Bamenda, une ville située au nord-ouest du Cameroun, est en proie à une guerre sécessionniste qui oppose depuis quelques années l’armée camerounaise aux séparatistes de deux régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest de ce pays. D’où le déploiement d’un important dispositif sécuritaire et militaires dans les principales localités de ces régions. C’est ainsi que l’opération militaire pour sécuriser la ville de Bamenda, se poursuit. Opération dénommée «Bamenda Clean», en français: «Bamenda Propre», lancée mardi 8 septembre par l’armée pour tenter de neutraliser les groupes séparatistes. Plusieurs centaines de militaires ont été déployés en ville pour effectuer des contrôles d’identité. La tension est élevée, les séparatistes ayant intimé à la population de ne pas sortir.
Dès le lundi 7 septembre qui précédait le lancement officiel de l’opération, la plupart des rues étaient désertes, notamment dans les quartiers où l’armée est déployée. A entendre Joseph Ayea Chongsi, un des responsables de la société civile locale, «l’armée fait peur».
Il souligne qu’«Ils vont d’un quartier à l’autre, et effectuent des perquisitions chez les gens. Ils rentrent dans les maisons et pillent». «S’ils voient un transistor ou une télé, ils vous demandent si vous avez un reçu, et si vous n’en avez pas, ils vous dépossèdent de vos biens», explique Joseph Ayea Chongsi à la presse.
Les militaires «disent qu’ils cherchent des séparatistes», poursuit ce dernier. Mais, «les séparatistes ne se cachent pas chez les particuliers. L’armée le sait très bien. Est-ce qu’ils essayent de punir la population? Pourtant, ils demandent à cette population de les aider à identifier les séparatistes. Donc, je ne comprends vraiment pas pourquoi ils font cela, pourquoi ils harcèlent les gens, les intimident. En tout cas, tout le monde a peur», déplore-t-il.
Pour ce responsable de la société civile locale, le résultat est déjà contestable: «Cela donne l’impression que c’est un régime militaire et non un régime civil qui est en place. Et ce qui est encore plus embarrassant, c’est qu’il n’y a pas d’état d’urgence ou de couvre-feu, mais l’armée se comporte comme si c’était le cas». Le gouvernement camerounais n’a pas indiqué combien de temps durerait cette opération militaire.
A rappeler que cela fait trois ans que les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest sont secouées par des violences entre groupes séparatistes et militaires.

Gaule D’AMBERT