La 14e législature tend à sa fin, mais les candidats se bousculent et se marchent sur les pieds. Alors qu’on n’en est pas encore là. Dans certains états-majors politiques, la fièvre commence à monter. On craint que les partis politiques soient dépassés par leurs propres cadres qui désirent se positionner en officiel ou en indépendant, surtout dans le camp du PCT où les bruits de toutes sortes courent sur des cadres qui ne veulent pas attendre le choix du parti: ils veulent être candidats!

Beaucoup de parlementaires regrettent que le temps soit passé si vite, abrégeant ainsi une expérience qu’il voulait encore vivre. Malheureusement, devant l’irréversibilité, il n’est point de désir d’éternité qui tienne. La 14ème législature s’en va bientôt.
Les députés qui sommeillaient commencent à multiplier les clins d’œil à leurs mandants, par des dons et des descentes parlementaires qui se multiplient même auprès de ceux qui n’en faisaient pas ou presque pas. Des enfants de responsables politiques ne veulent pas être en reste. Leur irruption sur la scène politique est un signe qui ne trompe pas. Nombreux sont prêts à se positionner, en évoquant l’alternance démocratique. En tout cas, les prochaines législatives s’annoncent chaudes!
Les candidats non investis par les partis et qui se présenteraient sous le label d’indépendants perdront-ils leur statut de membres?
Certains d’entre eux n’apprécient pas le fait que leur parti pense déjà à reconduire, automatiquement, les parlementaires sortants. «Il y a bien d’autres candidats, héros dans l’ombre, qui œuvrent pour les succès de leur parti et dont les candidatures ne sont jamais retenues», disent-ils.
La bataille des législatives s’annonce donc rude, plus entre candidats qu’entre famille politiques. D’ores et déjà, on peut dire sans risque de se tromper que les différents candidats vont se livrer une bataille sans merci. Comme des loups enragés, ils vont aller à l’assaut des électeurs en donnant des tee-shirts, casquettes, pagnes et même de l’argent pour acheter leur conscience.
Une chose est vraie, il y aura un foisonnement de candidats surtout des indépendants. Déjà au PCT, on parle de près de 1000 dossiers déposés pour 99 places. Beaucoup d’indépendants tenteront de bousculer les candidats présentés par les partis politiques. Bien qu’après ils finissent par intégrer le PCT dont ils sont pour la plupart membres.
Nombreux des parlementaires actuels sont sous la sellette de leurs états-majors politiques qui pensent qu’ils ont fait leur temps et qu’il faudrait les remplacer par d’autres cadres qui attendent aussi leur tour. «Pourquoi toujours les mêmes?», s’interrogent-ils.
La peur devient grande et constitue le quotidien de tous les jours de ces députés.
Au cours de sa première session extraordinaire, le Conseil fédéral du PCT de Brazzaville, élargie aux postulants à l’investiture aux élections législatives et locales de 2022, tenue le 19 février dernier, a dénoncé la pratique des pétitions et autres actions s’inscrivant à l’opposé des principes et normes du parti.
Faustin Elenga a exprimé son indignation suite au comportement déshonorant, selon lui, affiché par des membres et sympathisants du PCT. Il a mis en garde tous ceux qui continueront à ramer à contre-courant et à poser des actes portant atteinte à l’honneur du parti.
Les participants à la session ont convenu de mettre un terme aux tribunes radios télévisées et autres actions frisant le trafic d’influence ainsi que des méthodes dilatoires. «Au terme de tant de sacrifices consentis par tant de camarades, on ne peut pas tolérer qu’il y ait parmi nous ceux qui arborent des comportements nocifs, antiparti, tendant à fragiliser ou à déstabiliser le parti, oubliant que notre parti n’est pas un jouet entre les mains d’irresponsables mais un instrument politique de conquête et de conservation du pouvoir. Celui qui ne l’a pas compris n’a pas sa place au sein de notre respectable famille», indiquait la déclaration sanctionnant cette rencontre.
Pour continuer à bénéficier de la confiance du parti, ils multiplient les allées et venues aux différents sièges de leurs partis politiques à la recherche de soutiens ou de parrains.
Après s’être habitués à un grand train de vie, ils ne veulent rien lâcher ni laisser la moindre place aux autres. Pour la simple raison que la fonction parlementaire dans le pays est dévoyée. Elle se retrouve au cœur d’un enjeu politique budgétivore, par la faute de l’Etat. Le Parlement est devenu comme une caisse de résonnance où les gens vont pour se faire ou se refaire une santé financière, au détriment des intérêts des populations.
D’où leur manque d’initiatives à contrôler correctement l’action du Gouvernement. Ce qui laisse croire que les députés sont enfermés dans des attitudes, ou d’opposition systématique ou de soutien systématique. Aucune enquête parlementaire n’a été instituée sur les vrais problèmes brulants tels que les dossiers ECAIR, la Nouvelle Air Congo, le compte des générations futures qui n’existe plus à la banque centrale, les ruptures à répétition des antirétroviraux, les pénuries de carburant, d’eau, les coupures d’électricité, les détournements de fonds et de deniers publics, les pensions de retraite, fonds de gestion de la COVID-19, fonds de soutien à l’agriculture, etc.
Autant de sujets d’enquêtes qui pouvaient inspirer les parlementaires à intérioriser leurs responsabilités, en s’efforçant de les assumer de manière méthodique avec détermination, sans subjectivisme et sans complaisance. Ce n’est qu’à ce titre, qu’ils viendront à bout des obstacles résultant des pesanteurs de toutes sortes et que l’Assemblée nationale arrivera à s’imposer dans la conscience collective nationale comme une institution hautement utile à la nation.
S’il faut esquisser un bilan de l’action de l’Assemblée nationale pendant la 14e législature, il y a lieu de dire que certains députés laissent un triste souvenir, par leur manque d’initiatives de prendre la parole en séance plénière ou d’initier des propositions de loi. Leur rôle est tout juste de lever la main, au moment du vote. D’autres n’osent pas poser la moindre question ou se sont, plutôt, érigés en spectateurs de leurs collègues qui ont, par leurs interventions, marqué cette législature.

Cyr Armel
YABBAT-NGO