A la faveur de la rentrée politique de l’Union Panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), le premier secrétaire de cette formation politique de l’opposition, Pascal Tsaty-Mabiala a animé, samedi 23 décembre 2023, au siège de ce parti, sis Diata, dans le premier arrondissement de Brazzaville, une conférence de presse sur la marche du pays. Loin de sacrifier simplement à une tradition séculaire, il a dans son discours de 10 pages, pas fait de quartier au pouvoir.
C’est un secrétaire général de l’UPADS détendu qui s’est adressé à la presse, en présence de quelques cadres de son parti. Pascal Tsaty-Mabiala est revenu sur le discours sur l’état de la nation du Chef de l’Etat, prononcé le 28 novembre dernier devant le Parlement réuni en congrès. Il a répondu dans un style ramassé et sectoriel.
Sur le plan politique, le conférencier, parlant de la gouvernance électorale, a indiqué que depuis la concertation politique d’Owando en mars 2022, le Gouvernement se refuse de traduire dans les faits les quelques rares points autour desquels s’était dégagé le consensus entre participants.
En dehors de ces points, Pascal Tsaty-Mabiala estime qu’il en reste bien d’autres sur lesquels les échanges avec le Gouvernement doivent impérativement se poursuivre. Notamment: le vote par anticipation des éléments de la force publique; le débat sur la présence des indépendants lors des élections législatives, locales et sénatoriales; le découpage administratif et électoral; le plafonnement du financement des campagnes électorales, afin de limiter la corruption; la finalisation des prérequis indispensables à la réalisation de la biométrie.
L’UPADS demande au Gouvernement de commencer à traiter l’ensemble des questions latentes et lancinantes liées à la gouvernance électorale. «Ces questions doivent trouver des solutions de manière consensuelle telle qu’il avait été décidé à Owando, notamment en y faisant participant les états-majors politiques», soutient savoir Pascal Tsaty-Mabiala.
S’agissant de la décentralisation, il a dit qu’il y a un manque de volonté politique susceptible d’accompagner les collectivités territoriales, pour que celles-ci rentrent dans la plénitude de leurs compétences.
Parlant de l’apaisement, la paix et la concorde nationale, le conférencier pense que l’attitude du Président de la République est incompréhensible quant à la réticence qu’il éprouve, selon lui, «pour affronter courageusement les conséquences découlant de notre histoire commune». «Vous vous en doutez, à ce-jour certains Congolais sont toujours en exil, non volontairement mais forcé, pendant que d’autres sont encore privés de liberté. Le pardon de la République à travers une grâce présidentielle est encore possible. Au nom de la cohésion nationale, l’UPADS demande très respectueusement au Président de la République, garant de l’unité nationale, de prendre cette mesure en faveur des leaders politiques se trouvant en prison, ou en exil», a-t-il poursuivi.
Sur le pan économique, l’UPADS pense que l’abandon du CFCO est simplement incompréhensible. «Comment investir si lourdement dans les Tours jumelles à rentabilité douteuse alors qu’on aurait dû relancer la réhabilitation du CFCO, ou plus justement construire à terme une nouvelle voie ferrée moderne et adaptée aux contingences actuelles… La construction des Tours jumelles de Mpila, quoique toutes belles, est le résultat des mauvais choix économiques du Gouvernement en matière d’investissement et d’une vision fausse de ce que constitue le développement d’un pays», a déclaré Pascal Tsaty-Mabiala.
Pour lui, le climat des affaires au Congo n’est pas favorable à l’éclosion d’une activité économique et capable de soutenir l’initiative privée.
Sur le plan social, il a dénoncé la cherté de la vie et l’automatisation des pensions liée aux départs à la retraite qui, selon lui, devient une utopie.
Tout en attendant les conclusions des enquêtes décidées par le Gouvernement sur le drame d’Ornano, l’UPADS, a-t-il dit, s’interroge sur la crédibilité des milliers d’emplois promis par le Président de la République pendant les campagnes électorales ou en plein exercice de sa fonction.
Sur la vie de l’UPADS, le conférencier a justifié la campagne d’adhésion et d’enrôlement des militants. Pour Pascal Tsaty-Mabiala, elle a le mérite d’être une toute première expérience depuis la création du parti, et a vocation à connaître le nombre des militants en vue de constituer une base de données. «Ensuite, l’UPADS veut rajeunir ses rangs pour plus de vigueur et de dynamique. Enfin, dans la marche vers le congrès du parti, nous voulons y faire participer les militants identifiés comme tels et non des parachutés», a-t-il expliqué.
Cyr Armel YABBAT-NGO
