Les états généraux de l’éducation qui viennent de s’ouvrir à Brazzaville devraient marquer un tournant pour l’école et l’enseignement dans ce pays. Depuis longtemps, nous déplorons le niveau de nos élèves et de nos étudiants, ainsi que les conditions même de passage d’une classe à l’autre. Le niveau bas des élèves est une chose, celui des enseignants eux-mêmes en est une autre. Il était donc bien temps de s’asseoir et de réfléchir aux solutions à adopter. De regarder autour de nous s’il y a des exemples dont nous pourrions nous inspirer. Ou bien, s’il nous faut inventer des formes nouvelles de transmission du savoir. A commencer même par les lieux de ce savoir : quel est le modèle type d’un établissement scolaire au Congo? A quels critères devrait obéir une université?
Il nous est arrivé d’atteindre un maximum en matière de quantité ; visons maintenant la qualité. C’est ce vers quoi devraient tendre les assises actuelles. Nous sommes beaux parleurs, et les discours à l’ouverture de ces travaux ont tous été à notre image. Mais il nous faut franchir le cap de la qualité et du concret pour une vraie mutation dans notre école de demain. C’est-à-dire dès l’année prochaine.
Le travail est gigantesque mais le défi n’est pas impossible à relever. Surtout si nous y portons un regard transversal, qui bouscule aussi bien les habitudes de facilité, que les petits arrangements avec la vérité des diplômes qui touche même des cadres bien placés. Bientôt, à la rentrée des classes, ce ne seront pas les bulletins de note qui vont peser mais la valeur des billets de banque. Et, malheureusement, ce que nous pourrons obtenir par la corruption à l’école ou à l’université, peut aussi nous être garanti de la même manière ailleurs.
Pour l’entrée dans la Fonction publique, pour l’entrée dans l’armée ou dans la police, pour une place de promotion dans un service de prestige il nous faut, d’une manière ou d’une autre, graisser la patte. Assainissons l’école et son environnement social, mais nous aurions accompli un travail de Sisyphe si nous ne menions pas ensemble notre volonté de bien enseigner et l’impératif de garantir une société libre de tous les passe-droits

Albert S MIANZOUKOUTA