Près de 1,8 million de Centrafricains ont été appelés à élire leurs députés. Un jour de vote important alors que le premier tour du 27 décembre a été chaotique. S’il a permis la réélection du Président Faustin-Archange Touadéra au premier tour, 56 circonscriptions sur 140 n’avaient pas pu voter à cause de l’insécurité. En tout, 118 circonscriptions ont été soumises au vote dimanche 14 mars dernier.

Devant un bureau de vote qui a ouvert avec un petit peu plus d’une heure de retard, ce qui devrait décaler d’autant celle de la fermeture, l’ambiance était très calme. Ce n’était pas l’effervescence du 27 décembre, il n’y a pas eu de longues queues comme cela avait été le cas précédemment. Le taux de participation était sans doute l’un des enjeux de ce scrutin.
En ce qui concerne la sécurité, le dispositif était bien plus allégé qu’au mois de décembre. Quelques gendarmes étaient postés devant le bureau. Mais rien à voir avec le dispositif du premier tour: Bangui était alors en alerte maximale avec un déploiement très important des forces de l’ordre et de la MINUSCA dans toute la capitale à cause des menaces d’attaques de la coalition armée CPC.
Soixante-neuf circonscriptions ont repris le premier tour: là où il n’y avait pas pu y avoir de vote à cause de l’insécurité mais aussi dans treize d’entre elles où le scrutin a été annulé. Ces circonscriptions sont situées surtout dans le nord-ouest et le centre du pays, dans les zones qui étaient sous contrôle des groupes armés après l’offensive de la coalition CPC comme à Bambari, Bouar, ou Boda.
Le premier tour a aussi été rejoué dans les fiefs de l’opposition empêchés en décembre: comme à Bocaranga ou Bossangoa. Le deuxième tour lui s’est tenu dans 49 circonscriptions. Essentiellement dans les régions du sud du pays, comme à Obo Bangassou ou Mbaïki.
Les défis logistiques sont restés les mêmes qu’au premier tour, mais l’Autorité nationale des élections assure être prête dans l’ensemble des circonscriptions. Il s’agit d’élire les députés afin de permettre l’installation de la nouvelle législature avant le 3 mai prochain comme l’impose la Constitution.
Si le Mouvement cœurs unis, le mouvement présidentiel, dispose d’un grand nombre de candidats en lice ainsi que des indépendants qui lui sont favorables, les observateurs du Réseau arc-en-ciel estiment que ces élections en cours restent encore «compétitives» et «laissent une grande opportunité, pour une Assemblée pluraliste et équilibrée». Elles pourraient «favoriser un véritable contre-pouvoir en RCA» estime l’organisation.
Si le MCU convoite une large majorité, ce qui faciliterait l’application de la politique du président Touadera qui vient d’être réélu, la coalition d’opposition COD2020 reste officiellement sur sa position de retrait du scrutin estimant que les conditions ne sont pas réunies. Cependant, l’un de ses leaders Anicet-Georges Dologuélé a décidé de rester dans la course comme un certain nombre d’autres candidats de cette coalition.
La sécurité reste en effet «fragile» dans certaines localités, rappellent les observateurs du Réseau arc-en-ciel, malgré l’offensive des forces centrafricaines. La coalition armée, elle, diffuse des messages contradictoires quant à sa position sur le déroulé du scrutin et certains craignent des incidents sécuritaires dans les zones encore sous leur contrôle.
Seule l’Union africaine pour la communauté internationale a été sur le terrain avec une vingtaine d’observateurs répartis dans la capitale mais aussi dans cinq villes de province (Sibut, Damara, Boali, Bossembele, Mbaïki). Plusieurs organisations nationales ont eu des observateurs à Bangui et en région. Parmi elles, certaines s’interrogent sur leur mission alors que le couvre-feu de 20h est maintenu. Une dérogation a été accordée à l’Autorité nationale des élections et ses partenaires tels que la MINUSCA qui circulaient sous escorte des Forces de défense et de sécurité intérieure. La note des autorités ne précise pas ce qu’il en est des observateurs et journalistes.

Gaule D’AMBERT