Le Conseil national de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo (CNALC) a tenu sa 6e Assemblée générale, du 28 au 31 janvier 2021 à la maison d’accueil des sœurs salésiennes de Don Bosco à Makana, dans la périphérie sud de Brazzaville, sur le thème: «Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire?» (Matthieu 20, 6). Ces assises qui se sont tenues dans le contexte particulier de la pandémie à Coronavirus ou COVID-19, ont coïncidé avec la formation des responsables des mouvements d’apostolat sur la Doctrine sociale de l’Eglise. Elles se sont déroulées sous la direction de Mgr Yves Marie Monot, évêque de Ouesso et président de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs (CEAL).

Une cinquantaine de délégués venus des diocèses du Congo, représentants les mouvements d’apostolat et autres structures du laïcat ont pris part à ces assises. L’objectif est d’initier le plus grand nombre de responsables laïcs de chaque diocèse du Congo à la compréhension de l’enseignement social de l’Eglise, dans les paroisses et au sein des mouvements d’apostolat. Le CNALC voudrait, par l’enseignement de la Doctrine sociale de l’Eglise, être non seulement un instrument pédagogique d’évangélisation, mais aussi et surtout, un acteur, selon le Pape Paul VI, dans sa lettre encyclique «Populorum Progressio» qui veut que le développement soit le nouveau nom de la paix.
A la cérémonie d’ouverture au Centre interdiocésain des œuvres (CIO), à Brazzaville, Joseph Nganga Maloumbi, président du bureau exécutif diocésain de l’apostolat des laïcs de Brazzaville (BEDAL) a plaidé pour que la formation des laïcs soit pérenne.
Firmin Bonzangabato, président sortant du CNALC a été clair: «Notre pays est traversé par une crise multiforme: économique, financière, sociale doublée de la crise sanitaire de la COVID-19. Des voix concordantes s’élèvent pour préconiser la diversification économique d’une part, et d’autre part, notre propre prise en main par l’auto-entrepreneuriat et la réalisation des activités génératrices de revenus. Si, nous, fidèles laïcs du Christ, bras séculier de l’Eglise, comprenons cela, alors l’effet d’entraînement peut être certain pour le reste de notre population», a-t-il souligné.
Ouvrant les travaux en présence de NN.SS Daniel Mizonzo, évêque de Nkayi et président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC); Victor Abagna Mossa, archevêque d’Owando et vice-président de la CEC; Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma; Daniel Franck Nzika, évêque d’Impfondo; Ildevert Mathurin Mouanga, évêque de Kinkala et Andrea Giouih, chargé d’affaires à la nonciature apostolique, Mgr Yves Marie Monot a réaffirmé que les laïcs ont leur place dans l’Eglise. «Le Saint Siège compte beaucoup sur le Conseil pontifical des laïcs, de la famille et de la vie pour mieux faire entendre leur voix».
Après la cérémonie d’ouverture, les travaux se sont déportés chez les sœurs salésiennes de Don Bosco, au cours desquels, les participants ont suivi la conférence inaugurale donnée par l’abbé Armand Brice Ibombo, secrétaire général de la CEC, sur le contexte et l’historique de la Doctrine sociale de l’Eglise. «L’enseignement social de l’Eglise est né pour réveiller la conscience des chrétiens sur les réalités vitales. Une manière de rendre concrète la parole de Dieu afin qu’elle soit en adéquation avec la vie du peuple. La doctrine sociale de l’Eglise permet à chacun de respecter l’ordre voulu par Dieu pour le bien-être social». Cette conférence inaugurale a été enrichie et approfondie par d’autres sous-thèmes, animés par autant de prêtres et d’experts. «Les biens communs et principes de subsidiarité dans le Magistère», par le père Barthel Christel Ganao (prêtre de Saint Sulpice), recteur du grand séminaire de théologie cardinal Emile Biayenda. «Le Concile Vatican II définit le bien commun comme l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon aisée. Le bien commun est prioritaire par rapport aux biens particuliers».
«Plaidoyer social et droits des citoyens», par l’abbé Félicien Mavoungou, coordonnateur de la Commission épiscopale justice et paix. «Chaque citoyen est sollicité par sa foi chrétienne. C’est une interpellation lancée par le Pape Jean XXIII dans son encyclique Pacem in terris: A tout croyant, il revient d’être, dans le monde d’aujourd’hui, comme une étincelle lumineuse, un centre d’amour et un ferment pour toute la masse. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays».
«Le chrétien et la politique», par l’abbé Jonas Koudissa, aumônier des hommes politiques. «Les fidèles chrétiens devraient s’acquitter avec fidélité de leurs tâches terrestres, et cela en se laissant conduire par l’esprit de l’évangile. Ils s’éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n’avons pas ici-bas de cité permanente».
«La paix et le travail», par le père Raphaël Bazebizonza, aumônier des cadres. «Les œuvres de paix concourent à réaliser le bien commun et créent l’intérêt pour la paix. Il faut alors enseigner aux hommes à s’aimer et à s’éduquer à la paix, et à vivre avec bienveillance, plus que par simple tolérance. La culture de la paix demande une vie intérieure profonde».
«L’auto prise en charge dans l’Eglise» a été développée par M. Brice Anicet Malela, expert de la CEC. «La gestion des biens commun répond à un certain nombre d’exigence, de lois et de règles».
Au cours de cette 6e Assemblée générale, M. Firmin Bonzangabato a été réélu comme président pour un nouveau mandat de quatre ans, ensemble avec quatre autres anciens et deux nouveaux membres qui font leur entrée au sein du bureau exécutif national.
Pour le président réélu, on est élu au bureau exécutif national du CNALC, non pas pour être, mais pour faire. Chacun doit faire son travail, remplir sa tâche et accomplir sa mission
Clôturant les travaux, Mgr Yves Marie Monot a indiqué que la mission du chrétien dans la société est de révolutionner les consciences et les habitudes acquises. Il a encouragé toutes les initiatives pouvant faire changer l’état des choses et garantir l’auto prise en charge financière et le développement socio-économique cohérent, en étant partout sel de la terre et lumière du monde.
A l’issue de cette 6e Assemblée générale des recommandations ont été formulées aux évêques du Congo. Il s’agit de: créer un climat de confiance mutuelle entre le clerc et les laïcs dans la gestion du bien commun et le principe de subsidiarité dans l’Eglise; créer dans toutes les structures du CNALC, les activités génératrices de revenus (AGR); créer des activités sur le plan paroissial, diocésain et national; créer un service ecclésial à exercice juridique pour analyser et orienter la décision de l’Eglise; garantir l’information et la vitalité du Journal La Semaine Africaine par l’achat par semaine d’un ou deux numéros parus ou par l’abonnement de toutes les instances et structures du CNALC, et affiliés etc…
Les travaux se sont achevés par une messe célébrée en la chapelle des sœurs salésiennes par Mgr Yves Marie Monot.
A signaler que c’est depuis février 1989 que le laïcat congolais s’est structuré autour du Conseil national pour l’apostolat des laïcs du Congo (CNALC), une structure de coordination des fidèles laïcs du Christ pour appréhender le sens de leur engagement pastoral et responsable. Les fidèles laïcs du Christ rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ, assument, dans l’Eglise, leur part dans ce qui est appelée la mission du peuple de Dieu. Ils exercent concrètement leur apostolat en se dépensant à l’évangélisation et à la sanctification des hommes. Un fidèle laïc du Christ bien formé a pour mission d’aider le prêtre à exercer son sacerdoce ministériel dans la liturgie, exercer la vigilance dans les célébrations eucharistiques pour éviter certaines exagérations, certains abus et comportements néfastes constatés.

Pascal BIOZI KIMINOU