La publication d’un nouveau gouvernement de transition constitué essentiellement de civils était la condition pour la levée des sanctions imposées par la CEDEAO au Mali, après le coup d’Etat militaire du 18 août dernier contre le président Ibrahim Boubacar Keita. Le Premier ministre Moctar Ouane, a dévoilé le 5 octobre la nouvelle équipe gouvernementale qui dirigera la transition. Sur les 25 membres, les militaires occupent quatre postes stratégiques: la Défense, la Sécurité, la Réconciliation nationale et l’Administration territoriale.

Dans la foulée, la CEDEAO a décidé de lever les sanctions infligées au Mali, quoique dans ce gouvernement la junte se soit arrogée 4 portefeuilles stratégiques et régaliens. Le colonel Sadio Camara est nommé à la tête de la Défense, le colonel Modibo Koné à la Sécurité et le colonel-major Ismaël Wagué à la Réconciliation nationale. C’est encore un militaire, le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, qui prend l’Administration territoriale, en charge de l’organisation des élections.
Dans ce gouvernement de transition, très peu de places ont été réservées à la classe politique traditionnelle. Et d’après certaines sources, c’est elle qui a proposé le nom du nouveau ministre de l’Économie et des finances, Alousséni Sanou, cadre d’une banque locale.
Aucun des barons politiques du M5, mouvement de contestation qui a participé à la chute de l’ancien régime, n’entre au gouvernement. La coalition d’opposition qui parle d’une «mise à l’écart», n’est cependant pas tout à fait absente et elle obtient trois portefeuilles : la Communication, le ministère de l’Emploi avec à sa tête Mohamed Salia Touré, et enfin le ministère de la Refondation dirigé par Mohamed Coulibaly, très proche d’une grande figure du M5, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko. Au ministère des Affaires étrangères, et à celui des Affaires foncières, on sent la touche du Premier ministre, Moctar Ouane.
Autre fait marquant : l’entrée dans la nouvelle équipe de représentants de groupes armés impliqués dans le processus de paix. Par exemple, à l’important poste de l’Agriculture, on retrouve un représentant de l’ex-rébellion, Mahmoud Ould Mohamed. Le ministère de la Jeunesse est également détenu par un ex-rebelle. Me Harouna Toureh, une figure des groupes armés pro-gouvernementaux, devient ministre du Travail et porte-parole du gouvernement.
Les femmes ne sont pas restées en marge. Ce gouvernement comprend au total quatre femmes. Parmi lesquelles, Kadiatou Konaré, la fille de l’ancien président malien Alpha Oumar Konaré, qui s’est fait un nom dans l’édition et qui prend la tête du ministère de la Culture.
Certains analystes estiment que c’est une très bonne composition parce qu’au regard des personnalités qui font leur entrée au gouvernement, certaines sont reconnues pour leur probité morale, leur patriotisme et leur attachement aux valeurs démocratiques.

G. A.