Home National PARLEMENT : L’Assemblée nationale, lieu de bassesse?

PARLEMENT : L’Assemblée nationale, lieu de bassesse?

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Alphonse Claude N’Silou

Les scénarii d’insultes se répètent souvent à l’Assemblée nationale surtout lors des séances de questions orales avec débats au Gouvernement. La dernière en date est celle qui a opposé le ministre d’Etat Alphonse Claude N’Silou, ministre du Commerce, des approvisionnements et de la consommation, à Aimé Hydevert Mouagni, président du Club perspectives et réalités (CPR) et député de la première circonscription de Moungali, dans le 4e arrondissement de Brazzaville. C’était le 10 août dernier.

Retransmise en direct à la télévision nationale, cette séance a laissé un goût amer auprès des téléspectateurs. Elle était presque à la fin lorsque le député Aimé Hydevert Mouagni a demandé un point d’information qui lui a été accordé par le président de l’Assemblée nationale.

Aimé Hydevert Mouagni
Aimé Hydevert Mouagni

Nul ne s’attendait à ce qu’il s’adresse sévèrement au ministre d’Etat qui s’était indigné des propos tenus par le député de Moungali. Propos qualifiés de xénophobes. «C’est grave. Je ne pensais pas qu’il était possible dans une salle comme celle-ci, qu’un élu du peuple se livre à un délit de faciès. Le Congo n’est pas comme ça. Je souhaite qu’à l’avenir, ce genre de propos ne se tiennent plus dans cette salle. Personnellement, je n’accepte pas ça», a déclaré le ministre d’Etat, d’un ton ferme et sévère.
Choqué, le député Hydevert Mouagni n’y est pas allé par deux chemins pour dissiper, selon lui, «un malentendu qui a dû certainement être entretenu par l’imaginaire du ministre d’Etat, au risque de nourrir le malentendu», a-t-il précisé.
«Je suis désolé de voir la malignité avec laquelle le ministre d’Etat sort du sujet pour aller me bricoler quelque chose sur le faciès. Pensez-vous que je suis xénophobe? J’ai les enfants qui vivent en France. Beaucoup de gens ici pensent que lorsqu’ils sont au Gouvernement, ils ont le monopole de l’intelligence et de la vérité. Si vous manquez d’arguments, si vous êtes en carence de réponses, mettez-vous à l’aise M. le ministre d’Etat. Je suis de la majorité. Ayez les mots simples. Ne prenez pas les gens pour des moins que rien et en pensant qu’on va vous laisser comme ça, parce qu’on est de la majorité. Depuis quand, l’intelligence a pu quitter le banc de la conscience pour permettre cette liberté de croire parce que c’est Mouagni, on peut tout permettre», a-t-il martelé.
Et d’affirmer: «Je ne suis pas du PCT, mais je suis porteur d’un courant. C’est tout ce que je voulais dire pour éviter que les acrobaties malignes gagnent l’espace congolais».
Prenant la parole, le Premier ministre est revenu sur ce malentendu qui, selon lui, peut laisser penser que le Congo rentre dans une xénophobie qui lui est étrangère. «J’insiste sur ça parce que cette terre d’accueil, respectueuse des humains et des droits humains, ne peut pas laisser passer l’idée selon laquelle on regarderait les visages des gens et on les étiquetterait. Je crois que c’était juste quelques erreurs de mots et pas ce que nous avons voulu exprimer dans nos échanges. Nous ferons davantage attention à l’usage de nos mots pour ne pas choquer tous ceux qui ont choisi le Congo comme terre d’accueil, comme deuxième patrie et lieu d’investissement», a-t-il affirmé.
Isidore Mvouba a conseillé au député qui persistait dans sa bonne foi, une fois rentré, de revisiter cette séance et de s’écouter. «C’est le seul conseil que je tiens à vous donner», a exhorté le président de l’Assemblée nationale.
Le 11 août, peu avant le débat d’orientation, le président du groupe parlementaire de la majorité, Accel Arnaud Ndinga Makanda, a rappelé à l’ordre les députés de son groupe. Pour lui, ce qui s’est passé la veille est semblable à une messe d’empoignade qui a fait honte à la représentation nationale.
Il a demandé aux uns et autres de dépassionner le débat. «Aujourd’hui, on va débattre du budget. C’est un outil très important de gestion de la République. Il ne faudrait pas qu’on assiste à ce qu’on a vu hier. Il faut parler avec responsabilité, en se respectant et en respectant les autres», a-t-il estimé.

KAUD

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