Le front social est en ébullition depuis maintenant plusieurs semaines. L’éducation, la santé, les transports en commun et bien d’autres secteurs connaissent des tensions avec des grèves annoncées ou en cours. Cependant, il faut noter que la source des mouvements d’humeur diffère d’un front à un autre, même si tous les membres appartenant à ces entités se heurtent à la dureté du quotidien.

Les enseignants de différentes catégories sont dans l’émoi, alors que la rentrée scolaire a eu lieu mardi 1er octobre 2024. Certains enseignants attendent encore leurs bourses et d’autres leur intégration à la fonction publique.
Au centre hospitalier universitaire de Brazzaville, le plus grand établissement sanitaire du pays, les travailleurs attendent des mois pour rentrer en possession de leurs salaires. Jeudi 26 septembre dernier, la délégation de la Fédération syndicale des travailleurs de la santé et des affaires sociales (FESYTRASAS), conduite par son secrétaire général Berthelet Zebal, a rencontré le premier vice-président de l’Assemblée nationale, Léon Alfred Opimbat. Elle lui a présenté et fait le point des préoccupations des agents du plus grand établissement sanitaire du pays : un retard de deux mois de salaire et trois mois d’arriérés auxquels s’ajoutent les allocations familiales non versées depuis plusieurs années.
A l’université Marien Ngouabi, après avoir lancé le 26 septembre un préavis de grève de 72 heures, la coordination de l’intersyndicale a lancé lundi 30 septembre un appel au débrayage, paralysant ainsi toutes les activités pédagogiques. C’est une grève générale et illimitée.
Le secteur des transports n’est pas épargné par cette turbulence dans le front social. L’intersyndicale des transporteurs du Congo souhaite échanger avec le Premier ministre, chef du Gouvernement, Anatole Collinet Makosso, au sujet de l’augmentation des tarifs de transport en commun. Le but recherché est de trouver un compromis profitable aux deux parties. Le délai fixé, c’est jusqu’au 7 octobre 2024 face à la léthargie du ministère des Transports. Selon l’intersyndicale, c’est depuis 2023 que le ministère des transports manifeste une volonté négative dans le traitement de ce dossier. De leur côté, les travailleurs de la Société de transport public urbain (STPU) attendent dix mois de salaire.
Au regard de l’ensemble de ces revendications, les travailleurs deviennent des dossiers et non des serviteurs. L’Etat est incapable d’assumer ses responsabilités. Les travailleurs sont souvent ‘’valsés’’ quand ils revendiquent leurs droits. Les pouvoirs publics jouent avec la précarité des employés. Ceux-ci ont perdu patience à cause des promesses non réalisées. L’Etat sérine que les choses vont s’arranger. Pourtant, les revendicateurs sont moins intransigeants. Le Congo est un patrimoine commun. Rendre le sourire aux travailleurs, c’est les rendre heureux. Les rendre heureux est un leitmotiv, quelle que soit la manière. Lorsque l’Etat ne remplit pas son devoir, il y a une non-assistance à personne en danger. Pour les travailleurs, lorsque le combat est juste, il ne faut jamais l’abandonner, même quand l’Etat devient aveugle et sourd.

Philippe. B.