Au vu du torrent de boue que suscite le scandale allégué de détournement de fonds au FIGA, on en viendrait à déduire que le Congolais est devenu très sensible aux écarts de conduite. Surtout en matière de gestion des biens publics. Et que le premier qui sera pris la main dans le sac subira les rigueurs de la question !
Sur la ministre Lydia Mikolo, il ne passe pas de matin qu’on ne découvre qu’elle est, presque de manière atavique, attachée aux prébendes et aux raccourcis de gestion. Peut-être. La somme supposée avoir été détournée tournerait autour de deux milliards. C’est-à-dire une montagne d’argent que le Congolais moyen ne rêve même pas de dépenser en 20 ans !
Mais cette affaire pose au moins deux questions qui interrogent notre citoyenneté: veut-on s’en prendre à une ministre ou veut-on réprimer un crime économique? L’intéressant avec les réseaux sociaux c’est qu’ils sont leurs propres avocats défenseurs. C’est un tribunal dont le verdict est péremptoire, plaisant même, solidement arcbouté sur la vertu. En apparence.
Je ne prétends pas que Lydia Mikolo soit innocente. Je n’invoque même pas pour elle cette règle sacrée de la présomption. Après tout, frottée à ces fleuves d’argent et sans contrôle, il n’y a qu’elle pour nous dire ce qu’il en est des sommes supposées détournées. Nous sommes dans un pays où les intérêts des uns, animés par l’ambition des autres et le tribalisme de certains empêchent de voir clair en matière de gestion des grosses sommes d’argent.
Les raisons des nominations au sein des grandes institutions de l’Etat, les compétences imputées à tel ou tel autre influent du régime, les diplômes et qualifications ramenées de formation par nos experts: tout cela nous porte à croire qu’il se cache bien des pantouflards sous quelque pli d’un Conseil institutionnel. Et qu’il y a plus d’un escroc sous le parapluie de l’atavisme.
Avant le FIGA, il y eut le Fonds des générations futures (14 000 milliards). Et plus avant encore, des structures étatiques ou paraétatiques ont été emportées par la gloutonnerie de quelques cadres indélicats. Si cela s’est répété au fil des temps depuis l’indépendance, c’est que le ver a vraiment prospéré dans le fruit. Au point, peut-être, d’être devenu un vrai python, vu que l’anaconda ne vit pas sous nos latitudes.

Albert S. MIANZOUKOUTA