«Condamnés à perpétuité». C’est le verdict de la Cour criminelle qui est tombé le 21 juillet 2020, dans la salle des audiences de la Cour d’appel de Pointe-Noire sur l’affaire qui concerne l’assassinat à l’arme de guerre à son domicile du quartier Siafoumou (4e arrondissement Loandjili) de Guy Noël Makoubila, Alex Yandibéné (53 ans), ex-policier de la classe 98, et Bienvenue Solange Souloubi (57 ans), ménagère au domicile de Makoubila Guy Noël, ont été reconnus coupables.

La cérémonie officielle de l’ouverture de la session criminelle de la Cour d’appel de Pointe-Noire a eu lieu le lundi 20 juillet 2020, sous le patronage d’André Achile Okombi, premier vice-président. En présence d’Alexandre Honoré Paka et de Paul Adam Dibouilou, respectivement préfet de Pointe-Noire et du Kouilou; de Jean Olessongo-Ondaye, commandant de la zone de défense militaire n°1, et de bien d’autres autorités politico-administratives locales.
Les audiences ont commencé le mardi 21 juillet 2020, par l’enquête de moralité et l’audition des deux présumés coupables défendus par Me Romain Ongouanon, tandis que la partie civile l’était par Me Laurent Ngombi.
Cette session criminelle concerne une cinquantaine d’affaires. La première concerne celle d’Alex Yandibene, accusé d’avoir donné la mort à Guy Noël Makoubila.
S’exprimant le premier à la barre, l’accusé a expliqué à l’auditoire la méthode mise à exécution. «J’ai été informé par ma concubine ici présente de ce qu’elle était tombée sur un coffre-fort là où elle faisait ses prestations comme femme de ménage. Je lui ai posé la question de savoir pourquoi elle m’en informait ? Elle m’a fait savoir qu’il fallait que j’organise le vol dudit coffre. Organiser un vol là où elle travaillait était un risque parce que le soupçon tomberait vite sur elle. Malgré mon refus, j’étais quand même allé faire une mission de reconnaissance de terrain afin de bien cibler le domicile. Quelques temps après, j’étais étonné de constater que ma copine n’allait plus au travail. A la question de savoir pourquoi elle n’y allait plus? Elle m’a fait savoir qu’elle avait soustrait quelques bijoux de valeur et qu’elle ne voulait plus y retourner, car elle avait eu pour son compte. Je lui faisais comprendre que je ne mènerais plus l’opération, étant donné qu’elle ne travaillait plus là-bas. Cependant, dans la discrétion, je peaufinais mon opération à son insu. J’ai fait appel à mes amis de Brazzaville qui sont arrivés au nombre de neuf à bord du véhicule de Mayembo. C’était le 11 décembre 2019. Le même jour de leur arrivée, nous sommes allés à cinq au domicile de Makoubila. Nous avons escaladé le mur et détruit la grille de protection de la fenêtre de la cuisine. Se trouvant dans la maison, Makoubila nous a sommés de la quitter, puis il a tiré sur nous avec son arme calibre 12. Nous avons riposté en le criblant de balles. Nous avons demandé à sa femme le lieu où se trouvait le coffre-fort. Nous nous en sommes emparés. Nous avons disparu. Si j’ai bonne mémoire, on a perpétré plus de quatre opérations de vol à main armée. Mais, je tiens à souligner qu’avec Mayembo et Mak Laurent, on utilise souvent la méthode qui consiste à droguer les gardiens avec les produits pharmaceutiques. Je regrette mon geste, car j’ai détruit la vie de quelqu’un et moi aussi je mérite la mort. Jusque-là je me demande qui m’a trahi.»
Bienvenue Saboukoulou a aussi dit sa part de vérité: «Sachant que mon mari est un braqueur, je l’ai informé de l’existence d’un coffre-fort dans la maison de mon patron. Fort de cette information, il m’a fait savoir qu’il va faire venir des gens de Brazzaville afin d’aller voler ledit coffre. Je lui ai posé la question de savoir comment il ferait pour le soulever ? Il m’a répondu que c’était un petit problème, et qu’il a un ami, le nommé Mayembo, qui est spécialiste des coffre-fort. C’est bien moi qui lui ai fait la description complète de la maison de mon patron, tout en lui indiquant par où entrer ainsi que l’endroit précis où se trouve le coffre-fort. Je tiens à souligner que je n’étais pas informée de la date retenue pour l’exécution du plan de vol. Quelques mois plus tard, alors qu’on ne parlait plus de la préparation dudit vol, j’étais étonné que mon mari m’apporte 250.000 F. CFA. Je lui ai demandé d’où il sortait cet argent. Il me fit savoir que c’est le fruit du vol du coffre-fort. Je ne suis jamais entrée en contact avec les accompagnants de mon concubin et je ne les connais même pas. En revanche, je connais deux de ses amis, en l’occurrence Sothas et Mayembo. Je ne puis vous donner les détails de l’opération, car je n’étais pas présente. D’ailleurs, j’étais surprise de savoir qu’ils étaient passés à l’action. En ce qui concerne la mort de feu Makoubila Guy Noël, je ne l’ai su que le jour où les services de police m’ont interpellée. Aucunement, je n’a été informée de ce que ceux-ci avaient donné la mort à mon patron. Pour moi, il était juste question qu’ils prennent le coffre-fort et non lui donner la mort. Je regrette amèrement d’avoir agi de la sorte.»
Après les plaidoyers de la partie civile, la défense et le réquisitoire du parquet général, la Cour et les jurés ont donné le verdict rendu public par André Achille Okombi: «Par ces motifs, statuant publiquement et contradictoirement en matière criminelle au premier et dernier ressort sur l’action publique, requalifié en crime d’assassinat commis par Yandibene Alex sur la personne de Makoubila Guy Noël, déclare Yandibéné Alex et Souloubi Bienvenue Solange coupables du crime d’assassinat qui leur est reproché…En répression, leur faisant application de la loi, les condamne à la peine à perpétuité. L’avocat de la défense a trois jours pour introduire un pourvoi en cassation.»