Depuis quelques temps, des soupçons pesaient sur Léandre Nzué, maire de Libreville, l’accusant de corruption. L’affaire a fini par prendre des proportions plus importantes au point de le placer sous mandat de dépôt mardi 15 septembre 2020, après avoir été inculpé par un juge d’instruction de 11 chefs d’accusation.

L’édile municipal avait été hospitalisé la veille à la suite d’un malaise lorsqu’il était déféré au parquet de la Cour criminelle spéciale de la capitale gabonaise. Le procureur de la République de Libreville, André-Patrick Roponat, a déclaré qu’un rapport médical indiquant «un état général de santé normal» avait été établi par un médecin, après 24 heures d’observation de Léandre Nzué à l’hôpital. Le magistrat a précisé que le maire a lui-même signé une «décharge» avant d’être amené de nouveau au tribunal pour y être inculpé.
Elu en février 2019, Léandre Nzué avait été interpellé et placé en garde à vue à la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire, les services de renseignement gabonais. Sa détention intervient alors qu’un conseil budgétaire était les 17 et 18 septembre, afin d’examiner les comptes de Libreville.
Plusieurs de ses collaborateurs ont, eux aussi, été interrogés ces jours-ci par les services de la contre ingérence. Selon les témoignages, les convocations du vendredi obligent souvent la personne concernée à passer le week-end dans les geôles.
Léandre Nzué avait affirmé publiquement procéder à des recrutements au sein de la mairie de Libreville dans l’attente d’un retour d’ascenseur. Un clientélisme qui s’apparente à des emplois fictifs et est puni par la loi. Cette déclaration avait été condamnée par l’ensemble des membres de son parti politique, le Parti démocratique gabonais (PDG). Mais, les membres des groupes politiques au sein de la mairie de Libreville, l’ont en revanche, soutenu.
L’opinion considère que ces derniers bénéficient des largesses financières du maire de Libreville, et qu’ils pourraient à leur tour se retrouver embourbés dans un grand scandale de corruption. C’est un feuilleton qui risque de s’allonger!

Azer ZATABULI