Les Congolais ont glosé sur le temps anormalement long depuis la prestation de serment du Président de la République. Sa victoire à l’élection du 21 mars a donné l’impression de choses rondement menées. Une campagne tambour battant, une élection paisible pour une affluence qui peine à convaincre, et un dépouillement rapide dans un pays où Internet avait été coupé… Tout cela a donné la sensation que le Président voulait aller vite.
Puis, cette léthargie inexplicable pendant que les ministres du Gouvernement sortant s’en remettaient aux féticheurs ou aux faux pasteurs pour se rassurer sur leur avenir personnel. «Quelques jours ou quelques semaines», avait promis le chef de l’Etat à sa cérémonie d’investiture, le 16 avril, pour la publication du nouveau Gouvernement. 20 jours après, Clément Mouamba a remis sa démission.
Reste le Gouvernement. Qui en fera partie, qui en sera éjecté, quelle dynamique le Président lui assignera-t-il ? Quelles chances de succès aura le Congo de recouvrer de la crédibilité sur les marchés des financements à la mise en place de la nouvelle équipe? Sera-t-il formé sur d’autres bases que les bases mono-ethniques qui gonflent certaines administrations et relèguent l’efficacité à plus tard?
En serons-nous encore à promettre de lutter contre la corruption qui désormais ne se cache plus et devient même comme une marque de fabrique? Le Congo se taille des habitudes qui semblent lourdes à corriger et réduisent lanceurs d’alerte et analystes objectifs à des antipatriotes. Comme si la patrie n’avait jamais existé en nous et que nous en avions une idée précise!
Donc, nous allons vivre allègres, dans le bonheur des promesses à venir. Nous pouvons dormir affamés, puisque demain l’idée de nous rassasier nous sera servie en abondance par les ministres qui viennent. Ils sont innocents, pétillant et frétillant de mille et une idées qui s’éteindront petit à petit. Cinq prochaines années à tenir ainsi !
Mais ne nous condamnons pas d’avance à la morosité. Car demain sera un autre jour. Finalement, avec un Gouvernement nouveau ou avec le même reconduit, nous vérifierons les changements aux résultats auxquels nous parviendrons.

Albert S. MIANZOUKOUTA