Décédé le 23 décembre 2022 à Kinshasa, en RD Congo où il a séjourné, des suites d’un malaise, à l’âge de 78 ans, l’artiste Bantous de la capitale a été porté en terre, samedi 14 janvier 2023, au cimetière privé Bouka de Kintélé, près de Brazzaville.

Après la levée de corps à la morgue municipale, une cérémonie de recueillement a été organisée à l’esplanade de la mairie de Ouenzé. En présence de Maurice Nguesso, président du bureau exécutif des Bantous de la capitale, des administrateurs-maires de Ouenzé Marcel Ganongo, de Djiri Ida-Victorine Ngampolo, du ministre honoraire Alain Akouala Atipault, etc. Avec à la clé, un concert animé par l’orchestre Les Bantous de la capitale et le groupe tékés de Mfoa Bissi Ndzoumou, dont le disparu était le fondateur. L’hymne des enfants de Ouenzé, entonné par l’administrateur-maire de Ouenzé et compagnie, a été un au revoir à l’artiste.
Dans l’oraison funèbre, Médard Milandou, le chargé de la communication du bureau exécutif des Bantous de la capitale, a souligné «qu’Ignace Makirimbia est né en avril 1944 à Brazzaville. Il a passé son adolescence et sa jeunesse à Kinshasa. Après avoir longtemps évolué aux tam-tams au sein des groupes traditionnels tékés de Brazzaville, il a tenté sa chance dans une carrière professionnelle à Kinshasa puis à Brazzaville, où il a presté dans plusieurs groupes. Moins connu du grand public, il est considéré comme l’un des meilleurs percussionnistes des années 60 et 70 des deux rives du fleuve Congo. C’est dans Vox Africa de Jeannot Bombenga qu’il démarre sa carrière musicale en 1966 aux côtés de Sam Mangwana, Ntessa Dalienst, Papa Noël Nedule. Sa maîtrise des rythmes rumba et afrocubains ont fait de lui la perle rare qu’il fallait avoir dans son groupe.
Après Vox Africa, il se retrouve avec Sam Mangwana dans l’African Fiesta National de Rochereau de retour de Montréal au Canada. Il est entraîné après par Mangwana qui vient de quitter l’African Fiesta dans le Festival des Maquisards qu’il vient de monter avec ses amis, Guivano, Dalienst, Lokombé, Dizzy Mandjeku, Diana. A la dislocation du Festival des Maquisards, Makirimbia est à la création de l’orchestre Continental de Me Taureau Gombé en compagnie de Josky Kiambukuta, Bopaul Mansiamina, Lokasa ya Mbongo, Wuta Mayi, Tino Mwinkwa, Siran Mbenza, Eddy Mahungu dans lequel il a joué presque toutes les chansons à succès de ce grand orchestre.
En 1972, il participe à la naissance de l’orchestre Bella Bella des frères Soki et sort la chanson Emilie Molangi. Très proche de Sam Mangwana, il quitte Bella Bella pour le rejpondre dans Afrisa International de Rochereau Tabu Ley qu’il intègre avec le statut de musicien indépendant. Et Mangwana ne reste pas longtemps dans l’Afrisa International qu’il quittera au profit de l’Ok Jazz de Franco. Lors d’un déplacement de l’Ok Jazz au Tchad, Luambo Makiadi «Franco» va le débaucher pour les accompagner, il joue pendant un bout de temps dans cet orchestre.
De retour à Brazzaville, il passe dans les Trois Frères avec Loko Massengo, Michel Boyibanda et Youlou Mabiala qu’il suit dans Kamikaze où il retrouve Souza Vangu. En 2000, il séjourne quelques temps chez les Bantous avant d’aller renforcer Bana Poto-Poto de Bienvenu Faignond et Souza Vangu aux côtés des saxophonistes Coplan et Adampot. A la mort de Souza Vangu qui a dirigé Bana Poto-Poto suite au décès de Bienvenu Faignond, en 2012, Ignace Makirimbia regagne Les Bantous de la capitale jusqu’à sa mort.
La disparition de Makirimbia surnommé «Mignon»par sa mère est une perte énorme pour Les Bantous de la capitale et pour la musique des deux rives, lui qui a été considéré comme le digne successeur des grands percussionnistes tels que Dessouin, Pandi Saturnin..»
Peu avant, Horty Mabama, petite fille d’Ignace Makirimbia, a lu le mot de circonstance de la famille, dans lequel elle a rappelé notamment que «Makirimbia a été un rassembleur, un pilier de la famille. Il a partagé sa vie avec les autres…»

Alain-Patrick MASSAMBA

TEMOIGNAGES:

Maurice Nguesso, président du bureau exécutif des Bantous de la capitale: «Cette disparition est un regret généralisé pour tous ceux qui aiment la musique que de perdre un homme de valeur. C’est vraiment le regret de tout le monde, il n’ y a pas une autre définition. Pour Les Bantous, Makirimbia va nous manquer de beaucoup».
Ida-Victorine Ngampolo, administrateur-maire de Djiri et mélomane: «Nous avions encore besoin de lui, puisque dans la tradition téké, au sein de l’orchestre Bantous, il y a mis sa touche. Je sais qu’il est allé dans plusieurs orchestres, mais là, il s’était stabilisé chez Les Bantous, je pensais qu’il y resterait. Bon, mais c’est vraiment dommage!»
Le maire Marcel Ganongo, passionné de la sape et de la musique: «Makirimbia était un grand artiste. Il avait rejoint Les Bantous de la capitale grâce à Kabako Lambert». Il a fait ses preuves partout où il est passé».
Jean-Aive Allakoua, artiste-musicien de l’orchestre Bala Bala: «Ce grand vide laissé par l’as de la percussion ne peut être comblé. C’est un artiste qui s’en va avec son talent, parce que son instrument va pratiquement disparaître, et surtout la manière dont il l’avait arrimé à la modernité. Mais, le grand regret c’est que tous ces grands artistes partent presque dans l’anonymat à la différence des grands talents qu’ils ont et des plaisirs qu’ils ont procurés».
L’esplanade de la Mairie de Ouenzé sera désormais dénommée «Espace Bantous de la capitale». Chaque dimanche, l’orchestre Bantous s’y produira, selon sa disponibilité. L’information sur cette initiative du président Maurice Nguesso a été livrée au public par le maire de Ouenzé.