La Société congolaise de production de cacao et de café (COFCAO) vient de lancer ses activités. Société de droit congolais, installée au village Elendjo, localité située à 7km de Souanké (Département de la Sangha). Erigée sur le site laissé par une société agricole créée en 1954 et disparue en 1975 avec la nationalisation, elle a lancé ses activités il y a deux mois.

L’action de la COFCAO s’étendra également dans la production des agrumes, l’apiculture et l’aquaculture. Cette société a été découverte grâce à une mission effectuée dans la Sangha du 18 au 24 août 2020 par deux organisations des Droits de l’homme, l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH) et la Rencontre pour la paix des droits de l’homme (RPDH). La mission a eu pour but d’éveiller les communautés locales et les populations autochtones à la gouvernance forestière pour limiter l’exploitation illégale du bois. Le nouveau code forestier, promulgué en juillet 2020, a été vulgarisé à cette occasion.
La ferme d’Elendjo développait des cultures de rente comme le café et le cacao et produisait également du fromage. Charles René Moussounda, directeur de la Communication et des relations publiques de COFCAO a expliqué que c’est une première du Congo. «Après cette exploitation privée, l’Etat avait pris le relais à l’époque de l’Office national de commercialisation des produits agricoles (ONCPA). Malheureusement, l’Etat n’avait pas suffisamment assuré des investissements permettant de pérenniser les activités de la ferme et les travailleurs n’étaient pas payés. Cette situation avait provoqué la fermeture de la ferme. Le relais est pris par COFCAO pour relancer les activités», a-t-il dit.
COFCAO est cogérée par deux Congolaises qui ont démarré avec un capital d’un million de Fcfa, ensuite porté à plus de 100 millions. «Il faut souligner que nous avons commencé nos activités à Sao Tomé et Principe où nous détenons 1.500 ha de plantation de cacao. Cela après deux ans d’activité. Au regard de ces efforts à l’extérieur, l’idée de la sollicitation du site qui avait abrité la ferme d’Etat que nous sommes en train de relancer. C’est en 2018, après notre retour de Sao Tomé et Principe que nous nous sommes implantés ici. Aujourd’hui, nous avons une pépinière de 68.000 plants qui sera affectée au site où nous allons implanter la cacaoyère. Nous disposons de 5.000 ha de la superficie totale de la ferme d’Elendjo. Nous allons d’abord ouvrir 50 ha. Notre personnel est mixte», a ajouté le chargé de la Communication.
Il a par ailleurs précisé que la population autochtone a aussi une place de choix dans l’entreprise. «Nous bénéficions des services de neuf autochtones. Nous sommes en train de préparer les logements des femmes qui seront spécialisées à l’entretien de la pépinière. Ici, il n’y aura pas d’hommes. Nous lancerons officiellement nos activités en octobre. La première production est attendue dans deux voire trois ans. L’Etat nous a octroyé ce site pour relancer les activités agricoles. Nous avons sollicité des avantages fiscaux et douaniers, parce qu’une société qui détient 5.000 ha pour promouvoir sa production, il faut bien du matériel».
Pour les agrumes, depuis les temps immémoriaux, il y a une orangeraie et une ananeraie qui produisent normalement, a-t-il poursuivi. Malheureusement, tous les plants étaient enfouis dans la végétation. Nous allons préparer ces plants pour l’ensoleillement et des soins assez sérieux pour une meilleure production. «J’exhorte les Congolais à s’intéresser à l’agriculture, parce que l’Etat est en train d’octroyer des moyens pour développer ce secteur».
A noter que la COFCAO réalise ses activités avec l’ONG «Les amis de la nature» créée en 2017. Le vice-président de l’ONG Michel Bagul Mekia a rassuré qu’actuellement l’ONG est à l’œuvre pour installer une pépinière. «Nous avons dans notre pépinière près de 20 mille plants de cacao. En culture cacaoyère, on ne détruit pas la forêt. Nous sommes ici depuis à peine deux mois et sommes confiants. C’est sûr que dans trois ou quatre ans, on aura les fruits de la production. Le sol de la Sangha est fertile».

Philippe BANZ