Au cours de conférences de presse, les deux leaders de l’opposition se sont mutuellement insultés. Clément Miérassa a qualifié Pascal Tsaty-Mabiala de faux opposant, tandis que ce dernier a riposté, en le traitant de prétentieux, qui, selon lui, «est incapable d’affronter les suffrages universels, même pas local encore moins au niveau national, et qui devient le champion qui distribue les bons points entre les vrais et les faux opposants, selon ses propres critères».

Pour Clément Miérassa, le statut de Pascal Tsaty-Mabiala pose problème. Il a déclaré: «Lorsqu’il a été nommé chef de file de l’opposition, il a eu des différends avec Nick Fylla, car il pensait que ce dernier étant au Gouvernement, ne pouvait se considérer comme un opposant» .
Le président du PSDC a exhorté le premier secrétaire de l’UPADS à faire preuve d’humilité. «Les Congolais manquent souvent d’humilité pour se confesser. Pourquoi ne pas avouer aujourd’hui que nous n’avons pas été de vrais opposants et demander pardon au peuple?», a-t-il proposé.
Clément Miérassa a indiqué qu’en face de Tsaty-Mabiala et Nick Fylla, il leur demanderait de ne plus tromper le peuple. «Pascal, cesse d’être chef de file de l’opposition», a-t-il recommandé.
La réponse de Pascal Tsaty-Mabiala a été rapide. Lors de sa conférence de presse, il a critiqué le président du PSDC, le qualifiant de prétentieux qui, selon lui, «est incapable d’affronter les suffrages universels, même pas local encore moins au niveau national, et qui devient le champion qui distribue les bons points entre les vrais et les faux opposants, selon ses propres critères».
Il a souligné que le PSDC et lui-même n’ont cessé d’être que des simples accompagnateurs d’autres leaders ou d’autres partis politiques à chaque élection présidentielle. «Clément Miérassa était derrière Mathias Dzon, puis Jean-Marie Michel Mokoko, et aujourd’hui, il se prépare certainement à se positionner derrière un autre potentiel candidat. On se demande alors à quoi aurait servi la création pour lui de son parti qui ne participe pas à la démocratie, à la vie politique dans le pays et qui ne concourt pas non plus à l’expression du suffrage universel?», s’est-il interrogé.
Pour Tsaty-Mabiala, les remarques «méprisantes et imprudentes» de Clément Miérassa ne pouvaient laisser l’UPADS indifférente. Il a affirmé que Clément Miérassa n’est ni l’unité de mesure ni le baromètre de la vie politique en République du Congo pour distribuer la qualité d’opposant à qui il veut. «Heureusement, l’histoire se souvient. Ce frère doit comprendre qu’il a sa part de responsabilité dans le déclin de la démocratie dans notre pays», a-t-il signifié.
Il a suggéré à Clément Miérassa de se concentrer sur sa nouvelle carrière de journaliste qu’il semble avoir découverte. «Et d’assurer la diffusion des émissions devant son ordinateur sur les réseaux sociaux dont il est devenu si brillant».
Pascal Tsaty-Mabiala a rappelé que la démocratie n’a pas d’ennemis plus redoutables que la démagogie. «Clément Miérassa, qui se présente aujourd’hui comme un donneur de leçons, a été l’un des acteurs de la déstabilisation du régime de Pascal Lissouba. Plus tard, il a soutenu la Constitution de 2002. Pour se faire bonne conscience, sans doute, il reviendra sur sa décision prenant à partie la même Constitution au motif qu’elle donnait trop de pouvoir au Président de la République. Qui n’aura pas compris le caractère malicieux et versatile de ce personnage?».
Il a précisé: «l’UPADS, par ses représentants élus et le statut qui lui est reconnu actuellement, bénéficie de ressources publiques légales. Les ressources de l’UPADS ne passent pas sous le manteau comme celles dont bénéficie d’autres personnalités qui ne disposent d’aucun statut pouvant justifier le train de vie qu’elles mènent».
En l’absence d’accord gouvernemental ou d’alliance politique, «l’UPADS conserve sa liberté d’action», a-t-il ajouté, soulignant que l’ «interprétation politicienne et erronée de la loi sur la participation d’un membre du parti de l’opposition au Gouvernement n’est ni plus ni moins qu’une incapacité à convaincre les Congolais d’adhérer à une vision politique désuète soutenue par des acteurs politiques autosuffisants à la recherche du sensationnel».
Pour lui, l’opposition de l’UPADS est citoyenne et républicaine. «Nous ne sommes pas en rébellion contre l’ordre établi et nous n’avons de leçon à recevoir de personne. Notre opposition est responsable et mesurée, ne prône ni l’extrémisme ni la dévotion. Notre opposition est celle d’un parti qui a été aux responsabilités, contrairement à ceux qui sont à la contestation permanente, dans le déni préjudiciable et qui ne mesurent pas le poids de la charge».
Malgré tout, Pascal Tsaty-Mabiala a appelé à l’unité de l’opposition, incitant les leaders à surmonter leurs égos. «L’espoir d’une alternance passe par un grand rassemblement des forces de l’opposition qui partagent des valeurs de tolérance et de patriotisme, privilégiant le compromis et s’éloignant de la radicalité».
En soutien à son président d’honneur, Jean Félix Demba Ntello estime qu’il s’agit d’un faux débat. Selon lui, Pascal Tsaty-Mabiala a été nommé par le pouvoir. «Clément Miérassa a soulevé une véritable question: celle de la fausse et de la vraie opposition», précisant le rôle de l’opposition dans un système démocratique. «L’opposition doit s’imposer par son poids électoral et non par un décret. Pascal Tsaty-Mabiala est là parce que le PCT lui a accordé 7 députés. Il doit admettre que l’UPADS est solidaire de l’action gouvernementale. C’est lui qui a trahi son parti. Une élection libre et transparente ne pourrait pas attribuer 7 députés à l’UPADS. Il a offert au PCT tout ce que représentait la force de Pascal Lissouba dans les régions du Niari. Nous l’invitons à convoquer le congrès démocratique de l’UPADS. Cela fait plus de 10 ans qu’il n’a pas organisé de congrès. Sa base le lui demande aujourd’hui. Il a été touché par une vérité qui a été révélée», a-t-il déclaré, au cours de sa conférence de presse du 26 avril 2025.

Cyr Armel YABBAT-NGO