Des militaires ont annoncé mardi 14 octobre 2025, prendre le pouvoir. Parmi eux, le colonel Mickael Randrianirina le nouvel homme fort du pays. Il a pris le contrôle du pouvoir à Antananarivo, à la suite d’une insurrection populaire déclenchée par la ‘’Gen Z’’ contre la cherté de la vie, le chômage et le mécontentement social généralisé.
L’ancien Président Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014 en tant que président de la Transition puis Président de la République depuis 2019, a été exfiltré par l’armée française dimanche 12 octobre, selon plusieurs sources diplomatiques et militaires concordantes. Les évènements ont pris une tournure décisive le week-end dernier. Après plusieurs semaines de manifestations massives dans la capitale et dans les grandes villes du pays conduites par la ‘’Gen Z’’, les Forces de sécurité ont refusé de tirer sur les manifestants. «Les militaires ont fait le choix de protéger le peuple, non de le combattre», a confié un officier proche de nouveaux dirigeants.

Ce basculement a ouvert la voie à une prise de pouvoir sans effusion de sang, saluée dans les rues d’Antananarivo par des milliers de citoyens en liesse. Des témoins parlent d’une ambiance de délivrance: les soldats, acclamés, ont sécurisé les bâtiments publics avant de laisser le drapeau national au-dessus. Peu connu du grand public, avant ces évènements, le colonel Mickael Randrianirina, 47 ans, dirigeait jusqu’ici une unité d’élite de la Garde nationale. Dans une brève allocution retransmise par la télévision nationale malgache, il a souhaité la mise en place prochaine d’un Conseil de transition national chargé de restaurer la confiance du peuple dans les institutions. «Nous ne sommes pas venus pour confisquer le pouvoir, mais pour le rendre au peuple malgache», a-t-il déclaré, promettant un processus de transition pacifique et des élections libres dans un délai raisonnable.
Le départ précipité du Président Andry Rajoelina marque la fin d’un cycle politique houleux. Ancien disc-jockey devenu maire de la capitale puis Chef de l’Etat après le coup d’Etat de 2009, il laisse derrière lui un pays économiquement exsangue et profondément fracturé. Ces dernières semaines, les pénuries d’eau, d’électricité et de carburant, conjuguées à la flambée des prix des denrées alimentaires, avaient cristallisé la colère populaire. D’après une source diplomatique européenne, «Paris aurait facilité l’exfiltration du Président d’abord vers l’Ile de La Réunion, avant de prendre une autre destination sûre pour éviter un bain de sang». L’Elysée n’a pour l’heure pas confirmé cette information.
Le colonel Mickael Randrianirina a promis de «tirer les leçons des transitions africaines récentes», allusion faite implicitement à l’exemple du Gabon, où le général Brice Clotaire Oligui Nguema avait pris le pouvoir en août 2023 sans effusion de sang ni violence. Comme au Gabon, les militaires malgaches affirment ne pas vouloir instaurer une junte permanente, mais remettre le pays sur la voie d’une gouvernance civile. «C’est un signal fort à l’échelle du continent : les soldats ont rappelé qu’ils sont d’abord au service du peuple, pas des régimes», a fait savoir un politologue malgache.
Notons que ce renversement de régime, intervenu sans effusion de sang, marque une nouvelle étape dans la vague des transitions militaires en Afrique. Après le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Guinée et le Gabon, Madagascar devient le sixième pays africain en quatre ans à voir l’armée reprendre le pouvoir sous pression populaire.
A.-P. M.







