La Haute autorité de lutte contre la corruption vient de se doter d’un dispositif désarmant à l’aéroport international Maya-Maya. Il s’agit d’un panneau proclamant – invitant – au bannissement de la corruption dans notre pays. La volonté est manifeste, mais nous ne pouvons pas dire que l’efficacité le soit autant. Depuis que le Congo est Congo, on n’a pas encore vu un corrompu ou un corrupteur trembler au seul énoncé des velléités de l’Etat !
Le panneau menaçant se double d’une admonestation des plus radicales : «La récréation est terminée » ! Si nous ne parlions pas d’une matière qui a conduit ce pays à la ruine depuis des décennies, causé la mort de dizaines de personnes, retardé bien des plans de développement, éteint la soif de réalisation de bien des Congolais, nous en aurions ri. Je me suis toujours demandé si les propriétés proclamant: «Attention, chien méchant», étaient plus sûres.
Ici, nous en sommes à déclarer notre intention, pas de passer à l’acte. Pendant les décennies où le Congo a vu sombrer successivement ses nombreux plans décennaux ou quinquennaux, si la parade à la corruption n’avait dépendu que d’un seul avertissement à l’aéroport, nous serions aujourd’hui le pays qui fabriquerait ses propres textiles, aurait atteint sa sécurité alimentaire et glorifierait des cohortes de cadres vertueux, révolutionnaires et patriotes !
Que le visiteur qui débarque à Maya-Maya tremble donc de peur. Il entre dans un espace où la corruption est déclarée tolérance zéro. Désormais, ne doivent voyager dans nos valises que l’honneur et la vertu. Que cela soit dit : nous proclamons notre volonté d’aller en guerre contre la corruption, la concussion, et les passe-droits sont bannis. A la banque, à la poste, à l’école, aux recrutements dans la Fonction publique, à la vente de notre pétrole, à l’hôpital, à la morgue même : nous n’accomplirons nos actes que dans la logique prescrite par la loi. La loi nous fait obligation d’y croire. Désormais.

Albert S. MIANZOUKOUTA