Une onde d’optimisme envahit tous les continents désormais avec l’annonce de la mise à disposition des peuples de vaccins réputés efficaces contre le coronavirus. Ils sont américains, européen, chinois et russe. A l’égal de l’angoisse qui s’est emparée du monde à la survenue d’une pandémie dont on ne sait toujours pas grand-chose, l’optimisme actuel permet de nouveau d’espérer en la vie, et même en un après-maladie.
Pourtant, tout comme le virus, il y a comme des foyers de résistance. Ici et là, on cultive le doute et la méfiance. Les thèses complotistes refont de nouveau surface. On parle de nouveau d’un virus intentionnellement fabriqué pour nuire, destiné à répandre plus le mal que le bien. Des dirigeants occidentaux de renommée, des populations en principe avisées, distillent la méfiance, surfant sur les aspects non-encore maîtrisés de cette pandémie.
En Afrique où les thèses complotistes prennent vite, on soupçonne que l’Occident ait mis au point une arme pour l’élimination de rien moins que la race noire! En appui de cela, on présente les thèses les plus biscornues. «Ne voyez-vous pas que le Continent africain a résisté plus qu’on avait prédit?». Ce serait la preuve qu’on nous voulait plus morts que vivants! Et d’échafauder toutes sortes d’hypothèses confortant des attitudes de dangereuse insouciance.
Parce que, pendant qu’on se perd en inutiles joutes pour savoir «si au Congo la COVID-19 existe bel et bien», le mal, lui, fait son chemin. Il ronge des pans entiers de nos communautés. Si cette semaine, le Congo a enterré son 100è mort du coronavirus, n’allez pas croire que la maladie a fait irruption en une seule semaine. Depuis mars de cette année, le virus s’est insinué, s’est transmis et a peut-être muté à la faveur de notre négligence à porter le masque, à nous laver régulièrement les mains, éternuer ou tousser dans le creux du coude.
Oui, les Etats-Unis disposent désormais de deux vaccins actuellement administrés à l’homme. Mais dans une pandémie où tous les discours ont prôné, en vain, la nécessité de la solidarité, qui sait combien nous compterons de morts avant que le premier congolais ordinaire soit vacciné! Notre désorganisation fera en sorte que nous devons compter, d’abord, sur les gestes à portée de main, avant d’oser espérer que l’année prochaine, à la même période, tous les Congolais seront vaccinés! Et si on y ajoute le scepticisme et le complotisme… !

Albert S. MIANZOUKOUTA