Les principaux groupes armés de la République centrafricaine déplorent la mort du «général» Zakaria Damane, figure historique de l’ancienne rébellion Séléka. Selon le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC), l’ancien chef de guerre aurait été assassiné le samedi 12 février 2022, dans le Nord-est du pays. Les groupes rebelles du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), de l’Unité pour la paix (UPP), du Mouvement patriotique pour la République (MPR) et autres, ont diffusé des messages de condoléances en mémoire de celui qu’ils considèrent comme un «compagnon de lutte».
La mort de ce chef historique de la rébellion du Nord, et personnage clé de la guerre civile, suscite des réactions de colère dans sa région natale. Le général autoproclamé Zakaria Damane fut un ancien garde forestier. Il fonde au milieu des années 2000 l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), une rébellion à dominante goula (son groupe ethnique), active dans la région septentrionale de la Vakaga. Rébellion autour de laquelle se forme progressivement la Séléka, coalition rebelle qui prend le pouvoir à Bangui fin 2013, avec comme président Michel Djotodia dont il est proche.
Après la chute de celui-ci et l’éclatement de la Séléka, Damane rejoint le Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique de Gontran Djono-Ahaba, actuel ministre de l’Energie, entré au gouvernement à la faveur des accords de paix de Khartoum. Djotodia destitué, Damane, lui, choisit de rester sur le terrain.
Il prend les armes avec le Parti du rassemblement de la nation centrafricaine (PRNC) contre une faction du FPRC, ses anciens alliés, avec l’appui des autorités selon l’ONG américaine The Sentry. S’ensuivent des affrontements meurtriers opposant les ethnies roungas et goulas, notamment pour le contrôle des ressources de la Vakaga (une des 16 préfectures que compte la Centrafrique), située au Nord-est du pays.
Lorsque la coalition rebelle CPC prend d’assaut la capitale Bangui l’an dernier, il reste en retrait, préférant se consacrer aux activités minières. Un rapport des Nations unies souligne son rôle dans les trafics de minerais, d’armes et de combattants étrangers. Selon le RPRC, Zakaria Damane aurait été «massacré par les mercenaires russes». Une autorité locale atteste de cette opinion.

Gaule D’AMBERT