La Semaine Africaine, doyenne des organes de presse privée au Congo, célèbre de manière différée, du 14 au 16 octobre 2022, le 70è anniversaire de sa création. Elle fut portée sur les fonts baptismaux le 4 septembre 1952 par le révérend père Jean Legall, prêtre missionnaire spiritain de nationalité française. Né le 21 août 1919 à Landudec, en France, il arrive au Congo en 1946. Après avoir rempli loyalement sa mission en terre congolaise, il regagne son pays natal où il décède le 13 mars 2015 à l’âge de 96 ans. Le thème choisi pour ce jubilé est: «70 ans de La Semaine Africaine, en marche vers le numérique».

Diffusée à sa création en Afrique Equatoriale Française (AEF), regroupant le Congo, la Centrafrique, le Tchad et le Gabon, La Semaine Africaine a accompagné les indépendances des pays africains. Elle a vu venir les premiers coups d’Etat et les diverses mutations politiques, et joué un rôle déterminant dans la vie de l’Eglise catholique du Congo.
Père Jean Legall avait défini la ligne éditoriale de son journal (voir texte Notre Programme). Durant 70 ans, le journal a mis en exergue l’activité de l’Eglise et rendu compte des évènements qui marquent son évolution.

Les origines chrétiennes du Haut-Congo

Pendant de longues années, c’est à peine si l’on s’aventura au fond de l’Estuaire du Gabon et dans le fleuve Ogooué, qui se jette à la mer presque sous l’Equateur. Les populations étaient belliqueuses et la France n’avait point l’habitude de s’imposer par la violence et la force des armes. Force était donc aux missionnaires de se confiner eux aussi à la côte. Cependant, leur activité apostolique ne se contentait pas de l’étroit espace de terrain sur lequel était limitée leur action. Dès 1870, ils descendaient au sud et voulurent s’implanter sur les bords de cet immense Congo, dont le volume considérable laissait facilement deviner l’importance. Un peu au nord du Congo et près de la baie Cabinda, existait un point important où un commerce intense amenait une foule de noirs de l’intérieur. C’était Landana. Le père Duparquet, bien connu des savants par ses nombreux travaux de botanique, s’y installa avec le père Hyppolite Carrie, et une mission fut fondée, qui devint bientôt florissante. Les européens lui avaient donné le nom de Jardin de la côte. Au cours de l’année 1880, De Brazza, déjà connu par ses brillants voyages dans l’Ogooué, arrivait à la mission de Landana. De Brazza ne tombait pas en pays étranger et il fut reçu avec un empressement vraiment fraternel. Dans un intéressant entretien, De Brazza raconta au père Hyppolite Carrie les péripéties de son dernier voyage. Il lui annonça qu’il avait conclu un important traité avec le chef Makoko dans le Haut-Congo et il ajouta qu’il avait laissé sur les bords du Stanley-Pool un poste français sous la garde du sergent Malamine. Ne sachant pas quand et comment il pourrait retourner dans le Haut-Congo, De Brazza fit de vives instances auprès du père Hyppolite Carrie, en lui demandant d’envoyer là-haut des missionnaires. Un jeune missionnaire âgé de 17 ans, le père Prosper Philippe Augouard écoutait attentivement les paroles de l’explorateur franco-italien déjà célèbre et, comme il le disait lui-même plus tard, il se demandait avec anxiété s’il serait le père désigné par cette patriotique et intéressante mission.

Panorama des diocèses du Congo

Le Vicariat apostolique du Haut-Congo français a été érigé le 14 octobre 1890, suite à la division du Vicariat du Congo français, modifié sous le nom de l’Oubangui, le 15 janvier 1894. Il est divisé sous le nom du Moyen-Congo le 8 mai 1909 ou préfecture de l’Oubangui-Chari. Il prend le nom de Brazzaville le 21 juin 1922. Tout commence le 21 décembre 1950 lorsque la Sacrée Congrégation de la propagation de la foi créée le vicariat apostolique de Fort-rousset, qui comprenait toute la partie Nord du vicariat apostolique de Brazzaville, partant de la Léfini jusque dans les départements septentrionaux du Congo. L’instauration de la hiérarchie ecclésiastique en Afrique, obligea le Saint-Siège a transformé les vicariats apostoliques en diocèse. En Afrique francophone, les chefs des territoires ecclésiastiques portaient le nom, soit de vicaires apostoliques, soit de préfets apostoliques. Seuls les vicaires apostoliques étaient nommés évêques. Le 14 septembre 1955, le Vicariat apostolique de Fort-Rousset devient diocèse d’Owando, tout comme celui de Brazzaville érigé en archidiocèse. Entre temps, en 1954, Rome accepte la démission de Mgr Paul Biechy et le 18 juillet de la même année, il décide le transfert de Mgr Michel Bernard de Conakry à Brazzaville.
Vicariat apostolique de Brazzaville devenu Archidiocèse
Erigé en archidiocèse le 14 septembre 1955 par le Pape Pie XII, Il couvrait la commune de Brazzaville et le département du Pool, notamment les localités de Goma Tsé Tsé, Linzolo, Igné, Ngabé, Odziba, Imvouba, Mbé, Léfini. Il s’étendait sur une superficie de 14, 450 km². Il a connu quatre vicaires apostoliques, tous spiritains: NN.SS Prosper Philippe Augouard (1880-1921), Firmin Guichard, Paul Biéchy et Michel Bernard
Ceux qui se sont succédé
NN.SS Michel Bernard (1955-1964), Théophile Mbemba (1964-1971), Cardinal Emile Biayenda (1971-1977), Barthélémy Batantu (1978-2001), Anatole Milandou (2001-2021), Bienvenu Manamika Bafouakouahou: 2021.

A propos du cardinalat d’Emile Biayenda.

En effet, le vendredi 2 février 1973, l’extraordinaire nouvelle tombe et une joie remplie les cœurs de la chrétienté de Brazzaville, en particulier et du Congo, en général, le Pape Paul VI vient de le créer cardinal, à l’âge de 56 ans. C’est le tout premier dans l’histoire de l’Eglise du Congo et le plus jeune de l’Afrique noire francophone. Le décret papal signé le 18 janvier 1973 a été rendu public depuis Bangui par Mgr Tagliaferri, nonce apostolique. A cette occasion, le Gouvernement congolais lui décerne la distinction de la médaille de commandeur dans l’Ordre du mérite congolais.
Le début de son épiscopat ne sera pas du tout aisé puisque le Parti congolais du travail (PCT), parti Etat, et l’Armée populaire nationale (APN) prennent la résolution de ne plus célébrer les messes et autres célébrations liturgiques dans les casernes militaires. C’est le début d’un bras de fer entre l’Armée et l’Eglise. Mais Mgr Emile Biayenda en sort victorieux après l’assentiment du président de la République. Tout de même, en sept ans d’épiscopat y compris quatre ans de cardinalat, il a ordonné sept prêtres, dont le père Ernest Kombo de la Compagnie des jésuites le 8 juillet 1973 en la Basilique Sainte-Anne et l’abbé Anatole Milandou le 23 juin 1974 en l’église Sainte Monique de Kinkala. Après huit ans d’épiscopat, le Cardinal Emile Biayenda est assassiné le mardi 22 mars 1977, après son enlèvement par trois personnes venues le chercher à l’archevêché à bord d’une jeep militaire.

Le récit des tristes jours de mars 1977

Ceux-ci restent pour beaucoup de Congolais une période inoubliable fixée avec du sang. Une des périodes les plus sombres de l’histoire du monopartisme, avec les assassinats du Président Marien Ngouabi et du Cardinal Emile Biayenda.
A propos de l’assassinat du Président Marien Ngouabi, le Cardinal Emile Biayenda déclarait: «A tous nos frères croyants, du nord, du centre et du sud, en souvenir du Président Marien Ngouabi, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et de toutes tribus, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix que nous souhaitons tous». C’est un appel qui fut lancé le matin du mardi 22 mars 1977, au cours d’une réunion du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo.
Les vicaires généraux qui se sont succédé: Théophile Mbemba, Sébastien Zoubakéla, Anatole Milandou, Marcel Miayoukou, Jacques Bouekassa, Léonard Milongo,
Vicariat apostolique de Fort-Rousset devenu Diocèse d’Owando, puis Archidiocèse
Erigé le 14 septembre 1955, six évêques et un administrateur apostolique ont œuvré dans ce diocèse: NN.SS Emile Verhille (1955-1968), Benoît Gassongo (1968-1970), Georges Firmin Singha (1970-1988), Ernest Kombo (1988-2008), Louis Portella Mbuyu, administrateur apostolique (2008-2011) suite à la mort de Mgr Kombo, Victor Abagna Mossa, depuis 2011.
Vicariat apostolique de Loango devenu diocèse puis Archidiocèse de Pointe-Noire
Erigé en diocèse le 14 septembre 1955, puis archidiocèse de Pointe-Noire le 30 mai 2020. Ceux qui se sont succédé: Jean-Baptiste Fauret (1955-1975), Godefroy Emile Mpwati (1975-1986), Georges Firmin Singha (1986-1995), Jean-Claude Makaya Loemba (1995-2013), Angel Miguel Olaverri Arroniz, depuis 2013
Diocèse de Nkayi
Erigé en 1984, suite au démembrement du diocèse de Pointe-Noire.
NN.SS Ernest Kombo, Bernard Nsayi, Daniel Mizonzo, depuis 2002

Diocèse de Ouesso

Erigé le 6 août 1983 par le Pape Jean-Paul II, ce diocèse a connu trois évêques: Hervé Itoua (1983-2006), Yves Marie Monot (2006, puis 2008-2022) et Gélase Armel Kema, depuis 2022
Diocèse de Kinkala
Erigé le 3 octobre 1987, suite au démembrement de l’archidiocèse de Brazzaville.
NN.SS Anatole Milandou (1987-2001), Louis Portella Mbuyu (2002-2020), Ildevert Mathurin Mouanga, depuis 2021
Préfecture apostolique de la Likouala, puis diocèse d’Impfondo
Erigé en préfecture le 15 décembre 2000, puis diocèse le 11 février 2011.
NN.SS, père Jean Gardin (2000-2020) et Daniel Franck Nzika, depuis 2000
Diocèse de Gamboma
Erigé le 22 février 2013, suite au démembrement du diocèse d’Owando. Le Pape Benoît XVI a nommé l’abbé Urbain Ngassongo évêque du nouveau diocèse.
Diocèse de Dolisie
Erigé en 2013, ce diocèse a connu deux évêques: Bienvenu Manamika Bafouakouahou (2013-2022) et Toussaint Ngoma Foumanet, depuis le 31 juillet 2022.
L’histoire de la Conférence épiscopale du Congo (CEC)
C’est en 1971 que furent organisées les premières rencontres et regroupaient NN.SS Théophile Mbemba (Archidiocèse de Brazzaville), Georges Firmin Singha (diocèse d’Owando) et Jean-Baptiste Fauret (diocèse de Pointe-Noire)
Présidence
NN. SS Théophile Mbemba (8 février-14 juin 1971), Emile Biayenda (1971-1977), Georges Firmin Singha (1977-1986), Barthélemy Batantu (1986-1993), Bernard Nsayi (1993-1997), Anatole Milandou (1997-2003), Ernest Kombo (2003-2006), Louis Portella Mbuyu (2006-2015), Daniel Mizonzo (2015-2022), Bienvenu Manamika Bafouakouahou (2022…).

Secrétaires généraux

Père Jean-Claude Pariat (spiritain de 1973 à 1978); les abbés Dominique Kimbembo (1978-1985), Bernard Nsayi (1985-1988), François De Paul Moundanga Ibéni (1988-1995), Pierre Zatuli (1995-1999), Charles Mabiala Pambou (1999-2001), Alphonse Taty Mboumba (2001-2012), Urbain Ngassongo (2012-2013), Armand Brice Ibombo (2013…).
Aujourd’hui, l’Eglise catholique au Congo compte trois archidiocèses: Brazzaville, Owando et Pointe-Noire; six diocèses suffragants: Ouesso, Kinkala, Nkayi, Impfondo, Gamboma, Dolisie. Ils ont été dirigés ou sont dirigés par 24 hauts prélats: 17 évêques (13 Congolais et 4 expatriés), 7 archevêques (5 Congolais et 2 missionnaires). Depuis le 30 mai 2020, l’Eglise catholique au Congo a été érigée en trois provinces ecclésiastiques: Province ecclésiastique du Centre (PEC) qui comprend l’archidiocèse de Brazzaville et les diocèses suffragants de Kinkala et Gamboma; Province ecclésiastique du Nord (PENORD) qui comprend l’archidiocèse d’Owando et les diocèses suffragants de Ouesso et d’Impfondo; Province ecclésiastique du Sud-Ouest qui comprend l’archidiocèse de Pointe-Noire et les diocèses suffragants de Nkayi et Dolisie.
La Semaine Africaine a accompagné l’Eglise du Congo, et celle de l’Afrique centrale dans leurs multiples activités: ordinations diaconales et sacerdotales, nominations, ordinations épiscopales et prises de possession canonique de siège diocésain, installation de curés et anniversaire de paroisse, vœux temporaires et perpétuels des religieuses de diverses congrégations. Parmi les rubriques qui font la fierté, il y a: «Vie de l’Eglise» qui est un poumon du journal et qui attire de nombreux lecteurs, prêtres comme laïcs. On y trouve des nouvelles des paroisses et des diocèses, des textes bibliques du dimanche avec commentaires de l’homélie des prêtres choisis, des lettres pastorales des évêques, des réflexions théologiques, des nouvelles du Saint Siège, ainsi que d’autres informations utiles comme celles des confessions religieuses sœurs, membres du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes. C’est un travail titanesque et intellectuel qui se fait dans des conditions pas toujours aisées, avec beaucoup de peines et de difficultés. La Semaine Africaine demeure un journal de référence. Sa vision internationale et la pertinence de ses informations ne l’éloignent guère de sa vocation d’être avant tout un journal de l’Eglise catholique, un outil pastoral de grande envergure aux mains des évêques de la Conférence épiscopale du Congo. La diversité de ses rubriques, notamment celle consacrée à la vie de l’Eglise, attire bien des lecteurs, prêtres, laïcs et fidèles d’autres confessions religieuses. A sa création en 1952, ce journal est régulièrement paru, malgré les difficultés financières.

De la nécessité d’aider les médias d’Eglise

La Semaine Africaine est l’un de ces médias qui souffrent énormément des difficultés financières, à l’instar des autres organes de presse comme Radio Magnificat, la Mémoire cardinal Emile Biayenda, la chaine de télévision émettant sur Youtube. Lors de la clôture de la session pastorale précédant l’ouverture de l’année pastorale 2022-2023, Mgr Bienvenu Manamika Bafouakouahou, archevêque métropolitain de Brazzaville et président de la Conférence épiscopale du Congo a invité les curés de paroisse, les fidèles laïcs du Christ et les hommes de bonne volonté à soutenir financièrement les médias dans toutes leurs formes, afin de les sortir de la précarité. La pastorale de l’évangélisation est à ce prix.
Au cours des soixante-dix ans écoulés, La Semaine Africaine a reçu plusieurs distinctions, pour sa participation aux divers reportages, notamment politiques, économiques, sportifs, culturels, religieux et associatifs; ainsi que pour ses éditoriaux. Journal de référence, de nombreux partenaires sollicitent La Semaine Africaine pour la couverture médiatique de leurs activités. La Semaine Africaine veut s’implanter dans tous les diocèses du Congo avec l’appui des ordinaires des lieux en ayant un correspondant sur place, journaliste de préférence, ou simple fidèle laïc.

Pascal BIOZI KIMINOU