Se peut-il que nous soyons de nouveau alignés dans la conjonction des astres? La semaine s’achève avec ce petit quelque chose d’indéfinissable qui permet de nouveau d’avoir de l’espoir, d’endormir sa méfiance et de ré-engoncer dans les plis de la mémoire historique meurtrie et souvent piétinée notre légitime méfiance devant les promesses non tenues des politiques.
Non que soit arrivé le temps de raser gratis, ni que les mythiques lait et miel si bien décrits par nos décideurs coulent désormais à flot chez tous, non. Mais il y a bien longtemps que nous n’avions pas eu une succession de nouvelles aussi tranquillisantes. Même les pluies de ces derniers jours semblent nous avoir accordé du répit: elles n’ont pas emporté ce qui nous reste de viaduc, par exemple.
Coup sur coup durant les jours passés, nous avons eu droit à la venue discrète des experts du FMI, d’habitude si sévères avec notre manière de gérer. Nous disposons désormais d’une troisième turbine à la Centrale électrique du Congo de Pointe-Noire; d’une minoterie appelée à relancer la production du maïs chez nos agriculteurs et à améliorer la fourniture de la farine. Le port de Pointe-Noire dispose aussi désormais de nouveaux quais, tandis que l’Alima va recevoir son bac !
Lus de manière aussi linéaire, ces événements ne peuvent qu’égayer le Congolais lambda condamné depuis trop longtemps à littéralement ramer. L’injection d’une dose d’euphorisants aide à supporter la dureté des temps. Mais c’est comme si nous étions face à un mirage. Car il faut s’interroger sur le pourquoi du comment, avant de s’intéresser à la durabilité de toutes les initiatives lancées et annoncées ici et là.
L’explication est simple: les élections approchent. Il faut améliorer les statuts présentables pour améliorer les votes et les stratégies. Il serait de mauvaise foi de penser que boucher une ornière, assurer la stabilité de l’électricité, agrandir la capacité d’un port et se saisir plus concrètement du projet des infrastructures en Afrique centrale pour gagner des voix soient moins nobles que de s’y atteler en cohérence, et de tout temps.
Il vaut sans doute mieux une route rafistolée à la va-vite que pas de route du tout. Il vaut certainement mieux disposer d’une électricité et de l’eau qui coule dans le robinet avec un trémolo militant qu’un glouglou sec dans les parcelles, en plein Bassin du Congo! Pourtant nous sommes ce que nous sommes: les municipalisations accélérées ont laissé dans les départements de nombreux éléphants blancs, mais aussi quelques rares vestiges qui nous font les réclamer. C’est un patrimoine dont on se contentera.
Mais pour le reste, nous en revenons au point de départ. A la SOPECO, on crie toujours famine à coups de casseroles. Les pensionnés de la CNSS inscrits aux MUCODEC sont à la diète, comme ceux de la CRF, depuis toujours. Demain, nous aurons certainement une brasserie normalement alimentée par la production de notre minoterie; nous aurons de la bière à foison. Mais nous nous réveillerons avec le ventre creux de toujours.

Albert S MIANZOUKOUTA