La concertation d’Owando s’est achevée comme il était prévu, à la satisfaction des délégués. Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a félicité les participants qui auraient fait preuve de grande efficacité pour tenir ces assises dans les délais. Et pour avoir épuisé les points inscrits à l’ordre du jour. L’atmosphère aurait été apaisée et fraternelle: nous voulons bien l’en croire.
Le Premier ministre a même eu l’élégance de déplorer l’absence de ceux qui ne sont pas allés à ces assises. Mais pas un mot pour ceux qui en ont été exclus ou empêchés, comme notre journal qui s’est étonné de cet ostracisme naissant. Tenir une rencontre de ce genre, et en y faisant participer que les organes de presse amis, ne nous rapproche pas de la démocratie tant vantée!
Mais nous ne pensons pas non plus que ceux des hommes et femmes politiques qui ont fait le choix de ne pas aller à Owando aient plus fait preuve d’esprit d’ouverture. Pas assez inclusif, pas assez rassembleur, trop marqué par la présence écrasante des sympathisants du parti au pouvoir et de ses excroissances? Le dire dans la salle des débats aurait eu plus de poids, car maugréer au dehors, c’est ajouter une parlotte en plus seulement.
Certaines des conclusions de la Concertation d’Owando semblent inutilement éprouver la logique. Tenir les législatives dans toutes les circonscriptions du Pool n’est spectaculaire que si le Pool était une particularité à maintenir comme telle. Et, d’ailleurs, y tenir des élections désormais n’épuise pas la liste des interrogations sur l’origine des violences que Ntumi y a déclenchées, et dont il semble tirer profit aujourd’hui.
Rebelle auto-déclaré (à qui ? à quoi ?), sa prospérité d’aujourd’hui n’aide pas à se demander si ses objectifs sont atteints et s’il ne recommencera pas à faire le coup de feu contre ses parents. Le Pool ira au vote: sous la menace du doigt de Ntumi sur la gâchette? Ou l’esprit volontairement amnésique au nom de la concorde nationale? Owando efface-t-il l’ardoise des contentieux nationaux?
Réjouissons-nous tout de même du climat apaisé qui persiste dans les départements. C’est signe que nous nous sommes suffisamment saoulés de violences. Ou que les violences des autres, qui s’étalent chaque soir sur nos écrans de télévision, commencent à nous dicter comme un air de sagesse.
La tradition des dialogues semble désormais s’imposer à la veille de nos consultations électorales diverses, législatives et présidentielles surtout. Nous nous sommes comme imposés de libérer dans des joutes les récriminations qui se seraient transformées en frustrations et en violences. Faisons donc comme si la gouvernance électorale s’imposait désormais aussi à tous. Faisons semblant: parce que courir après une gouvernance réelle nous transformera en des Sisyphe béats.

Albert S. MIANZOUKOUTA