Pascal! Ta retraite politique survenue dans un contexte politique dramatique, il y a deux grosses décennies, ta retraite avait plongé dans un deuil dont rien ne pourrait les consoler, ta famille, bien sûr, mais aussi tous ceux qui avaient placé en toi l’espoir du salut du pays : une bonne frange de l’élite cultivée, les petites gens du petit peuple besogneux de bidonvilles et des villages, et naturellement tes compagnons de lutte et toute ta famille politique. Le deuil de ta retraite définitive, ta disparition, vient s’ajouter à la cruauté du premier deuil.

C’est en leurs noms à tous que je prends la parole ici, pour te dire, dans les larmes, notre dernier adieu. Ta famille, tes amis, tes amis de lutte te pleurent. Mais au vrai, qui hommes ou femmes, dans toutes ces foules qui t’avaient adopté, ne te pleure?
Ta venue aux affaires et ton humanité dans la gestion des affaires publiques, ton respect des règles et des valeurs de l’Etat républicain, avaient rendu fierté et dignité à un peuple humilié par des décennies du pouvoir autocratique et injuste. Qui l’oublierait?
Pour chacun de nous, ta venue aux affaires fut promesse d’épanouissement personnel, garantie de sécurité psychologique et matérielle. De sorte que, à ton passage, la foule joyeuse, comme un cri de reconnaissance et de ralliement, te lançait «ya ba colère vé».
Hourra pour l’homme de paix. Et qu’est-ce donc que l’homme de paix, le démocrate n’aurait pas accompli pour son peuple tant aimé, si les ennemis de la paix et du peuple ne l’avaient empêché d’aller au bout de son rêve?
En avance sur la pensée politique de bien de ses collègues du Continent, il affirmait, devant son peuple un peu dubitatif, l’évidence du développement du pays par la science et la technologie qui sont, nous le savons après lui, le socle de la grandeur de toutes les sociétés industrialisées du monde; l’industrialisation d’un pays étant la conséquence du développement de la science et de la technologie et non d’abord les incantations des partis politiques.
Pascal, t’entendant, tes adversaires politiques qui n’ont pas ta clairvoyance et ton génie visionnaire te tournaient en dérision. Le chaos où ils ont mis le pays après toi, pour ne t’avoir pas compris, te donne raison, même à leurs yeux. Oui, avec ton départ, notre pays le Congo perd un de ses plus grands fils. Et pour la justesse de sa vision politique, la fierté de l’Afrique toute entière. Tu comprends donc, Pascal, l’immensité de notre chagrin. Reste donc, même dans le
silence du tombeau, la parole qui nous élève et oriente notre combat.
Pascal, aujourd’hui, la terre française de Perpignan t’accueille.
Mais ta terre, la terre congolaise, la terre de tes ancêtres, t’attend.