Le président du Conseil d’administration d’Unicongo, Michel Djombo, incarne le dynamisme et la jeunesse du patronat congolais. Homme de son temps, il est toujours par veaux et par monts pour visiter les membres de son organisation, chefs d’entreprises, et plaider leur cause. Fini le temps des patrons débonnaires et distants, presque toujours étrangers et des vieux de la coloniale ? Voire. Entretien.

• C’est quoi exactement, UNICONGO, M. Michel Djombo ?
**C’est l’Union interprofessionnelle du Congo. C’est le syndicat patronal le plus représentatif du secteur privé, pas parce qu’on se bat pour cette représentativité mais par la force des choses. On a rassemblé la plupart des grands groupes, la plupart des filiales des grands groupes: on a parmi nous tous les cabinets conseils, les industriels et, de plus en plus, on a des PME et TPTE. Par exemple on a une fédération Agriculture.

•Pendant longtemps, UNICOCONGO a été très peu visible à Pointe-Noire… ?
**Avant 1997, la dynamique économique, les sociétés, leurs sièges étaient plutôt à Brazzaville. Après 1997, il y’a eu un mouvement où beaucoup des sociétés qui avaient encore sur le papier leurs sièges sociaux à Brazzaville, au fond, opéraient depuis Pointe-Noire. C’est le cas par exemple, de Brasco. C’est le cas de la CFAO et de tout un tas de sociétés comme ça et ça fait qu’après 1997, UNICONGO est repartie un peu à Pointe-Noire et a été moins visible ici, voilà !

•Mais pendant longtemps aussi votre organisation a été perçue comme proche du pouvoir, loin des préoccupations du petit peuple !
**Ça, c’est une erreur, parce que le rôle premier d’un syndicat patronal c’est la défense des intérêts du secteur privé, mais, d’abord, de ses membres et de là, du secteur privé. C’est la défense de ses intérêts à travers des discutions, à travers les Lobbyings vis-a-vis des pouvoirs publics. Donc, il nous faut être à Brazzaville
Voilà, donc depuis novembre 2012, nous avons un nouveau bureau élu que j’ai la charge de présider, avec un vice-président qui est du secteur industriel qui est le DG de Brasco, François Gaziana, et un trésorier qui est le directeur régional de Bolloré. Il chapote Bolloré en RDC et au Congo. Pour la petite histoire, François Gazania, le DG de Brasco, est un franco-congolais.

• Mais du coup, donc, votre interlocuteur privilégié c’est l’Etat congolais?
** Tout à fait. Le patronat c’est, on va dire, le partenaire du dialogue public-privé par excellence. Et au-delà de ça, concrètement, c’est la représentation dans tous les comités, les conseils d’administration d’entités parapubliques. Dans tout ce qui touche la vie économique, le patronat est représenté. Vous devez savoir que l’un de mes prédécesseurs était le président du conseil d’administration de la CNSS… Le patronat congolais, c’est trois organisations : on a UNICONGO, on a l’UNOC et on a COPARCO.
L’UNOC, historiquement, de par son ancien président le feu président Bopaka, est le syndicat, comme son nom l’indique, des opérateurs économiques. L’UNOC rassemble ceux qui ont répondu aux marchés d’Etat pendant longtemps. Donc, lorsque vous entendez parler de l’UNOC, c’est systématiquement parler de la dette intérieure.
Nous, on a une vision plus large de par la diversité de nos membres.

• C’est-à-dire ?
**Pendant longtemps, on s’est plaint du coût du passage portuaire, du coût des péages, de l’impact de la parafiscalité, donc tout un tas d’éléments. On les prenait groupe par groupe et on montait au créneau dans les discutions avec les pouvoirs publics, en disant : ça, ça pose problème.
Mais on n’était pas audibles parce que c’était perçu comme étant des revendications un peu égoïstes. Donc la solution que nous on y voit c’est faire une étude globale pour dire aux parties prenantes dont l’Etat: «Voilà le coût d’exercer une activité économique au Congo, de façon objective. On vous dit :voilà au Congo, produire Orangina à Brazzaville pour Ragec, ça coûte tant ».
«Le même Ragec est installé en Angola, voici son coût de production en Angola. Orangina produit à Luanda, livré à Pointe-Noire, est moins cher que l’Orangina produit à Brazzaville et livré à Pointe-Noire».

• Je suppose que, en vous élisant, les membres du syndicat ont été «influencés» par le poids de votre nom ?….Est-ce qu’il n’y a pas conflit d’intérêt ?
**Conflit d’intérêt ? hum… de quel ordre ?

• Que l’on vous voie à la fois juge et parti, en tant que fils d’un ancien ministre connu et membre dirigeant du syndicat des patrons… ?
**D’accord, les présidents d’ UNICONGO, jusqu’à présent, ont plutôt été des chefs d’entreprises étrangers ou perçus comme tels. Le défunt président Baros avait la nationalité congolaise mais était perçu comme étranger. Mais il a peut-être passé soixante ou soixante-cinq ans au Congo et était donc congolais.

Propos recueillis par
Albert S. MIANZOUKOUTA