Le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, est décédé mercredi 8 juillet dernier des suites d’un malaise, lors du conseil des ministres à Abidjan. Il a récemment été désigné pour représenter le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, lors de l’élection présidentielle prévue en octobre 2020. Proche du président Ouattara, il était un pilier de la politique ivoirienne.

«La disparition d’Amadou Gon Coulibaly est une grosse perte pour ce pays, compte tenu de sa trajectoire professionnelle qui était exceptionnelle», explique Francis Akindès, professeur de sociologie à l’université de Bouaké. «C’est un ingénieur de formation, formé dans la plus grande institution de formation d’ingénieurs en Côte d’Ivoire. Il a eu un parcours qui l’a amené depuis à suivre la Côte d’Ivoire qui se transforme. Il a appris sur les chantiers à gérer également les grands dossiers relatifs à la construction d’un pays.», commente un observateur.
Issu d’une famille de la grande noblesse du nord de la Côte d’Ivoire, Amadou Gon Coulibaly était l’un des piliers de la scène politique ivoirienne. Présent depuis trente ans dans l’ombre d’Alassane Ouattara, il était l’arrière-petits-fils de Péléfero Gbon Coulibaly, chef suprême des Sénoufos, un proche de Félix Houphouët-Boigny.
Dès le début des années 1990, il s’est engagé auprès d’Alassane Ouattara. D’abord, comme conseiller technique. «Il n’était pas que politique, justement. Il avait cette dimension technique, mais il savait allier le politique à la technicité. Et c’est cela qui faisait un peu sa force. Et c’est pourquoi d’ailleurs, il a été très, très rapidement approché par celui qui sera le président de la République et qui a d’abord été le Premier ministre de ce pays, dont il était le conseiller… », déclare un politologue.
Amadou Gon Coulibaly a en effet adhéré en 1994 au Rassemblement des Républicains (RDR), le parti créé par Alassane Ouattara. En 1995, il décroche un siège de député à Korhogo, cette grande ville du Nord dont il est originaire. Son engagement lui vaut d’ailleurs, avec d’autres cadres du RDR, de séjourner en prison, en 1999, sous la présidence d’Henri Konan Bédié.
Il sera ensuite, entre 2002 et 2011, ministre de l’Agriculture sous Laurent Gbagbo. Puis, l’homme de confiance devient le puissant secrétaire général de la présidence d’Alassane Ouattara en 2011, avec rang de ministre d’État, et ce, jusqu’en 2017, année où il est nommé Premier ministre, poste qu’il occupait à son décès mercredi dernier.
Amadou Gon Coulibaly, un homme très respecté, mais qui savait aussi taper du poing sur la table, témoigne Sylvain Nguessan, analyste à l’Institut stratégique d’Abidjan : «C’est le tonton qui rit dans le salon, mais quand vous passez dans le bureau pour travailler, il devient un monsieur, j’allais dire neutre. Il pose des questions sur le résultat à atteindre. Il peut poser la même question sur cinq formes différentes, parce qu’il n’est pas satisfait de la réponse que vous avez donnée. Donc il savait marquer la différence entre les relations familiales et le résultat à atteindre.».
Avec la mort du candidat du RHDP, à quatre mois de la présidentielle, les cartes doivent être rejouer pour trouver un remplaçant. D’aucuns se demandent si le président sortant qui a pourtant décidé de prendre sa retraite politique ne sera pas tenté de revenir sur la scène politique.

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