Considérés comme organisation terroriste par nombre d’acteurs internationaux, les Talibans se sont de nouveau emparés du pouvoir en Afghanistan à l’aide des armes, après en avoir été chassés par les Américains en 2001. C’est le dimanche 15 août dernier qu’ils ont fait irruption au Palais présidentiel à Kaboul, la capitale du pays. Mettant en déroute l’armée afghane et son Président, quelques semaines, après l’annonce du retrait de l’armée américaine de l’Afghanistan.

Les nouveaux occupants du Palais président de Kaboul «seront jugés sur les actes, et non sur les paroles». C’est le ton affiché par les déclarations des responsables occidentaux, mercredi 18 août dernier. Du Président français Emmanuel Macron la veille, à Boris Johnson, Premier ministre britannique et Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, et bien d’autres, ces nouveaux hommes forts du pays doivent faire preuve de «douceur», et non de «brutalité», qui les caractérise, selon un dirigeant européen.
Le mouvement au pouvoir à Kaboul a tenu une première conférence de presse à travers laquelle il se veut rassurant à l’égard des femmes, des minorités religieuses, des opposants et de la communauté internationale. Sans doute une stratégie pour s’attirer les faveurs des septiques qui restent marqués par la gestion «la radicalité» du mouvement pendant son premier règne.
L’utilisation des réseaux sociaux et des médias traditionnels souligne que les Talibans veulent désormais montrer qu’en 2021, ils ne sont plus les mêmes que ce qu’ils étaient entre 1996 et 2001, pendant leur premier règne. Pour Farouzeh Nahavandi, sociologue et professeure à l’Université libre de Bruxelles, en Belgique, les Talibans «se sont modernisés dans leurs discours. Ils sont maintenant très à même d’utiliser toutes les technologies de la communication. Ils veulent maintenir de bonnes relations avec la communauté internationale et les pays de la région».
Seulement, leur discours reste très dogmatique. L’intervention de leur porte-parole, mardi dernier, montre qu’«il n’y a pas réel changement de doctrine», poursuit celle qu’on désigne spécialiste de l’Afghanistan. «A chaque fois qu’il prononçait quelque chose en faveur des femmes, de pouvoir sortir, travailler et aller à l’école, c’était tout de suite contrebalancé par l’expression «dans le cadre de l’Islam, dans le cadre de nos valeurs».
A travers le monde, le retour aux affaires des talibans 20 ans après est perçu comme une tragédie humaine, au regard des actions et tueries qu’ils causent dans la population jour après jour.

Gaule D’AMBERT