Face aux multiples échecs essuyés par différentes plateformes nées dans le feu du combat pour le respect de l’ordre constitutionnel en 2015, l’opposition politique réunie autour de Pascal Tsaty-Mabiala avait scellé le 23 juin 2018, l’alliance d’une nouvelle ère politique par la signature d’un mémorandum d’entente. Un projet fédérateur minimal devait sous tendre son action politique. Cela a fait flop!

La nouvelle plateforme de l’opposition portée sur les fonts baptismaux par onze partis politiques, en a compté quatorze, signe de son attraction. Voilà que cinq de ses leaders: Guy Brice Parfait Kolélas, président de l’UDH-Yuki; Raymond Timothée Mackitha, président du Front uni pour les républicains congolais (FURC), Paul Marie Mpouelé, président du Parti des républicains (PR), Abel Godefroy Boucka, président de l’Union patriotique des démocrates congolais (UPDC), et Paul Dihoulou, de l’Union pour la démocratie et la République (UDR-Mwinda), ont été rappelés à Dieu.
Deux autres leaders: Jean Jacques Yhombi-Opango, président du Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD) et Armand Mpourou, de la Dynamique pour le développement du Congo (DDC), avaient suspendu leur participation au sein de cette plateforme politique.
Constituée par l’ensemble des partis politiques ne soutenant pas l’action du Gouvernement, l’opposition congolaise s’était donnée la mission d’assurer une alternance démocratique dans le pays.
De ce fait, elle entendait être une alternative politique crédible; réaliser l’unité et la cohésion de l’opposition; exercer les prérogatives dévolues à l’opposition; contribuer à la consolidation de la paix et de la démocratie; participer à l’animation de la vie politique et du pluralisme démocratique; renforcer l’image de l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Résolument engagés sur la voie de la restauration de la démocratie, de la justice et de la défense des libertés fondamentales, les partis signataires de ce mémorandum ont réaffirmé leur engagement à lutter pour la mise en place d’une gouvernance électorale fiable et équitable. Pour cela, ils avaient exigé la refonte du fichier électoral à travers un recensement administratif spécial qui s’appuierait sur les données du recensement général de la population et de l’habitat de 2008; la mise en œuvre de la carte biométrique en 2021; la réécriture de la loi électorale de 2001; la réalisation d’un découpage électoral équitable; l’autonomisation administrative et financière de la Commission nationale électorale indépendante (CNEI); le renouvellement de la CNEI; le renforcement des moyens de lutte contre la fraude et la nomination, par le bureau de la CNEI des membres des commissions locales; le renforcement exclusif des opérations préélectorales et électorales par la CNEI; le plafonnement des dépenses de campagne électorale; la révision à la baisse du montant des cotisations pour les élections présidentielle, législatives, sénatoriales et locales. Tout cela a explosé en vol.
Sur son engagement à réaliser l’unité et la cohésion de l’opposition, ce rêve n’a été qu’un vœu pieux. L’opposition reste toujours divisée et empêtrée dans des querelles intestines, des conflits d’intérêt et de leadership. Difficile pour ces leaders de s’entendre et de s’accorder sur la nécessité de constituer une alternance crédible au pouvoir, une opposition organisée et disciplinée du fait de la nature hétéroclite des membres qui la composent et des comportements calculateurs qui la minent.
Aucun leader ne fait l’unanimité aux yeux des autres qui ne veulent aucunement entendre être dirigés par tel ou tel autre responsable de parti. Plusieurs membres de l’opposition congolaise ont des positions pas trop claires. Ce qui compromet l’unité et la cohésion en son sein est une équation difficile à résoudre tant il est vrai que l’opposition au Congo est seulement de circonstance et de temps.
Il y a eu des leaders de l’opposition qui sont allés à la majorité ou soutenir le candidat de la majorité et ceux de la majorité devenir des opposants quand leurs intérêts n’ont plus été assurés et garantis ou quand ils ont été déboutés du Gouvernement. La question du ventre est une vraie énigme.
Dans le domaine de la gouvernance électorale, son combat sur l’introduction de la biométrie, le découpage électoral et le plafonnement des dépenses électorales a laissé un goût d’inachevé.
Maintenant que l’opposition politique congolaise s’est vidée des poids lourds qui donnaient du crédit à cette plateforme, l’UPADS qui est restée le seul grand parti, aura-t-elle les moyens de sa politique pour mener à bien ce combat ou devrait-elle s’allier avec d’autres partis, afin de réaliser le chapelet de bonnes intentions annoncées par la plateforme lors de sa sortie officielle pour quitter le fatalisme et porter le rêve d’une alternance démocratique encore possible dans le pays?
«Plutôt que de camper dans les lamentations quasi obsessionnelles, notre conviction est de croire en la possibilité d’un autre destin, celui de l’émergence d’un Congo nouveau, un et indivisible qui fut le rêve des pères fondateurs de la République. C’est notre challenge. Ce jour, contre toute attente et déjouant tous les mauvais augures, nous voici enfin rassemblés autour d’un idéal partagé, celui d’offrir à notre pays d’autres perspectives», avait déclaré Pascal Tsaty-Mabiala.
Au vu des maigres performances récoltées sur ces chantiers, l’opposition donne l’impression de préférer le verbe à l’action.

KAUD