Le Gouvernement était interpellé au Sénat vendredi 15 novembre 2024. Dix ministres sur douze ont été soumis au feu roulant des questions aussi diverses que l’accumulation des ordures et l’inconfort des citoyens dans les deux principales villes du Congo, le dysfonctionnement observé sur la chaîne d’approvisionnement du carburant, les pénuries d’eau et les délestages d’électricité, la nécessité du contrôle technique pour les automobilistes, la qualité des soins de santé, etc. Les travaux de cette séance des questions orales avec débats était présidée par Pierre Ngolo, président du Sénat. Le Gouvernement était conduit par le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso.

Très suivie par la population en raison de la crise aigüe du carburant à la pompe que traverse le marché national depuis près de deux mois, cette séance était moins palpitante que d’habitude, mais plus émotive, surtout lorsqu’on a abordé cette question de carburant.
Une préoccupation soulevée par le sénateur Renald Ludovic Thierry Goma, mais que le ministre Bruno Jean Richard Itoua a tenté de relativiser. «Avant la période actuelle de pénurie, la CORAF fournissait moyennement sur le marché national 800.000 tonnes de Super gasoil, correspondant à 16 jours de consommation; 24.000 tonnes de gasoil, correspondant à 24 jours de consommation. Actuellement, la CORAF est confrontée à plusieurs défis majeurs. Elle ne fournit plus que 4000 tonnes de Super carburant, correspondant à 9 jours de consommation et 16.000 tonnes de gasoil, correspondant à 9 jours de consommation. Ce qui veut dire qu’elle fournit moins de carburant. Il reste donc l’importation qui est assurée par la SNPC, mais elle est affectée par un certain nombre de paramètres: le prix sur le marché international; les problèmes de logistique, la voie routière ne permet pas d’acheminer autant de carburant que sur le chemin de fer; le problème de stockage. Tout ceci ralentit l’acheminement des produits finis de Pointe-Noire à Brazzaville et des produits importés de Kinshasa à Pointe-Noire», a relevé le ministre.
Il a rassuré en affirmant que les livraisons se font aujourd’hui et «progressivement les files d’attente vont disparaitre».
Parlant de l’avenir, Bruno Jean Richard Itoua a insisté sur l’hypothèse de la construction d’une deuxième raffinerie et que la CORAF fournisse davantage de carburant, ainsi que la construction d’un oléoduc entre Pointe-Noire et Brazzaville.
Plus technique, le ministre Emile Ouosso n’y est pas allé par deux chemins pour décrire la situation d’électricité et d’eau. Pour lui, les délestages sont dûs à la vétusté et la défectuosité de la ligne de transport entre Pointe-Noire et Brazzaville qui date de 1982. «Après les événements socio-politiques qu’à connu le pays, cette ligne a été endommagée entre Moukoukoulou et Mindouli. Sur les 300 mégawatts attendus, seuls 100 arrivent à Brazzaville. Un financement est attendu pour réhabiliter toute la ligne. L’axe lourd sera le don Italien qui nous fournira une consommation de 7500 m3 par heure, ce qui permettra d’alimenter toute la ville de Brazzaville», a expliqué le ministre.
Pour palier aux pénuries d’eau, il a évoqué comme palliatif la construction de deux forages industriels. L’un dans l’enceinte des services de LCDE à la Patte d’Oie, et l’autre à Nkombo.
Depuis quelques mois, la gestion des ordures ménagères fait la une de l’actualité. S’exprimant sur cette question, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso est revenu sur les recettes générées par les prélèvements de 2000 FCFA opérés sur les salaires de fonctionnaires pour l’enlèvement et le traitement des ordures et le coût réel de cette activité. «Il n’y a que 120.000 000 qui sont collectés par mois. Il faut au moins 3 milliards par mois pour les deux villes : Brazzaville et Pointe-Noire. Le contrat avec AVERDA est de 3.700.000.000 par mois. Il fallait trouver les ressources additionnelles. Ce contrat est arrivé à terme. Le Gouvernement est en négociation avec un nouveau opérateur à qui nous avons demandé de régler substantiellement le coût de la prestation», a-t-il annoncé.
Le Premier ministre a reconnu que la gestion des ordures était à un moment très difficile. «Nous en avons souffert et nous pouvons imaginer le sentiment éprouvé par les populations pendant cette période», a-t-il dit, tout en appelant les populations à la grande compréhension et en les rassurant que le travail se fait.
Le ministre d’Etat Alphonse Claude N’Silou a informé les sénateurs que le pays dépensait chaque année 800.000 milliards de FCFA pour les importations des denrées alimentaires.
Prenant la parole, Jean Marie Andzimba Epouma a attiré l’attention du Premier ministre sur la tendance de réaliser d’abord l’investissement au détriment des préalables. Avant de faire un investissement, il faut d’abord des études de faisabilité et commerciales. Nous devons faire attention. On ne peut pas avoir une zone industrielle à Maloukou sans préalablement régler les problèmes d’électricité, d’eau et des voies d’accès. C’est prendre de l’argent et mettre dans la nature», a-t-il déploré.

Cyr Armel YABBAT-NGO