Le 8 avril dernier, le président de l’Alliance pour le renouveau et la démocratie (ARD), Mathias Dzon, a organisé une conférence de presse, au siège de la plateforme, à Ouenzé. L’opposant s’est indigné de l’aggravation de la crise économique et financière qui plombe le pays et de l’incapacité, selon lui, du Gouvernement à la juguler. Nous revenons sur cette conférence de presse.

Dans ce pays, les gens ont peur de parler», a dit Mathias Dzon. Il a demandé à la population d’être courageuse: «N’ayez pas peur».
Pour l’opposant, depuis que sa plateforme revendique le dialogue national, il a reçu des émissaires qui sont venus lui demander si ce dialogue n’allait pas être une deuxième conférence nationale où les gens viendraient encore injurier le Président. «Je leur ai répondu qu’il n’en sera pas ainsi. Ce qui est prioritaire aujourd’hui, c’est de trouver les solutions idoines pour sortir le pays de la crise dans laquelle il a été plongé. Le pays va mal. Le dialogue est la dernière carte que le pays doit jouer pour éviter de sombrer dans le désordre inutile. Le pays est envahi par les mercenaires. Il faut laisser les Congolais mourir de leur propre maladie. Pour ça, mettez en place des structures qui permettent de vivre: des hôpitaux décents, des activités saines, un pouvoir d’achat qui permette de s’acheter les médicaments nécessaires, un pays balisé par de grandes infrastructures. C’est ça que nous demandons», a expliqué Mathias Dzon.
Paraphrasant le Chef de l’Etat selon qui le ver est dans le fruit, le président de l’ARD a ironisé que le ver, ce sont toutes les structures administratives. «Le ver, c’est véritablement l’Etat-PCT. De son secrétaire général jusqu’au dernier fonctionnaire du parti qui ont des salaires fonctionnels payés par le Trésor public. Je vous confirme ça. Ce n’est pas normal. La gouvernance actuelle, c’est le PCT. Si nous voulons que le pays marche, il faut changer de gouvernance. Pour cela, il faut extirper le ver qui est dans le fruit qui s’appelle Etat-PCT», a-t-il estimé.
Mathias Dzon est revenu sur le Fonds des générations futures. «Les 14 mille milliards de F.CFA d’excédents budgétaires. Le Gouvernement avait dit qu’il avait mis cet argent dans un compte de génération future. J’avais animé une conférence de presse pour démontrer qu’il n’y avait pas un tel compte. Rapidement, ils sont allés ouvrir un compte à la Banque centrale. C’est mon métier, il ne peut pas y avoir quelque chose à la Banque centrale sans que je ne sois au courant. On a démontré que c’était faux. Au moment où je vous parle, le prix du baril de pétrole est à 84 dollars, mais le budget de l’Etat exercice 2023 a été élaboré sur la base de 60 dollars. Il y a un écart. Pourquoi on, a pas fait un collectif budgétaire? Le budget du Congo est une vraie catastrophe, il est fait pour la forme. En matière de vente de pétrole, notre référence c’est le brent de la Mer du Nord. Avant, nous utilisions les traders internationaux. Le Congo avait gagné son pétrole auprès d’eux. Il a pris des emprunts qu’il n’a pas pu rembourser et les relations se sont brouillées. C’est pour cette raison que le Congo avait décidé de créer ses propres traders qui sont soit à Dubaï où en Suisse. Ce sont les mêmes au pays qui ont créé les sociétés de traders. Ils vendent, mais à quel prix? Quand ils vendent, l’argent va où? Le Trésor n’a qu’un seul banquier, c’est la Banque centrale. Il n’y a aucun frais qui tombe là-bas. Au Trésor public, le coffre-fort est vide. Curieusement, personne n’a condamné le fait que l’Etat soit allé ouvrir un compte à la Banque postale pour recevoir les recettes fiscales et douanières. C’est malheureux. La SNPC est devenue la tête du ver qui ronge le Congo, puisqu’elle vend le pétrole on ne sait à qui et à quel prix. On ne sait pas non plus où va le bonus d’exploitation et de découverte. Aucune entreprise congolaise ne touche de provision pour l’investissement diversifiée (PID), créée pour aider les PME», a-t-il révélé.
Il a regretté ce qui s’est passé au Conseil supérieur de la Magistrature. Pour lui, c’est un divertissement. «Les gros détourneurs du pays sont connus. Allez vérifier, dans chaque ministère, il y a des menus recettes qui ne sont pas reversées au Trésor public. Ça va où? L’argent de la vente du chantier naval n’est pas entré au Trésor. Tous les exploitants forestiers payent une taxe qui varie entre 5 et 7%. Chaque année, cette taxe rapporte 7 milliards de F.Cfa. Elle n’est pas également reversée au Trésor public, il n’y a aucune trace. Qui prend ça?», s’est indigné le président de l’ARD.

KAUD