Dans notre édition n°4037 du mercredi 24 février 2021, en page 10, nous avons publié la première partie de la lettre pastorale de Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, intitulée: «Chrétien de Brazzaville, vis enfin ton baptême!». Ci-après la suite et la fin de cette lettre pastorale.

23. Quant aux biens laissés par le défunt, ceux-ci éveillent souvent les appétits les plus fous. Si on peut permettre à la veuve de récupérer ses biens propres, il est de plus en plus considéré comme normal de la priver de l’héritage laissé par son mari et qui lui revient de droit, à côté de la part des enfants. Ceci se passe même dans des familles dites chrétiennes, encouragées parfois dans ces actes païens par les responsables des Mabundus (mouvements d’apostolat), voire par des personnes consacrées.

24. Mais ne jetons pas l’opprobre sur tout le monde. Je me dois de féliciter aussi tous ceux de nos chrétiens qui agissent selon la foi de l’Eglise, qui respectent la veuve et les orphelins, par exemple en les laissant continuer de vivre dans la maison où ils sont nés et où ils ont grandi, mieux en leur donnant aussi les moyens de poursuivre une vie digne, de grandir dans de bonnes conditions. Ces bons exemples doivent nous motiver à dénoncer et à condamner avec la dernière énergie tous ces faux chrétiens et toutes ces personnes consacrées cupides, qui maltraitent la veuve et l’orphelin, faisant fi du testament du De Cujus, accaparant tous les biens, spoliant de la sorte les premiers ayant-droits, la veuve et l’orphelin, objets pourtant de toute la sollicitude divine (Cf. Ex22, 20-26). Ces drames de la versatilité, de la malhonnêteté, de la cupidité et de l’égoïsme ont tué et continuent de tuer la famille congolaise. Si ce n’est pas à nous les baptisés que revient l’obligation de changer ce monde sans justice ni compassion, qui donc le fera, dites-le-moi?

25. Et comme si ces drames ne suffisaient pas, voilà que de nouvelles théories, je dirais même des idéologies saugrenues viennent assombrir l’univers déjà troublé de la veuve et du veuf. Des idéologies qui bafouent la dignité de la personne humaine, qui nient les droits de la veuve et du veuf. Aujourd’hui, il est par exemple inculqué à la veuve la nécessité, voire l’obligation de se livrer au premier homme venu ou à la première femme, et d’avoir un acte sexuel pour pouvoir, paraît-il, conjurer la malédiction qui pèserait sur la veuve ou le veuf, qui les condamneraient à perdre successivement les prochains conjoints ou conjointes. Pour cela, on agite le spectre du «botutu» ou «lufwakasi», sorte de malédiction qui consisterait, pour un veuf de perdre successivement les femmes qu’il épouse, pour une veuve de perdre les hommes qui viendraient à l’épouser après veuvage ! Combien d’hommes ou de femmes n’ont-ils pas contracté le virus du VIH par ces pratiques abjectes et magico-primitives?

Peuple congolais, un peuple qui refuse la modernité

26. Le comble c’est que toutes ces pratiques moyenâgeuses se développent dans notre monde marqué par de grandes découvertes scientifiques et par des progrès techniques rapides et profonds, que soulignait déjà en son temps le Concile Vatican II dans sa constitution pastorale: «Le genre humain vit aujourd’hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent peu à peu à l’ensemble du globe. Provoqués par l’homme, par son intelligence et son activité créatrice, ils rejaillissent sur l’homme lui-même, sur ses jugements, sur ses désirs, individuels et collectifs, sur ses manières de penser et d’agir, tant à l’égard des choses qu’à l’égard de ses semblables. A tel point que l’on peut déjà parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse» (Cf. Gaudium et Spes n°5). Et le Concile de conclure par une invitation à changer de mentalité, à nous libérer des superstitions: «Les conditions nouvelles affectent enfin la vie religieuse elle-même. D’une part, l’essor de l’esprit critique la purifie d’une conception magique du monde et des survivances superstitieuses, et exige d’autre part, une adhésion de plus en plus personnelle et active à la foi, nombreux sont ainsi ceux qui parviennent à un sens plus vivant de Dieu» (Cf. Gaudium et Spes n°6).

27. Mais, les Congolais, eux, semblent avoir choisi de ramer à contre-courant de la marche du monde civilisé, préférant s’enfermer dans l’obscurantisme. En effet, en observant les comportements de nos compatriotes et en scrutant les agissements de leur vécu quotidien, pouvons-nous prétendre que nous vivons dans une société moderne, libérée des superstitions les plus rétrogrades? Non! Force est de constater que malgré l’évolution et le développement du monde dans lequel nous vivons, malgré les progrès techniques de notre temps auxquels nous sommes pourtant tous attachés, nous continuons de vivre dans les ténèbres, en nous adonnant à des pratiques d’un autre âge, comme par exemple faire danser le cercueil, faire piler le mortier pour désigner les coupables ou les sorciers. Des pratiques qui n’honorent ni notre culture ni notre pays, encore moins notre Eglise. De la sorte, nous faisons la part belle à Satan, ce meurtrier, ce menteur (Jn 8,44), ce porteur de fausses lumières (Lucifer), qui devient de plus en plus actif dans nos familles, pour y semer la division.

28. Qui nous délivrera de cette superstition, qui fait que de phénomènes anodins, simples bruits de pattes d’oiseaux sur la toiture, miaulements de chats la nuit, serpent retrouvé dans la maison entourée de matitis (herbes), sont tout de suite considérés comme des faits surnaturels dont quelqu’un se servirait pour nous nuire. De la même manière, un échec répété aux examens, des difficultés à trouver un travail ou un homme avec qui se marier, constituent de facto des situations paranormales, souvent attribuées à des parents qui en seraient les auteurs. En revanche, quelqu’un montre-t-il des signes de réussite ou d’aisance, qu’il est vite regardé d’un mauvais œil. Et si d’aventure un membre de la famille venait à mourir, il est tout de suite taxé de franc-maçon, d’appartenance à une «Maison», à une «Gnose». Son aide sera regardée avec d’autant plus de soupçon: «C’est de l’argent travaillé.» Ce sont là quelques exemples parmi tant d’autres qui montrent bien que la superstition gangrène notre société et que nous sommes retournés au temps de l’homme de la caverne.

29. À quoi servent dans notre pays les études? À quoi nous ont servi 27 années de marxisme-léninisme? Où sont passées la science et la technologie, dont nous nous réclamions il y a encore quelques années? D’où vient qu’en plein 21ème siècle, nous continuons de baigner dans la superstition que le philosophe de l’antiquité Lucrèce fustigeait déjà à son époque, lui qui voulait libérer ses contemporains de la peur qui les paralysait. Pour Lucrèce, la connaissance du monde a la faculté de libérer l’homme de la superstition, obstacle majeur sur la voie de l’ataraxie, de la tranquillité de l’âme, du bonheur tout simplement.
Rebâtir le Congo en renouvelant l’Eglise et la société par une évangélisation en profondeur

30. Voici maintenant près de 140 ans que notre pays le Congo a embrassé l’Evangile de Jésus-Christ. Et c’est avec grande émotion que je me souviens encore de l’année 1983, année de notre ordination épiscopale, Mgr Hervé Itoua et moi-même, mais avant tout année du centenaire de l’Evangélisation du Congo. Les anciens se souviennent sans doute encore de ces belles célébrations à travers les trois seuls diocèses de l’époque, Pointe-Noire, Brazzaville et Owando et leurs haut-lieux spirituels: Loango, Linzolo et Liranga. Quelle belle grâce pour notre peuple que d’avoir accueilli la Parole de Dieu faite homme, Jésus-Christ! Y a-t-il d’ailleurs une grâce plus grande qui soit accordée à un peuple que celle de recevoir l’Evangile du salut? Certainement pas et ce n’est ni Corneille le centurion romain de Césarée (Cf. Ac 10) ni les Macédoniens évangélisés par Paul qui diraient le contraire (Cf. Ac 16,9s). Notre pays peut donc s’estimer béni pour avoir reçu l’Evangile du Christ, cette Parole qui a le pouvoir de faire de nous, à la suite des Macédoniens, des hommes et des femmes libérés de toute superstition, magie, divination et autres pratiques. D’où vient alors qu’après tant de décennies d’inculturation de la Bonne-Nouvelle nous restions encore sous le coup des croyances magico-primitives qui gangrènent notre société?

31. Imprégnés de l’Evangile du Christ, d’une part, et rompus à l’esprit scientiste de 27 ans de marxisme-léninisme, d’autre part, on aurait dû s’attendre à ce que notre peuple devienne un peuple mature et libre, doté d’un esprit critique et éclairé incompatible avec les mentalités et pratiques rétrogrades décriées plus haut. A vrai dire, la rencontre avec Jésus de Nazareth n’a jamais laissé indifférent que celui ou celle qui refusait d’accueillir la grâce de la conversion, ainsi que le montrent les exemples de Zachée (Cf. Lc 19,1-10), de Marie-Madeleine (Cf. Lc 7,36-50) et du jeune homme riche (Cf. Mt 19,16-22//Mc 10,17-30). Qu’en est-il alors de nous qui, comme les Apôtres, avons rencontré le Ressuscité sur nos chemins d’Emmaüs (Cf. Lc 24,13-35) ? D’Angoissés et de poltrons qu’ils étaient, les Apôtres se muèrent en hommes pleins de joie et de courage, d’ardeur et de zèle pour l’annonce de l’Evangile. Saint Paul, l’Apôtre des Gentils, dont l’engagement missionnaire a été déterminant pour la foi qui est parvenue jusqu’à nous, ne se lasse pas de nous partager son expérience et son bonheur d’avoir été transformé par le Christ: «En effet par la Loi, je suis mort à la Loi afin de vivre pour Dieu: je suis crucifié avec le Christ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi» (Cf. Ga 2,19-20).

32. Aujourd’hui hélas trop de chrétiens chez nous vivent en ennemis de la croix du Christ (Cf. Phi 3,18-19), continuant à entretenir des comportements païens. Comme à Galates autrefois, les chrétiens abandonnent l’évangile du Christ pour retourner à leurs traditions, à la loi ancestrale ou à ce qu’ils présentent comme tel. Faut-il rappeler que même la plus belle de nos traditions n’est pas irréprochable à tous égards? Quelle que soit leur beauté, les croyances ancestrales ou celles véhiculées par les nombreuses chapelles du quartier ne devraient pas être acceptées par le chrétien sans discernement, sans qu’il les passe au crible de l’évangile. Hélas, pour de nombreux chrétiens congolais, je dois le reconnaître, la Parole de Dieu était tombée sur un sol pierreux où elle n’a pas pu prendre racine. Ces chrétiens n’ont donc été que des disciples d’un moment. Quand sont venues les épreuves de la vie et les exigences du témoignage, ils ont flanché et ont purement et simplement abandonné l’idéal du Christ et de son l’évangile (Cf. Mt 13,1-9.18-23).

33. Il apparaît donc urgent pour Nous, Eglise du Congo, de mettre en place un nouveau projet d’Evangélisation de notre peuple. Il s’agira de revisiter le donné-révélé de la foi chrétienne et de le relire en fonction de l’univers culturel et vital d’un peuple congolais en profonde mutation. Une nouvelle pastorale de l’inculturation de l’Evangile s’avère nécessaire et urgente, une qui soit capable de rendre possible la rencontre entre le Christ et le chrétien congolais. La force de transfiguration qui émane du Christ Ressuscité doit illuminer de nouveau, oui irradier toute la vie du croyant congolais. À la vérité, le chantier de l’évangélisation est interminable. A aucun moment nous ne devons considérer que le travail est achevé. Ne donnons donc pas raison à Mgr Ernest Kombo qui disait lors des obsèques de Mgr Barthélemy Batantu, que «sur le front de l’inculturation où Mgr Godefroy Emile M’Poaty avait œuvré, il n’y a pas d’héritiers, malgré la technologie et les ordinateurs qui nous encombrent dans nos bureaux». Chers frères évêques du Congo, chers prêtres, religieuses et religieuses, renouons donc avec nos aînés dans le zèle missionnaire et faisons comme eux montre d’inventivité, de créativité et d’audace pastorale, d’une pastorale de proximité, d’une «pastorale du coude-à-coude.»

34. Mais prenons garde d’oublier ce que nous disait le Pape Paul VI dans Evangelii Nuntiandi, à savoir que pour évangéliser le monde, l’Eglise doit commencer par s’évangéliser elle-même (Cf. n°15). Il s’agit pour nous Eglise, et dans l’Eglise en premier lieu ses pasteurs que nous sommes d’écouter et de réécouter la voix de notre Maitre, d’obéir à son commandement de l’amour. J’exhorte mes prêtres à l’amour, à l’amour fraternel: que le prêtre aime son frère prêtre, le curé son vicaire et le vicaire son curé. Car l’homme d’aujourd’hui préfère écouter les témoins que les maîtres (Cf. Evangelii Nuntiandi, n°41). Alors, nous serons à même d’inviter nos chrétiens à s’aimer et à aimer leur église, comme on aime sa mère, même lorsque son visage est plein de rides. Pour ce faire, notre témoignage de vie est indispensable, mais il ne suffira pas. Il nous faudra aussi passer par une véritable mise à jour de nos schémas pastoraux, parfois désincarnés de la réalité ou prisonniers des schèmes de pensée académiques sans lien avec la réalité congolaise. Enfin, il est temps pour le clergé de se convertir aux exigences d’une vie intellectuelle solide, d’une spiritualité et d’une pastorale éclairées par la raison et la foi, qui vise la libération de l’homme de toute forme d’obscurantisme, y compris de l’obscurantisme spirituel.

Former les laïcs
35. Dans ce vaste chantier de la Nouvelle Evangélisation, qui était si cher au Saint Pape Jean Paul II, les fidèles laïcs du Christ doivent être formés à vivre une foi chrétienne inculturée. En effet, la vie de nombreux chrétiens congolais est marquée aujourd’hui par un trop profond fossé entre la foi chrétienne qu’ils professent et leur vie quotidienne. Ce fossé est particulièrement béant quand la vie humaine est menacée, notamment dans les situations graves, telle la maladie ou la mort. Ce fossé se manifeste également dans les mariages où sévissent la stérilité et d’autres types d’échecs, qui poussent souvent nos fidèles laïcs à vivre une spiritualité de double appartenance: d’un côté, ils semblent greffés à la personne du Christ, de l’autre, ils demeurent attachés à leurs «gris-gris», «binkoko» et consort. Le besoin d’une formation continue de nos fidèles laïcs s’impose. Pour ce faire, je les encourage à saisir les opportunités de formation qui leur sont proposées à travers notamment l’Ecole diocésaine des sciences religieuses, mais aussi d’autres structures comme l’Académie Catholique de Brazzaville pour l’Ethique, nos radios catholiques (Magnificat et Maria), notre chaine YouTube, notre Magazine (Ensemble), notre mensuel liturgique (Shema Israël) et autres lieux de formation permanente.

36. Notre catéchèse doit aussi être contextualisée et inculturée, pour pouvoir former des hommes et des femmes sensibles aux besoins de leurs semblables, dans la vie familiale comme dans la vie nationale. Trop de baptisés dédaignent la croix du Christ et de ce pour quoi elle est le symbole, à savoir le don de soi aux autres. Le temps du catéchisme doit redevenir ce moment crucial dans la vie du futur baptisé où la foi au Christ est transmise, c’est-à-dire, proclamée et reçue pour ce qu’elle est: Parole de vie. Le catéchisme est le lieu par excellence pour développer à la lumière de la Parole de Dieu l’intelligence du mystère du Christ, pour que l’homme tout entier en soit imprégné, de sorte que ses moindres faits et gestes deviennent l’écho, mieux le reflet de la vie du Christ-Jésus lui-même. Bref, le temps du catéchisme est le lieu privilégié pour apprendre à imiter le Christ. En ce sens, la catéchèse doit, à côté de la Liturgie, constituer l’un des deux poumons indispensables dans la vie pastorale de l’Eglise.

37. Mais comment relever ce défi quand j’apprends que çà et là de nombreux catéchistes ont transformé les sacrements en un «deal» juteux, en une occasion de se faire du blé? On laisse avancer à la table du Seigneur ou à la réception de l’effusion du Saint-Esprit des candidats qui n’ont rien compris du donné de la foi ou qui, pire, vivent dans des situations matrimoniales douteuses, pourtant connues de tous, parfois même des pasteurs? Enseigner le catéchisme doit être une vocation, un engagement de la foi, un sacerdoce de conviction. On n’enseigne pas la foi, on la transmet. Ce qui suppose que celui qui enseigne soit exemplaire. Comment comprendre que des catéchistes exercent régulièrement alors qu’on ne les voit pas à la messe, ni prier ni communier? Parce qu’ils se trouvent au premier plan de l’action évangélisatrice de l’église, les catéchistes ne doivent pas être seulement bien formés à la base, mais ils doivent se former en permanence, préparer leurs leçons avec rigueur, comme cela se fait fort heureusement dans certaines paroisses modèles de notre Archidiocèse.

38. Car le succès de l’évangélisation est fonction de la qualité de la catéchèse de base. L’Evangile, disait Paul VI, ne peut faire l’objet d’aucune négociation. Il doit atteindre, bouleverser et impacter, par la force du vécu, les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité, qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut. Évangéliser, c’est par conséquent «porter la Bonne Nouvelle dans tous les milieux de l’humanité et, par son impact, transformer du dedans, rendre neuve l’humanité elle-même» (Cf. Evangelii Nuntiandi, n°18).

Chrétien du Congo, impacte la vie sociopolitique de ton pays.
39. Dans notre «Congo malade» que l’on pourrait bien comparer aujourd’hui à cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho (Cf. Lc10,30-37) et qui, étant tombé entre les mains de bandits, gisait sur le bord de la route, blessé et abandonné, les chrétiens devraient donc être ces bons samaritains qui ont le devoir de lui venir en aide, en jouant pleinement leur rôle de «sel» et de «lumière» (Cf. Mt5,13-16). Ainsi, en reconsidérant notre appartenance au Christ, chacun de nous doit-il se sentir envoyé en mission là où de grands défis nous attendent: en particulier les défis de la misère, du chômage, de la corruption, de l’insécurité, de la précarité et de l’injustice sous toutes ses formes, de la stagnation et du mal-développement, du manque de responsabilité sociale et écologique, de la haine tribale etc. Chacun est donc appelé à prendre sa croix pour témoigner du Christ, pour transformer et impacter là où la grâce divine l’a planté (Cf. Gaudete et Exsultate, nn°14.162).

CONCLUSION: Chrétien de Brazzaville, brille enfin de la lumière de ton baptême.

40. Pour terminer cette exhortation sur le baptême, je voudrais t’inviter, Toi Baptisé, à reprendre avec moi en l’adaptant à notre situation, cette belle prière de Saint François d’Assise:
Là où se trouve la violence, que les baptisés mettent la Paix;
Là où se trouvent la haine du tribalisme, que nous mettions l’amour et l’unité;
Là où se trouve l’offense, que nous mettions le pardon;
Là où se trouve l’erreur, que nous enseignions avec douceur et patience la vérité;
Là où se trouve le doute, que nous mettions la lumière de la foi;
Là où se trouve le désespoir, que nous apportions l’espérance;
Là où se trouve la tristesse, que nous mettions la joie;
Que les baptisés congolais ne cherchent plus tant à être considérés qu’à considérer les autres, à être servis qu’à servir:

41. Car c’est en nous donnant, en nous investissant pour le bien de la communauté, que nous recevrons les bienfaits de la justice. C’est en nous oubliant, en refusant de céder à l’égoïsme, que nous contribuerons au «Bien Commun», dans «notre Famille», «notre Eglise» et «notre Patrie». C’est en pardonnant de bon cœur à tous nos frères de toutes les ethnies, que nous sommes sûrs d’être nous-mêmes pardonnés de Dieu et que nous parviendrons à contenir le mal qui, comme une bête tapie à la porte de notre Maison commune, le Congo, nous visite si souvent, trop souvent, nous entrainant dans les vicissitudes du perpétuel recommencement.

42. Oui, agis ainsi, chrétien de Brazzaville, chrétien du Congo, et la Lumière de ton baptême brillera sur le Congo comme le soleil de midi. Alors brilleront aussi ton Eglise et ta Nation, et le Règne de Dieu sera à l’œuvre en terre congolaise.

43. Que par l’intercession de la Vierge Marie, Mère de Dieu et de Notre Seigneur Jésus-Christ, Mère du Congo et de l’Afrique, la bénédiction du Dieu Tout-Puissant en miséricorde, descende sur Toi, Peuple de Dieu qui est à Brazzaville et sur tout le territoire du Congo, et que jamais elle ne s’éloigne de toi. Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen!

Donnée à Brazzaville, le 21 février 2021, 1er dimanche de Carême, la 38e année de mon Episcopat.

Monseigneur Anatole MILANDOU
Archevêque de Brazzaville