L’article publié dans l’édition du 04 décembre 2020 de votre hebdomadaire, sous la plume de votre journaliste, M. Viclaire Malonga, appelle quelques précisions et observations en réponse, notamment, à des affirmations irresponsables et fallacieuses dont le seul but est d’induire en erreur l’opinion publique congolaise et vos lecteurs.

1.Le «blocage», comme le désigne de manière sciemment erronée, le diplomate marocain à Brazzaville, de la zone d’El-Guerguerate, a été une action de militants civils sahraouis venus protester pacifiquement et sans arme contre la violation par le Maroc de l’Accord militaire n o 1 signé en 1997 entre le F. POLISARIO et l’ONU, et entre celle-ci et le Maroc en 1998.
2.Cet accord dont le diplomate marocain fait l’impasse et passe complètement sous silence, ne prévoit aucune ouverture sous quelque prétexte que ce soit, commercial ou autre, dans une zone tampon qui est confiée au contrôle de la seule MINURSO, la Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental. Dès lors, l’action du Maroc ne s’appuie sur aucun «fondement du droit international, ni aucune raison juridique» comme il le prétend faussement et dans une lamentable tentative de falsification des faits. Il aurait été souhaitable pour le lecteur de connaître les références du droit international sur lesquelles se fonde le Maroc pour engager ses troupes armées contre une population civile, mais il est établi qu’elle constitue, au contraire, une flagrante violation et un déni du droit international et de l’accord suscité.
C’est plutôt le Maroc qui, en reprenant les armes contre d’innocents civils venus manifester pacifiquement qui est, par conséquent, l’auteur et le seul responsable de cette violation marocaine qui a rompu l’accord de cessez-le-feu et l’accord militaire no 1, et qui risque d’entrainer la Région dans l’instabilité et l’insécurité. L’Algérie a attiré l’attention de la communauté internationale sur ce risque qui reste pendant et réel à défaut du retour au statuquo d’avant la violation commise par les troupes armées marocaines.
3.Le «dispositif de défense» auquel se réfère le diplomate marocain, n’est autre qu’un mur érigé dans la pure tradition coloniale pour prendre possession de ce qui appartient aux sahraouis et qui a séparé, en violation des droits humains les plus élémentaires et dans le déchirement, des familles sahraouies entières de part et d’autre.
Ce mur n’a été construit, en fait, que pour sécuriser la partie utile du Sahara occidental pour que le Maroc exploite illégalement les ressources naturelles du peuple sahraoui.
4.Quant aux affabulations «des incursions répétées du POLISARIO et de l’Algérie», en voilà une accusation grave et infondée, sans la moindre retenue diplomatique du représentant marocain. Elle procède, comme d’habitude, de la propagande marocaine dans le but d’impliquer l’Algérie dans un conflit dont les parties sont nommément désignées par toutes les résolutions de l’Assemblée Générale des Nations Unies et du Conseil de Sécurité depuis l’irruption du conflit.
5.Au quatrième et cinquième paragraphe, il est question du statuquo issu de l’accord de cessez-le-feu de 1991. Il est utile pour les lecteurs de savoir que la cessation, des hostilités entre le Maroc et le F.POLISARIO, suite à l’agression et à l’envahissement marocains du Sahara Occidental, a été décidée et obtenue par l’ONU, Qui a mis sur pieds la MINURSO dans le seul but d’organiser, à terme, un référendum d’autodétermination du peuple Sahraoui pour décider librement et sans contrainte militaire ou administrative, de son destin. Depuis cette date, force est de constater que le Maroc n’a de cesse d’user et d’abuser de subterfuges flagrants pour retarder le choix des sahraouis de disposer d’eux-mêmes selon la doctrine des nations Unies et le droit international, celui-là même, dont la référence est inscrite dans la déclaration 1514 de l’Assemblée Générale des Nations Unies portant octroi aux pays et peuples colonisés de leurs indépendances.
Le Sahara Occidental étant inscrit sur la liste des territoires non autonomes, attend son statut définitif à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Le conflit du Sahara Occidental est, en outre, régulièrement l’objet des travaux de la quatrième commission des Nations Unies, communément appelée le Comité de Décolonisation.
6.Je ne m’attarderai pas davantage sur le reste de l’article qui verse dans une propagande visant la falsification des faits et du droit international. Je me contenterai de quelques observations concises, ci-après:
-Les frontières internationalement reconnues du Maroc s’arrêtent aux pointillés qui séparent le Sahara Occidental du Royaume et aucun acte unilatéral ne changera au statut juridique de ce territoire non autonome tel que laissé par l’Espagne en 1974. Elles sont également consacrées par le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, dans le cas précis, celle de l’Espagne.
-En la qualifiant de «mission de maintien de la paix», le diplomate marocain simplifie la mission de la MINURSO, en oubliant de manière volontairement intentionnelle sa dénomination et son but officiels: «Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara Occidental». Un référendum que le Maroc craint car il donnera aux véritables et authentiques habitants et propriétaires de ce territoire, le peuple du Sahara Occidental, le droit de dire et de choisir leur destin.
-La position du Secrétaire Général de l’ONU, suite à la reconnaissance unilatérale du président américain sortant de la prétendue souveraineté marocaine du Sahara Occidental est sans équivoque, ni ambiguïté, quand il dit que «la position de l’ONU reste inchangée et que la solution au (conflit) du Sahara occidental ne dépend pas de la reconnaissance des Etats individuellement. Cela dépend de l’application des résolutions du Conseil de sécurité, dont nous sommes les gardiens»
7. C’est l’occasion aussi d’attirer l’attention de vos lecteurs que cette reconnaissance unilatérale du Président américain sortant et candidat malheureux à sa propre réélection, ne reflète aucunement la politique suivie depuis 30 ans par les Etats-Unis, selon les propos de son ancien conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, tout comme elle ne changera en rien le statut juridique international du Sahara Occidental, selon MM. Christopher Ross et James Baker, deux anciens représentants spéciaux du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental.

L’Ambassadeur,
Mohamed Benattou

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