Un peu comme s’ils s’étaient donnés le mot, deux grandes formations politiques du pays ont ressenti le besoin de s’ébrouer avant les prochaines élections. L’UPADS de Pascal Tsaty Mabiala et l’Union des humanistes UDH-Yuki du défunt Guy Brice Parfait Kolélas ont pris courage et remis la réconciliation et le dialogue inclusif au gout du jour. La sagesse aurait-elle brusquement décidé de faire étape au Congo?
La réponse est sans illusions. Nous savons nos politiques roublards et spécialistes des feintes les plus déroutantes. Nous savons que plus les échéances électorales vont se rapprocher et plus les paroles les plus mielleuses seront de moins en moins suivies d’effet et de consistance. Nous ne comptons plus le nombre des «Je jure», «Plus jamais ça» et autres «Ce qui nous divise est moins fort que ce qui nous unit». Nos hommes et femmes politiques savent tellement bien parler qu’on en regretterait de devoir les confronter aussi aux faits et aux actes
Leurs actes passés, avant de nous saouler avec les promesses de ce qu’ils feront sans y croire eux-mêmes. Nous sommes conscients de ce que les temps sont durs, ce n’est pas une raison pour promettre de s’attaquer aux combats les plus ardus. Pas plus maintenant que pendant les élections des années prochaines, la lutte contre la corruption, le respect des droits de l’homme, la garantie d’un Etat de droit, la gestion saine de nos finances publiques et même l’organisation transparente et incontestée de nos élections ne connaîtront un début d’exécution.
Deux partis politiques ont décidé l’un, de réintégrer en son sein un militant (devenu ministre) et de suspendre sa sanction pour avoir rompu avec la discipline qui maintient l’UPADS loin des allées du pouvoir. Et l’autre, de rappeler à lui ceux qui commençaient à faire dissidence, alors que son président- fondateur repose loin de ses terres natales et de militance, tombé en pleine joute électorale l’an dernier. Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes? Non. Parce que, pas plus une hirondelle que deux, ne peuvent suffire à appeler le printemps.
Et puis, ces rabibochages qu’on dirait commandités, ne rassurent pas sur la nature même des formations politiques qui ont ressoudé leurs liens en interne. Comment continuer à se prévaloir de l’opposition tout en étant au Gouvernement? Et comment parler de réconciliation à l’UDH-Yuki, lorsqu’une portion, peut-être minoritaire pour le moment, pousse vers un surpassement des règles qui sont pourtant l’héritage le plus tangible laissé par Guy Brice Parfait Kolélas. Il nous faudra voir si, après les élections, toutes les proclamations d’amour tiendront.

Albert S. MIANZOUKOUTA