Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2021, le Gouvernement va organiser à Madingou, chef-lieu du département de la Bouenza, une concertation politique. Une simple rencontre de routine ou un moment de dialogue véritable et d’entente, en vue d’avoir des élections libres, transparentes et crédibles qui ne feront l’objet d’aucune contestation? La cérémonie qui devait s’ouvrir ce mardi 24 novembre n’a pu démarrer pour cause d’impréparation et d’inorganisation.

Tant est-il que Madingou abritera la sixième rencontre du genre, après Brazzaville en 2009; Ewo, en 2011; Dolisie, en 2014; Sibiti, en 2016 et Ouesso, en 2018. Douze ans après, le ministère de l’Intérieur n’arrive toujours pas à impulser le rythme et à bien préparer les choses pour éviter de toujours donner cette image d’amateurisme.
Ce genre de rencontres se tient pratiquement tous les deux ans. Incompréhensible donc d’être pris au dépourvu. D’autant plus que son organisation avait été annoncée depuis le mois d’octobre. Les organisateurs avaient tout le temps pour bien préparer ces rendez-vous qui deviennent comme des simples rencontres de routine où les gens vont pour se faire les poches.
Plein d’acteurs politiques n’étaient pas jusqu’à samedi, informés de la date de la tenue de cette concertation à la dernière minute. Tout comme ils n’avaient pas, jusqu’à lundi, reçu les invitations officielles pour se rendre à Madingou, alors que les délégations ministérielles y sont déjà. Y compris quelques médias qui se sont rendus là-bas par leurs propres moyens. Le ministère n’a pas pris en charge les journalistes pour la couverture de cet événement, privilégiant comme d’habitude les acteurs politiques, ceux de la société civile et des confessions religieuses. D’où leur empressement.
D’ores et déjà, les partis de l’opposition congolaise et de la Fédération de l’opposition congolaise qui dénoncent le fait qu’ils ne soient pas invités, ont fait savoir qu’ils allaient boycotter cette rencontre qui, selon eux, n’aboutira à rien. Mais l’opposition modérée apporte, quant à elle, son soutien à cette initiative.
La concertation politique réunira les membres du Gouvernement et leurs collaborateurs, les partis et groupements politiques de la majorité, de l’opposition et du centre, les représentants de la société civile, les présidents des groupes parlementaires, les représentants des Institutions et administrations publiques, les représentants du corps diplomatique ainsi que des organismes internationaux.
Sous le patronage du ministre de l’Intérieur, la concertation de Madingou devrait, comme les précédentes, préparer les conditions pour que le peuple exprime librement ses choix, au travers de consultations électorales libres et transparentes.
Malheureusement, l’application d’une telle disposition fait toujours l’objet de contestations de la part des acteurs politiques, surtout de l’opposition, qui s’estiment lésés par le Gouvernement qu’ils accusent de ne pas respecter ses engagements et les recommandations prises.
Sachant que les élections peuvent être source de conflits pour les contestations qui en découlent parfois, Raymond Zéphirin Mboulou a toujours témoigné de la volonté du Gouvernement de travailler à la consolidation de la paix au travers d’un dialogue toujours ouvert et permanent.
Pour l’opposition, les recommandations issues des précédentes concertations n’ont pas totalement été respectées par le Gouvernement. A telle enseigne qu’une frange de l’opposition a rejeté le rendez-vous de Madingou et exigé un vrai dialogue sans exclusive.
Madingou pourra-elle, au travers de cette concertation, constituer le socle de l’unité, de l’entente, de la concorde, du dialogue, d’échanges et surtout de rappeler aux responsabilités des uns et des autres pour aplanir leurs divergences au détriment de l’intérêt supérieur: le Congo, petite nation de moins de cinq millions d’habitants avec ses 342.000 km2 ?.
A l’image de l’un des couplets de son hymne national, les acteurs politiques présents à Madingou sauront-ils faire oublier ce qui les divise, pour enfin arriver à un consensus autour de l’organisation des élections dans la transparence et sans contestations? «A Madingou, nous insisterons sur les mêmes revendications pour que les uns et les autres n’en profitent pour ramener le pays dans tout ce que nous avons connu auparavant», a déclaré Pascal Tsaty-Mabiala, au sortir de son audience avec le chef de l’Etat, le 21 novembre dernier.

Cyr Armel YABBAT-NGO