Il y aura du persiflage mercredi prochain à Kinshasa. C’est ce jour-là que la Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo proclamera les résultats définitifs des élections du 20 décembre ; que députés et conseillers communaux seront connus et que le Président Félix-Antoine Tshisekedi sera installé dans son fauteuil pour 5 ans. La gageure était de taille dans un pays gigantesque, traversé de deux fuseaux horaires avec 100 millions d’habitants. Les votants étaient 44 millions.

Au-delà des imperfections de toujours sous nos latitudes, qui donnent l’impression que les choses normales ne seront jamais normales ; que sans un
«Mais» ou sans un «Si» il y aurait quelque chose de manquant au décor. Il y aurait comme une marque d’infamie qui colle à la démocratie made in Afrique centrale. Il y a quelques années, c’est l’Afrique de l’ouest qui menait la barque en matière de bonne organisation des élections, de tenues d’alternances démocratiques etc… La donne a changé depuis deux ans!

Mais l’Afrique centrale semble repartir du bon pied. Bien sûr, la région reste toujours détentrice du record des plus vieux régimes installés au pouvoir sans volonté d’en partir, mais avec le renouveau qui s’amorce au Gabon et au Tchad, nous commençons à nous présenter nous aussi comme des régimes neufs. Même le coup d’Etat intervenu en août au Gabon est fait tellement dans l’inclusion (comme au Tchad) que nous donnons l’impression d’avoir juste un mauvais temps à passer, avant de retourner à une normalité qui ne nous manque que le temps pour l’arbitre de vouloir porter son sifflet à la bouche.

La République démocratique du Congo semble vouloir sortir du carcan des habitudes qui nous valent des appréciations du genre: «pas tout à fait bon, pas tout à fait mauvais non plus». Pour les élections actuelles en RDC, nous devrions sortir au plus tôt de la période des incertitudes. Parce que la guerre trépigne aux frontières avec le Rwanda, et que, même si nous avons eu des gestes d’apaisement avec le voisin, nos relations restent tièdes, elles restent malgré tout marquées par la méfiance, du fait de nos relations privilégiées avec le Rwanda précisément.

Albert S. MIANZOUKOUTA