Candidat à l’élection présidentielle de 2021 et président du parti Les Souverainistes, Uphrem Dave Mafoula a animé une conférence de presse le jeudi 30 janvier 2025 pour parler du «bilan des années Sassou».

Le président des Souverainistes a commencé sa conférence de presse, de plus de deux heures, par une pensée pour le général Jean-Marie Michel Mokoko et l’ancien ministre André Okombi-Salissa: «Deux figures politiques qui, en raison de leur engagement en faveur de l’alternance, se trouvent privés de leur liberté. Sachez que mon soutien vous accompagne dans cette épreuve et je reste fermement engagé à continuer le combat pour lequel chacun de vous a fait don de soi», a-t-il déclaré.
Pour lui, 2025 est une année déterminante, dans ce sens qu’elle prépare la prochaine élection présidentielle prévue en 2026. «Je pense que 2025 incarne la fin d’un cycle et le commencement d’un nouveau, car les turbulences que connait le régime actuel indiquent la fin d’un modèle politique et appellent à l’émergence d’un nouveau mode de gouvernance nationale; elles constituent de manière plus radicale, la preuve que nous sommes à une fin de cycle qui a commencé dans les années 60 et qui a duré plus de 60 ans. Cette fin de cycle est prélude à un nouveau départ», a-t-il poursuivi.
Selon lui, le pays se trouve actuellement confronté à une crise multidimensionnelle: morale, politique, économique, financière et sociale la plus aiguë de son histoire. «Il se trouve au bord d’une implosion», a dit Uphrem Dave Mafoula.
Le conférencier a conclu que le pays est en arrêt. «Il est bloqué, une situation qui résulte de l’impuissance politique d’un seul individu, à savoir le Président Denis Sassou-Nguesso, cela devient intolérable», a-t-il signifié.
Et d’ajouter: «A cause de l’absence d’une stratégie à long terme qui aurait pu poser les fondements d’une société moderne et performante, la République du Congo s’est délitée et le vivre-ensemble s’est étiolé sous le rouleau compresseur d’un gouvernance médiocre et hasardeuse qui a pris le pays en otage depuis plusieurs décennies. Une gouvernance inapte à satisfaire les besoins fondamentaux garantissant le bien-être et la dignité des Congolais, une gouvernance à vue qui s’est traduite par une totale absence de politique sociale et qui a conduit à l’émergence d’une société où sévit la personnalisation du pouvoir et ses conséquences négatives, à savoir la corruption, le clientélisme, le népotisme, et l’utilisation de l’appareil d’Etat comme moyen d’enrichissement et d’autopromotion des gouvernants».
Une gouvernance qui, selon lui, n’a produit que «désespoir et désillusion» et qui a fait de la devise de la République: «Unité-Travail-Progrès une lumière éteinte, un idéal auquel plus personne ne croit, parce que les promesses répétées du Chef de l’Etat d’une République moderne, stable, prospère et respectueuse des droits de l’homme et des libertés fondamentaux ne se sont pas réalisées. Un échec qui est à la hauteur de notre désenchantement», a soutenu Uphrem Dave Mafouma.
En tant qu’opposant, il a dit que sa mission débute par son courage de dire la vérité et de dénoncer les dérives du régime en place. «Il est de notre devoir de sensibiliser, de porter à l’attention des Congolais la situation actuelle de leur pays, car il est de leur droit d’être informé du bilan que le Chef de l’Etat s’apprête à nous laisser, alors qu’il ne lui reste que quatorze mois avant de quitter définitivement le pouvoir. Cela ne constitue pas seulement un souhait, mais une prière que nous, peuple congolais, adressant avec ferveur à nos ancêtres et à Dieu, le Créateur de l’univers», a-t-il exhorté.
Le président des Souverainistes a souligné que le Président de la République règne, mais ne dirige pas. «C’est sous son règne que les Congolais vivent des frustrations concernant l’accès aux services essentiels tels que l’école, la santé, l’eau, l’électricité, le carburant, les opportunités d’emploi et la sécurité sous toutes ses dimensions. Ces problèmes, non résolus suscitent des vives inquiétudes et des interrogations persistantes sur ce que le Président fait de notre argent», a-t-il développé.
Il pense que la réalité congolaise aujourd’hui est une situation pitoyable. Pour lui, le Président de la République est le seul dirigeant qui a réussi, dans l’histoire politique du Congo, à décevoir tout le monde. «Il me semble opportun de souligner qu’à la tête de notre pays, nous n’avons plus un Président de la République, mais plutôt un Président de la provocation sociale, l’empereur du désespoir», a-t-il affirmé.
Dave Mafoula prône le départ du Chef de l’Etat: «Les Congolais sont fatigués, le peuple tout entier souhaite une seule chose, son départ».
Ce faisant, il a procédé à l’évaluation du bilan du Chef de l’Etat émaillé selon lui, de toutes sortes de violences. Parmi les faiblesses épinglées, il a cité le non-respect de la parole donnée, notamment le serment constitutionnel qu’il a, selon lui, violé; l’impunité face aux dérives financières, l’arbitraire, l’insécurité; pas d’opportunités d’emplois; le décès de bon nombre des retraités sans avoir toucher leur pension, la délinquance, l’injustice sociale, etc…
S’appuyant sur le projet de société du Président de la République intitulé: «Ensemble, allons plus loin», il a refusé d’aller ensemble avec lui dans une direction qu’il ne connait pas. «Le Congo appartient aux Congolais, il faut qu’on arrive à ce changement. Pourquoi le Président de la République ne réalise pas ce qu’il promet?», s’est-il interrogé.
Parlant de l’économie, il a dit que le Congo est un pays surendetté. «L’ennemi redoutable du Président Sassou-Nguesso, c’est son propre bilan. Nous voulons prendre le pouvoir pour changer les choses»

Cyr Armel YABBAT-NGO