L’opposant Succès Masra est accusé d’être à l’origine d’un audio ayant déclenché le massacre du village de Mandakao, ses avocats dénoncent une manipulation numérique et réclament sa libération. La classe politique se divise sur le sujet, entre opposants qui dénoncent une instrumentalisation judiciaire et majorité présidentielle qui défend une procédure conforme au droit tchadien.

Selon les autorités tchadiennes, c’est un audio diffusé par Succès Masra qui serait à l’origine du massacre du village d’éleveurs de Mandakao près de Beinamar dans la province du Logone-occidental. La défense du président des Transformateurs évoque une manipulation à l’aide de l’intelligence artificielle d’un ancien audio datant de 2023 et demande sa libération immédiate.
Pour Avocksouma Djona Atchénémou, président du parti Les Démocrates, membres de la Coalition, GCAP, cette affaire s’inscrit dans une série de menaces et d’intimidation à l’encontre des opposants politiques. «Le système veut nous faire peur. Ce qui s’est passé avec cette mascarade n’a absolument rien à voir avec les événements de Ben Ammar. Donc ça veut dire que quelque part, ils ont déjà tout un plan pour pouvoir neutraliser qui peut pouvoir les gêner», selon Avocksouma Djona Atchénémou.
De son côté, le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS), assure que la justice fait son travail selon le droit tchadien. «C’est une affaire purement judiciaire conduite par la justice tchadienne à travers donc le parquet, pointe Abdelnasser Garbo, porte-parole du MPS. Les opposants aujourd’hui essaient de se faire entendre et ils trouvent toutes sortes de raisons pour faire les intéressants. Donc moi, je trouve que c’est vraiment léger comme accusation».
Depuis vendredi 16 mai dernier, Succès Masra est en garde à vue à la coordination de la police judiciaire. Une délégation a pu lui rendre visite ces jours-ci. Il n’a pas pu être auditionné par le juge d’instruction, comme prévu, lundi 19 mai et ne l’a été que mardi 20 mai 2025.

Gaule D’AMBERT