Nous serons amenés à nous intéresser plus particulièrement à la République centrafricaine dans les prochaines semaines. Des élections se profilent dans ce pays voisin et jadis zone de diffusion de notre journal qui célèbre ses 68 ans. Des élections chargées de beaucoup d’incertitudes : soit qu’elles se maintiennent en décembre, soit qu’elles soient reportées par consensus. Ou soit qu’elles maintiennent en l’état la pléthore des candidats aux curriculum où prédomine l’ambition.
En effet, entre anciens putschistes, anciens seigneurs de guerre, leurs soutiens réels ou apparents, la démocratie centrafricaine a du mal à s’imposer le sillon durable de la jurisprudence. Le Président Faustin Archange Touadéra avait été élu dans les règles en 2016. Il prépare un deuxième mandat qu’on lui souhaite plus tranquille. Avec des alliés qui seront hommes et femmes de parole.
Notre voisine est dans une situation où seule la sagesse des différents acteurs, anciens présidents ou présidente, anciens soutiens de guérillas, pourrait faire en sorte que l’échéance à venir se déroule dans la paix et dans un véritable souci de recherche du bien pour tous. Pour déboucher sur une situation d’assainissement et de cicatrisation dont pourraient jouir tous les Centrafricains et nous avec eux.
La République centrafricaine a ferraillé dur pour que sa crise de dix ans ne soit pas attribuée à une fracture sur des bases religieuses. Des projets ont circulé sous le manteau pour prêter aux musulmans des velléités d’instauration d’un Etat islamique au cœur de l’Afrique. Et le Pape François, et l’Archevêque de Bangui, le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, ont beaucoup fait pour se démarquer de l’idée d’une milice chrétienne dans le pays.
Toutes ces précautions peuvent facilement voler en éclats si les pousse-au-crime, sous le prétexte de gagner plus de suffrages, apportent leurs allumettes enflammées près de la mèche. L’explosion y sera d’autant plus ravageuse que le pays est aujourd’hui, en grande partie, sous la coupe réglée des milices. Particularité bien installée de l’Afrique Centrale, certaines d’entre elles disent participer au processus de paix par une présence au Gouvernement, tout en maintenant exactions et rackets en province.
La semaine dernière, les Evêques sont de nouveau montés au créneau, fustigeant le double langage des seigneurs de guerre. On ne peut à la fois prétendre profiter des bénéfices de la paix, et maintenir loin de Bangui les barricades qui font prospérer le business souterrain. Et la violence. Un devoir de clarté s’impose : il est seul, soulignaient les Evêques catholiques, à garantir un jeu électoral juste, transparent et incontestable et un avenir garantissant un traitement équitable des problèmes.
Nous nous intéresserons à la République centrafricaine parce que, comme son nom l’indique assez, ce pays qui est au centre de l’Afrique est notre voisin. Une crise majeure chez elle aura des effets concentriques chez tous ses proches qui, hasard du calendrier, entreront aussi en période d’élection dans les deux prochaines années. Faisons le pari de la sagesse contagieuse, parce que l’explosion dévastatrice, elle, nous l’avons déjà amplement expérimentée en Afrique Centrale.

Albert S. MIANZOUKOUTA