Un coup d’Etat a été éventé au Soudan mardi dernier. Des hommes en armes ont tenté de prendre le contrôle des institutions de transition pour le compte, semble-t-il, de l’ancien Président Omar Hassan al-Bachir. Renversé par une révolte populaire en 2019 et incarcéré depuis, il n’aurait pas renoncé à l’idée de conduire la destinée des presque 45 millions de Soudanais.
Mais ce ne sont pas les ambitions d’un ancien militaire resté au pouvoir 30 ans et visiblement pas «rassasié» qui est l’élément d’inquiétude. Le plus grave est que cette tentative confirme, une fois de plus, que plus nous nous engageons dans la période démocratique (ne serait-ce que pour la forme) et plus nous marquons notre préférence pour les coups d’Etat. Accéder au pouvoir par la force est une idée qui nous hante décidément !
Nous ne nous départissons pas de cette vieille Afrique, où nous nous réveillions chaque matin avec de nouveaux dirigeants dans un point ou un autre du continent. Tous venant avec la promesse de faire autrement et mieux que les régimes précédents. Des pays ont compté jusqu’à cinq ou sept coups d’Etat en une décennie sans que cela change quoique ce soit de fondamental dans le quotidien des citoyens.
Mais la tendance est loin de s’arrêter. Les personnages peuvent changer, les méthodes aussi parfois, le résultat est toujours que des militaires se hissent au pouvoir et délivrent aux peuples le message du salut. Puis font exactement comme toujours dans une Afrique toujours plus pauvre. Même dans la sous-région, nous avons eu droit à notre épisode-maison, au Gabon, en janvier 2019. Qu’on le déplore ou qu’on s’en réjouisse, le pétard mouillé gabonais n’a pas fait plus de dégâts que cela !
Nous continuons à marquer notre propension à user de violence pour arriver au pouvoir, quelques raisons que nous nous donnions pour piétiner nos Constitutions et une Charte de l’Union africaine bien innocente. Le Mali par deux fois ; la Guinée Conakry au début du mois, et maintenant cette tentative alléguée au Soudan nous dessinent une Afrique où les transitions démocratiques semblent de plus en plus l’exception.
Comme tout phénomène de ce genre, nous ne savons pas quand, où ni comment mettre fin à l’appétence pour les voies qui contournent les règles et s’en donnent de nouvelles qu’on nous fait avaler comme meilleures. Juste le temps d’applaudir, puis de se rendre compte que le nouveau ressemble terriblement à l’ancien. Le Soudan a été arrêté à temps dans sa tentative conduite par des militaires qui ne semblent pas avoir lu la Constitution de leur pays. Jusqu’à quand ?

Albert S. MIANZOUKOUTA