Le Président Denis Sassou-Nguesso se représentera certainement à l’élection présidentielle comme l’y encouragent depuis plusieurs mois les structures de son parti, le Parti congolais du travail (PCT). «Impossible de s’y tromper», disent même ses opposants, puisque selon eux, son séjour à Pointe-Noire cette semaine a eu l’air d’un avant-goût de campagne électorale. «Avec les moyens de l’Etat», se plaignent-ils.

Le déplacement en masse des militants du PCT et des partis alliés prouve que ceux-ci ne veulent plus attendre longtemps l’annonce de la candidature du camarade président, même s’ils sont sûrs qu’‘’Otshombé’’, comme ils aiment à l’appeler, sollicitera en avril 2021 un nouveau mandat de cinq ans. Déjà ces derniers mois, il ne s’est pas passé une semaine sans qu’un parti ou une association de son bord politique appelle le président à se succéder à lui-même, «afin d’achever l’œuvre de redressement» commencée depuis son retour au pouvoir en 1997.
Le Président Denis Sassou-Nguesso a tendance à maintenir le suspense. «Un peu plus d’un an nous sépare des prochaines élections. Rien n’oblige le camarade président du Comité central à dévoiler si tôt ses intentions», murmure-t-on dans son entourage.
Il n’est pourtant pas difficile de remarquer que le processus devant aboutir à ce quatrième mandat est presque déjà enclenché. Dans la capitale économique, par exemple, les autorités locales ont battu le rappel de la population. Pancartes, écriteaux et banderoles promettaient loyauté et fidélité à 100% au «candidat unique et naturel» de la majorité présidentielle, alors que le président n’y était qu’en visite de travail. Il y a mené une série d’activités économiques: lancement officiel de la troisième turbine de la Centrale électrique à gaz du Congo (CEC) et du Grand Moulin du Kouilou (GMK), puis inauguration des nouveaux quais du Port autonome de Pointe-Noire (PAPN) et de la minoterie du groupe SOMDIAA. Ces infrastructures sont censées matérialiser «l’engagement personnel du chef de l’Etat en faveur des populations de Pointe-Noire». Dans l’espoir qu’elles «sauront lui renvoyer l’ascenseur très bientôt», soupçonnent ses contempteurs.
En effet, Pointe-Noire n’est pas une étape comme les autres. La ville a, pendant l’élection présidentielle de 2016, «tourné le dos» au Président Sassou-Nguesso, en plébiscitant Jean-Marie Michel Mokoko, un des nombreux candidats de l’Opposition. Il y avait été aussi précédé par Guy-Brice Parfait Kolélas, un autre opposant. Mais le passé est le passé, et aujourd’hui, il ne serait plus question que de fidélité retrouvée, si l’on en croit les dirigeants locaux des partis de la majorité. «La visite du Président de la République à Pointe-Noire n’est pas fortuite», soutient un analyste politique, «tant son calendrier et son rythme devraient aller croissant jusqu’à l’annonce officielle de sa candidature», prédit-il.

Jean ZENGABIO