesso au poste de président du comité central. L’un des enjeux de ce congrès était l’attribution du poste de secrétaire général. Des spéculations étaient nées. Les observateurs avaient avancé leurs pronostics. Les tractations, qui ont duré toute la journée du dimanche au lundi, montrent à quel point le sujet était complexe. Les congressistes ont passé la nuit dans la salle, ils ont travaillé sans désemparer jusqu’à l’aube, pour élire les 75 membres du bureau politique (contre 52 au précédent), les membres du comité du central et le secrétaire général.
Il a fallu du doigté pour ne pas créer des frustrations dans les quotas, surtout quand il s’est agi d’élire les 727 membres du comité central (chiffre revu à la hausse par rapport à l’ancien qui en comptait 471). Il fallait prendre en ligne de compte les nouveaux venus au parti et ceux qui se sont illustrés par leur fidélité et leur engagement dans les activités du parti.
Pierre Moussa, 78 ans, ancien ministre du Plan et président de la commissaire de la CEMAC a été désigné secrétaire général. Le nettoyage s’est surtout effectué au niveau du secrétariat permanent (15 membres contre 12 au précédent) où six anciens membres ont été remplacés, à l’exception de Fernand Sabaye (chargé des affaires de justice et des droits humains), Esther Gayama Ahissou (chargée de la condition, à l’enfance et à la famille), Hyacinthe Ongotto (chargé de l’administration), Accel Arnaud Ndinga Makanda (chargé des ressources humaines), Joseph Mbossa (chargé des affaires électorales, à l’administration du territoire et à l’urbanisme), Evelyne Tchichelle Moe Poaty (chargée à l’environnement et au développement local durable).
Sept personnalités ont fait leur entrée: Gabriel Ondongo (Organisation et mobilisation), Jean-Pierre Manoukou-Kouba (Affaires économiques), Thierry Hobié (Finances, équipement et patrimoine), Eugène Mbanzoulou (Education), Pauline Issongo (Affaires sociales), Aristide Ngakosso Ngama (Affaires de défense et de sécurité), Parfait Iloki (Communication et technologies de l’information), Marien Mobondzo Endzonga (Culture, jeunesse, civisme et sports).
Parmi les cadres débarqués du secrétariat permanent figurent Michel Ngakala, Jeanne Françoise Leckomba Loumeto-Pombo, Denis Marie Auguste Gokana, Michel Mahinga, Jean-Michel Mavoungou Ngot, André Massamba, Serge Michel Odzocki.
Une commission de contrôle et de vérification de 7 membres, dirigée par Serge Michel Odzocki, et un comité d’honneur de 44 membres a également été mis en place.
Le congrès s’est déroulé sans incident. Mais, tous les partis du Rassemblement de la majorité présidentielle n’ont pas intégré le PCT. Ils gardent leur autonomie, tout en demeurant ses alliés.
Le nouveau secrétaire général du PCT, Pierre Moussa, a félicité les congressistes et le Président du comité central pour la confiance placée en lui. Il a rendu hommage à son prédécesseur «pour avoir, tout le long de son mandat, conduit le parti avec méthode, dévouement, dynamisme et efficacité», a-t-il affirmé.
Côte à côte, le secrétaire général entrant et le sortant ont déposé le 31 décembre, une gerbe de fleurs sur la stèle du président-fondateur du PCT, Marien Ngouabi. En marge de la commémoration du cinquantenaire de la création de ce parti en 1969. Une cérémonie marquée par la présence de Denis Sassou-Nguesso, venu remercier les nouveaux membres du comité central.

Cyr Armel
YABBAT-NGO